SAYONARA

Aujourd’hui je suis allée à la banque pour aller fermer mon compte. A peine arrivée, une hôtesse se précipite vers moi, tout sourire, parlant un anglais magnifique. Cette tactique marketing fonctionne bien, je me laisse aller sur un siège ultra confortable en mode détente, en répondant tranquillement « oui oui » à tout ce qu’elle peut me dire… jusqu’au moment de la signature. Elle m’a demandé de recommencer, puisque celle que je venais de faire sur le formulaire de demande de clôture de compte n’était pas exactement la même que sur mon formulaire d’ouverture (un problème de boucle pas assez accentuée). « Oui, mais est-ce que c’est grave ? Après tout, je ne sais pas si je peux faire deux signatures exactement pareilles », lui dis-je. Vu sa tête, c’était grave. Elle m’a donné un brouillon pour que je m’entraîne à refaire la même signature qu’au début de l’année (!), et quand elle a vu que ça donnait rien au bout de sept essais, elle m’a demandé mon passeport parce qu’elle avait des doutes sur mon identité (ou parce que je suis noire, n’est-ce pas Marie ^^). Et là, elle a remarqué que la signature sur mon passeport était encore différente de celle du formulaire d’ouverture du compte. Elle était désespérée. Finalement, elle a accepté mon huitième essai sans trop râler.

[Pour mieux comprendre cette histoire, il faut savoir que les Japonais n’utilisent pas de signature, mais un tampon à leur nom]

DSC03044J’ai fait une dernière excursion lundi dernier, au Mont Takao (Takaosan), pas très loin de Tokyo. Je tenais à faire une dernière randonnée dans la nature avant de partir. Je comptais être seule pour profiter un maximum, mais un vieux Japonais de 68 ans rencontré au pied de la montagne à tenu à m’accompagner jusqu’en haut. Bon, il était gentil sans être collant, et essayait de m’expliquer de temps en temps des trucs culturels… mais je ne comprenais pas vraiment. Peu importe, tout autour de moi était très beau : tous ces cèdres immenses, ces ruisseaux à traverser, le bruit des oiseaux… j’aime entendre d’autres bruits que ceux de Tokyo.

L’ascension du Takaosan devait prendre 1h45, mais le vieux allait tellement vite qu’on a bouclé ça en une heure. Finalement, il a attendu que je finisse mon repas de midi pour me raccompagner jusqu’en bas de la montage. Au retour, on a pris le chemin pavé, qui est en fait une route sacrée qui mène à un temple pas très loin du somment. C’était un peu trop touristique, mais tout de même… les temples japonais ont la classe.

La spiritualité japonaise est parfois étrange

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Je m’en vais dans cinq jours… je ne me sens pas vraiment triste, mais plutôt contente d’avoir eu la chance de vivre cette aventure japonaise, même si je n’ai pas encore assez de recul pour faire « bilan » de mon année ici.
Ceci est donc le dernier article de ce blog, un peu bâclé, désolée. Merci de m’avoir lu et d’avoir suivi les épisodes de ma vie ici, même quand ce n’était pas intéressant 🙂 A très bientôt !

SE SENTIR MINUSCULE (2)

Lorsque j’étais dans l’avion qui allait atterrir à Tokyo en septembre dernier, j’ai eu la chance de voir le Mont Fuji par mon hublot. J’avais ressenti quelque chose d’indescriptible, mais une chose était sûre, j’y étais

J’avais prévu d’aller rendre visite au Mont Fuji avant de quitter le Japon. J’ai profité de ma journée de libre du lundi et du beau temps annoncé pour aller au Kawaguchiko, l’un des cinq lacs situés au pied du Mont Fuji.

Je suis partie hier matin de la gare routière de Shinjuku. Le voyage en bus était un régal, avec un paysage de plus en plus magnifique au fur et à mesure que l’on s’enfonçait dans les « Alpes Japonaises ». Au bout de deux heures, je suis arrivée au lac sans encombre, avec tout de même une petite inquiétude : je ne voyais nulle part devant moi l’objet de ma visite. Il m’a fallu une bonne vingtaine de minutes avant de me rendre compte que le Mont Fuji était derrière moi, et non derrière le lac. Conclusion : pour réussir à avoir une vue splendide, il fallait que je marche jusqu’à la rive opposée. Ce n’était pas une une mince affaire : le lac était beaucoup plus grand que dans mon imagination, sans compter la chaleur presque insupportable et ce soleil agressif. Mais peu importe, ce qui s’offre à moi était beaucoup trop beau pour que je pense à quoi que ce soit d’autre.

 

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Le long chemin de promenade offrait plein de surprises : des fleurs, des mini-plages, des ponts, des temples miniatures, des espaces verts pour se reposer… Le cadre était bien entendu rendu magique par la présence du Mont Fuji, imperturbable. Je me sentais à la fois intimidée, et fière d’être là.

Au fur et à mesure que je progressais autour du lac, la vue changeait sans arrêt. Je me réjouissais d’être seule, parce que le nombre de touristes à la gare m’avait fait peur. Mais beaucoup ont préféré faire le tour du lac dans leur voiture, ou se terrer dans leurs hôtels. A cause de la chaleur, j’imagine. Sur le chemin, il y avait quand même d’autres individus courageux, dont un Espagnol fort sympathique qui m’a proposé de continuer la route ensemble. On s’est rendu compte très vite qu’on ne pouvait pas faire le tour du lac en entier, et on a donc pris le bus près d’un champ de lavande, où grouillaient les touristes Chinois.

DSC02968L’Espagnol est monté dans son bus du retour en milieu d’après-midi. Il me restait encore deux bonnes heures à tuer avant le mien, je me suis donc décidée à aller essayer cette petite randonnée indiquée sur ma carte, pas très loin de la gare. Bien que la randonnée avait l’air petite, je n’avais pas pris en compte le paramètre « altitude » dans mes estimations, ce qui fait que je suis arrivée au sommet complètement rouge et transpirante. Mais le chemin (bordé de fleurs) et la vue au somment en valaient la peine. J’étais crevée, mais vraiment heureuse d’être là… ou plutôt, d’avoir la chance d’être là.

 

Le chemin du retour ne fut pas des plus faciles, avec des embouteillages incroyables sur la route. J’avais oublié qu’hier était potentiellement un jour férié, et que les Japonais en ont profité pour aller faire des excursions, eux aussi. Mon bus a eu 2h30 de retard à l’arrivée, mais ce fut une expérience intéressante d’être coincée sur la route au Japon. A part à Hokkaido, je n’ai encore jamais pris de transports autre que le train et l’avion pour voyager au Japon. Dommage, je me suis rendue compte que ça avait beaucoup plus de charme… et d’imprévu.

Je considère maintenant que ma mission « Japon » est accomplie, je peux quitterai ce pays sans aucun regret. J’y ai fait et vécu tout ce qui me tenait à cœur. Ou presque… j’aimerais revenir un jour pour grimper en haut du Mont Fuji 🙂

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SE SENTIR MINUSCULE

Plus le temps passe, et plus je me sens impuissante face à la taille et à la densité de population de Tokyo. Au début de l’année, je marchais dans une sorte de bulle reposante, j’avais l’impression de ne pas être « intégrée » à la foule. Face au nombre incroyable de gens qui déboulent dans la gare de Shinjuku, j’étais fascinée. Maintenant, j’ai tendance à me sentir de plus en plus étouffée dans les rues bondées… peut-être parce que je fais vraiment partie de cette foule maintenant. Puisque je connais les lieux que j’ai souvent fréquentés, je ne me sens plus dans une « bulle » en mode découverte, je marche avec les Japonais, et quelquefois c’est assez éprouvant.

J’ai lu un article sur internet (Circuler à Tokyo, règles de base pour votre sécurité) dans lequel je me suis un peu reconnue, surtout dans la première phrase : « si il y a bien quelque chose que je déteste au Japon, c’est que les gens avancent sans prêter attention à ce qu’il se passe devant eux, et sans faire le moindre effort pour l’éviter ». Cette impression, je la ressens de plus en plus quand il y a trop de monde… J’ai l’impression d’être trop petite pour Tokyo, je me sens de plus écrasée par ce qu’il y a autour de moi (foule, hauts bâtiments, …). Ceci dit, ça n’entache en rien ma fascination pour cette ville, qui est restée la même depuis le début.

 

DSC02893Ayant quand même besoin d’aller faire un tour dans un lieu plus adapté à mon échelle, je me suis rendue cet après-midi dans la région de Tama, située à l’Ouest de Tokyo. J’avais lu dans un guide touristique qu’il y avait dans ce coin-là des chemins de promenade très agréables, et je n’ai pas été déçue.
Après une quarantaine de minutes de trajet, je me suis retrouvée dans une petite gare, à chercher la « Voie Otaka » et ses sources d’eau naturelles. Le coin n’était pas du tout touristique, alors le manque de panneaux a fait que je me suis perdue (pour changer). Mais se perdre a du bon (parfois) : je suis tombée sur un temple shinto abandonné, envahi par les plantes et les insectes. Il n’y avait personne, j’étais seule, pour mon plus grand plaisir. Enfin, j’ai quand même eu peur quand un énorme insecte poilu a foncé sur moi… (pour ceux qui connaissent How I Met Your Mother, je crois que c’était un « cockro-mouse »).

Quand je suis parvenue à trouver le bon chemin, j’étais toute fière de mon idée : là encore j’étais seule, et le chemin de promenade nous emmenait dans un endroit entre la nature et la ville, le long d’un ruisseau à l’eau claire. L’eau de la source du ruisseau était réputée à l’époque d’Edo pour ses vertus guérissantes.

 

Le temple abandonné

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Après ma petite promenade, j’avais prévu de visiter un beau jardin japonais près de la gare la plus proche. Hélas, je me suis re-perdue, et lorsque j’ai finalement trouvé le jardin (après avoir demandé mon chemin à une gentille dame), l’heure de fermeture était déjà passée -échec- . Je visiterai des jardins dans Tokyo la prochaine fois, et promis, je ne me perdrai pas.

Je suis quand même très contente de ma journée. C’est important pour moi de pouvoir découvrir des choses qui m’intéressent en-dehors de la ville, dans un cadre reposant. Comme ça je prends conscience que quoiqu’il arrive, le Japon me plaira toujours autant.

 

Sur le chemin de promenade

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DÉCOUVERTES TRANQUILLES

Je suis de moins en moins régulière avec ce blog… mais le temps passe très vite (oui, c’est une mauvaise excuse). Ma vie japonaise suit son cours tranquille, rien de bien palpitant n’est arrivé ces derniers temps (à part un typhon de-la-mort-qui-tue lundi dernier, qui a d’ailleurs tué Marie sur son chemin du retour après son part-time job de traductrice de jeu vidéo – longue histoire). Comme j’ai eu pas mal de temps libre, j’en ai profité pour marcher un peu plus dans cette ville infinie. Et découvrir de nouvelles choses me fait prendre conscience que je n’aurai jamais fini… mais c’est un sentiment agréable de se savoir dans une ville qu’on n’a jamais fini de connaître.

 

Meiji Jingu – jardin aux iris

DSC02856Je suis souvent allée au temple Meiji depuis mon arrivée à Tokyo, mais je n’étais jamais allée dans la partie payante, à savoir un jardin aménagé dans lequel on peut voir de beaux iris lorsque c’est leur période de floraison. Je n’y connais rien en floraison des fleurs, c’est donc par chance que j’y suis allée pile au bon moment et que j’ai pu admirer la beauté du jardin tout fleuri. Comme l’empereur Meiji et sa femme aimaient beaucoup aller se promener dans ce jardin, il a été choisi comme point de location pour le temple dédié à leur mémoire.

Tout était très vert, avec plein de petits chemins bordés d’arbres immenses. J’ai regretté qu’il y ait eu trop de touristes le jour où j’y suis allée, parce que la beauté du jardin doit sûrement prendre tout son sens lorsque l’on n’y entend pas un bruit…

La visite du jardin n’a fait qu’accroître mon admiration pour l’ensemble du site du Meiji Jingu. Je sens que ça restera l’un de mes endroits préférés à Tokyo. Le fait qu’il soit situé juste à côté d’Harajuku y est pour quelque chose 🙂 J’ai souvent expliqué ça aux personnes à qui j’ai fait visiter cet endroit : c’est ce contraste entre la tradition affichée du Japon et sa modernité incohérente qui me plaît beaucoup, et qui est très visible dans ce quartier Harajuku / Meiji Jingu.

 

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Braderie au parc Yoyogi

Non loin du Meiji Jingu, il y a le Yoyogi Koen, où des tas de gens plus ou moins étranges viennent se retrouver le dimanche pour se livrer à une grande variété d’activités (hip-hop, battle de rock, bulles de savon, djembé, pique-nique, peinture). J’ai réussi à y aller un jour de grande braderie. J’étais au paradis : une quantité inimaginable de fringues à prix abordables ! Bon, en vrai je n’ai rien acheté parce que le soleil me tapait sur la tête et que j’avais trop la dalle pour m’y attarder, mais quand même, ça valait le coup d’oeil. Rien que pour la quantité de fringues et de chaussures ahurissantes que les Japonais sont en mesure de sortir de leurs placards.

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Musée Edo-Tokyo

Il fallait bien que je me penche un peu plus sur l’histoire de Tokyo… je suis donc allée dans ce musée par un après-midi pluvieux. C’était intéressant, mais je n’ai pas réussi à me concentrer à 100% à cause de ces classes de primaire qui gesticulaient partout autour de moi. Bref, ça m’a permis de voir à quoi ressemblait Tokyo (ou Edo) avant d’être progressivement détruite par des incendies, tremblements de terre, et la seconde guerre mondiale.

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Hier j’ai accompagnée Marie à Shin-Okubo, quartier Coréen juste à côté de Takadanobaba. J’y suis allée pour trouver des boutiques d’alimentation indo-pakistanaises (= nourriture végétarienne abondante), mais j’ai également découvert que c’était un quartier fort sympathique, avec une rue principale toute mignonne (je n’ai pas pris de photos, désolée ça sera pour la prochaine fois).

Une photo bonus avant de se quitter : un policier Japonais dans sa tourelle très intimidante.

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LES ÉTUDIANTS JAPONAIS

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Ils ne sont pas ce que vous croyez. Voilà maintenant près d’un semestre et demi que je les côtoie régulièrement, partagée entre l’étonnement, l’indignation et l’amusement.

Avant de venir, je m’imaginais que les étudiants Japonais étaient travailleurs, silencieux en classe, respectueux au possible de leurs aînés les professeurs – oui oui, c’est un gros cliché – . Quelle ne fut pas ma surprise ! Avec le temps, je suis parvenue à déterminer des profils type de ces créatures non-studieuses des salles de classe de Waseda :

 

 

-Les geeks du téléphone. Ceux-là passent la moitié du cours à pianoter sur leur iPhone, sans essayer de se cacher du professeur, qui n’est de toute façon pas dérangé le moins du monde. Les extrémistes du téléphone vont même jusqu’à sortir de la classe en toute précipitation lorsque leur téléphone sonne.

-Les chochottes. Jeunes Japonaises très préoccupées par leur apparence, elles sortent en plein milieu du cours avec leur pochette de maquillage à la main, et reviennent un quart d’heure plus tard. Les plus aventureuses se remaquillent directement en classe, et se concentrent pendant dix minutes sur cette mèche de cheveux qui ne tombe pas exactement là où elles voudraient.

-Les fatigués. Ce cas concerne un bon tiers des élèves de chaque classe : ils dorment. Sans se cacher, ils croisent les bras sur la table et y enfouissent leur tête pour faire un long somme, ou restent en position statique, leur tête tombant souvent sur le côté. Les professeurs ont l’habitude de les laisser tranquille.

-Les ultra-attentifs. Cas peu répandu, mais très visible. Il s’agit de ceux qui hochent la tête à chaque fois que le professeur prononce une phrase, et lancent des réponses à (très) haute voix lorsque qu’il pose la moindre petite question.

-Les ultra-retardataires. Le cours a commencé depuis 45mn ? Qu’à cela ne tienne, ceux-là franchissent quand même la porte comme une fleur, et s’asseyent avec vacarme au premier rang parce que ce sont les seules places restantes.

-Les agités. Ils sortent de la classe plusieurs fois par heure, que ce soit pour aller aux toilettes, téléphoner, faire des petites courses à la supérette du rez-de-chaussé (carrément).

-Les détendus. Ceux-là viennent en cours pour tuer le temps. Ils ne sortent ni trousse ni feuilles, ils se contentent de leur bouteille de thé et de leur sachet de bonbons.

-Les « Japonaises revenues des États-Unis ». Catégorie déterminée par Marie désignant ces Japonaises aux décolletés plongeants, au mini-jupes en cuir et aux immenses talons aiguilles . Elles prennent souvent la parole en cours, commençant leurs phrases par un « don’t you think that… hum… », tout en mâchant du chewing-gum. Elles surfent sur des sites internet de fringues pendant le cours, et comparent leur manucure à celle de leur voisine.

 

Ce qui est étonnant, c’est que les professeur supportent sans broncher d’avoir autant de gens inutiles devant eux. J’ai déjà vu un professeur qui, après avoir passé une vidéo au rétro-projecteur et s’être rendu compte que la moitié de la classe était endormie, s’est platement excusé de l’ennui que son cours pouvait susciter.

Autre exemple de soumission des professeurs : aujourd’hui une de mes profs s’est interrompue en plein milieu d’une explication en se confondant en excuses parce qu’il était 14h31… et que le cours devait se finir à 14h30.

benkyouSur la tête du personnage noir, « benkyô » (« études »)

Au Japon, les élèves de l’école primaire et les collégiens ont plutôt la vie dure, en grande partie à cause de leurs nombreux cours « optionnels » pris dans divers matière, dans le but de s’améliorer. Le problème, c’est que ces cours mangent tout leur temps libre… Une fois au lycée, leur but est de préparer au mieux les examens d’entrée à l’université. En effet, plus une université est cotée, plus son examen est difficile, plus les lycéens doivent bosser dur. Waseda fait partie de ces universités pour laquelle les futurs étudiants ont besoin de déchirer à l’examen d’entrée. Résultat : après en avoir bavé pendant toute leur scolarité, ils se prennent des « vacances » de quatre ans à la fac, quatre ans qui les séparent de leur « recherche d’emploi », période pendant laquelle ils sont en permanence en costard-cravate ou tailleur, courant d’entretien en entretien.

 

***

Pour ma part, j’ai un deuxième semestre plutôt cool, avec des matières forts sympathiques. Les cours de japonais me passionnent toujours autant. Mon cours « Hindouisme et Bouddhisme en Asie du Sud » ressemble à une secte, mais j’y apprends beaucoup de choses que je ne savais pas sur la religion en Inde. Mon cours « études de l’espace islamique » est lui aussi fort intéressant, tout comme le cours « cultures et sociétés d’Asie du Sud-Est » (bien que ce dernier soit donné par un prof qui ne sait pas conjuguer les verbes en anglais – eurg).

Le temps passe vite, je suis à présent en possession de mon billet de retour vers la France. Cet après-midi j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un formulaire me priant d’indiquer la date exacte de mon départ. Le 29 juillet est à la fois loin et tout proche…

ADMIREZ LEUR INTENSITÉ

DSC02687Les premiers jours de printemps au Japon sont attendus avec impatience. D’un côté, il y a la rentrée scolaire pour tout le monde, et de l’autre il y a… les cerisiers en fleurs. Cet événement, nommé « Hanami » ici-bas (littéralement « regarder les fleurs »), est culturellement incontournable pour les Japonais. Chaque année, tout le monde sort pour aller pique-niquer sous les cerisiers en fleurs. Le site japan-guide fournit un « guide du débutant pour l’observation des cerisiers en fleurs ». Bah oui, il y a un mode d’emploi à suivre, ne faisons pas ça n’importe comment : « profitez de l’intensité de la floraison en ne regardant qu’un seul arbre, ou un groupe d’arbres. A distance, les arbres semblent aussi beaux que des nuages, alors que la beauté d’une seule floraison peut être admirée de près ». « Il est courant de réserver un coin de pique-nique […], la pratique consistant à étendre sa nappe tôt le matin. »

Pour faire ça encore mieux, il existe une météo de la floraison de cerisiers, avec des calendriers estimant pour chaque ville un temps de « meilleure floraison ».

Il se trouve que ce « best viewing time » se produit à Tokyo du 6 au 15 avril. Je n’ai donc pas perdu de temps. je suis allée hier au parc de Toyoma, juste à côté de ma résidence, pour aller voir ça de plus près. Même si j’avais tout préparé avec moi (une mini bâche de pique-nique, de la musique, de la lecture), il y avait beaucoup trop de monde pour que je me trouve un coin tranquille. Oui, le Hanami est une activité sociale, j’aurais dû y penser. Bref, je me suis quand même baladée dans le parc, toute admirative devant les lignées d’arbres tous fleuris.

DSC02681Parc de Toyoma, rempli d’étudiants en plein Hanami

J’ai reçu hier un sms de Marie m’informant d’un « très beau Hanami à faire à Kudanshita ». Kudanshita, c’est près du palais impérial. Marie m’a dit que c’était fort agréable à voir du côté des douves, mais que pour éviter la foule il valait mieux y aller le matin. No soucy : nous avons quitté la résidence vers 9h ce matin, histoire de bien gérer. Bon, il y avait quand même une foule de malade, mais ça ne nous a pas empêché d’en prendre plein les yeux.

J’ai pu constater à quel point les Japonais étaient à fond dans cette histoire de sakura ( = fleur de cerisier) : ils avaient presque tous des appareils photo de ouf, des trépieds pour bien capturer l’image éphémère de ces petites fleurs, des cartes indiquant les meilleurs endroits de promenade, …

C’est vrai que c’est particulièrement joli, tous ces arbres en pleine floraison. Ça change radicalement le paysage, j’avais l’impression de flotter un peu en me promenant. Après les cours de japonais de l’an dernier où la prof nous parlait avec passion de ce Hanami, j’étais bien contente d’y être pour de vrai. Se dire que ça ne dure pas longtemps ajoute de la beauté au tableau.

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DSC02685Un cerisier du côté de mon petit temple

 

DSC02692Chemin de promenade autour des douves du parc du palais impérial

HOKKAIDO, LA SIBÉRIE NIPPONE

Je suis revenue d’Okinawa le 7 mars. Le même jour, j’ai attendu Thomas à l’aéroport, qui a refait le trajet depuis l’Allemagne pour venir me voir encore une fois au Japon. Nous avons profité de sa présence prolongée pour aller s’envoler vers Hokkaido, l’une des 4 principales îles du Japon, située à l’extrême Nord.

 

Première étape : Asahikawa, une petite ville au centre d’Hokkaido, toute proche d’un immense parc naturel. Depuis l’avion, on pouvait déjà voir les grandes étendues de neige. Le paysage était entièrement blanc, c’était presque magique.

IMGP6073Asahikawa, vue de la fenêtre de notre chambre d’hôtel
photo de Thomas

Asahikawa est une toute petite ville, il n’y a pas grand-chose à y faire en tant que touriste (d’ailleurs, nous étions un peu les seuls). La saison ne s’y prête pas non plus, toute cette neige peut paraître hostile aux promenades.

J’avais choisi de passer par cette ville parce qu’elle est située juste à côté du plus grand parc naturel de l’île : le Daisetsuzan. Les guides touristiques que j’ai consulté recommandaient tous cet endroit pour la beauté de ses paysages, pour les onsen (bains chauds naturels), et pour les longs chemins de promenade et de randonnée facilement accessibles.  Cependant, c’était encore l’hiver au moment où nous y étions : de nombreux chemins étaient fermés à cause de la neige. Le fait qu’Hokkaido ait souffert de violentes tempêtes de neige exceptionnellement fortes cette année n’a pas aidé…

Pendant notre séjour à Asahikawa nous avons pris un bus de long trajet pour aller faire un tour à Sounkyo, un village d’onsen qui a l’habitude d’accueillir des touristes, et qui constitue une bonne base de départ pour des promenades dans la montagne. Comme c’était la saison creuse, le village était tout vide… et les chemins de promenade tous fermés. Il ne restait plus que la route, que nous avons emprunté pour aller voir des cascades… gelées 🙂

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Tout n’était pas perdu : nous avons profité du temps qui restait devant nous avant notre bus du retour pour prendre un téléphérique et aller au sommet d’une montagne. La vue qui s’est alors offerte à nous valait vraiment le coût. Mais il faisait tellement froid que nous sommes assez vite redescendus pour se mettre au chaud dans un café… =]

 

Nous nous sommes quand même pas mal promenés à Asahikawa, en mode « découverte tranquille de la ville » 🙂 Pour la première fois j’ai pu voir ce que donnait un petit parc inondé de neige. C’était fort joli, surtout quand on est tombés par hasard sur un temple.

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Après être restés 4 nuits à Asahikawa, nous sommes partis pour Sapporo, la plus grande ville de l’île. A la gare d’Asahikawa Thomas et moi étions tout perdus devant le prix des billets de train, lorsqu’une gentille madame de l’office du tourisme nous a proposé d’aller acheter des billets à prix réduits (un peu frauduleux, on peut dire^^) dans une miniscule boutique d’un obscur couloir… J’ai repensé à la gentillesse spontannée des Japonais hors Tokyoïtes que j’avais constatée lors de mes deux précédents voyages.

Dans le train, je n’ai pas quitté la fenêtre des yeux. Les paysages qui se succédaient étaient tous plus magiques les uns que les autres, avec leur blancheur immaculée, leurs arbres dénudés, leur horizon lointain. J’étais vraiment contente d’avoir la chance de vivre ça… surtout en aussi bonne compagnie 🙂

 

A Sapporo, on change d’échelle : la ville est immense. Et, comme à Asahikawa, elle est toute quadrillée, avec des rues parfaitement droites et perpendiculaires. Un tel plan d’urbanisme ne rend pas la ville très belle, mais ça a le mérite d’être pratique pour l’orientation, les adresses étant numérotées comme « Ouest 2 Sud 4 ».

Toujours en mode « découverte tranquille de la ville », Thomas et moi nous sommes balladés dans un parc, dans la rue principale… j’ai vite fait obstacle à notre productivité à cause de mes bottes complètement nazes qui avaient le défaut de ne pas être étanches (pas pratique avec toute cette neige, j’avais les pieds gelés).

Nous avons décidés de nous aventurer en bus. C’est parti pour un trajet de plus de deux heures en direction du Lac Toya, un cratère de volcan. Le lac et sa petite montagne au milieu sont très beaux.

IMGP6205Le Lac Toya et sa petite montagne
photo de Thomas

Là encore s’est posé le problème de « quoi-faire-ici-alors-que-tous-les-chemins-sont-fermés »… qui n’a pas été résolu. D’autant plus que nous avons été surpris par une violente tombée de neige (euh… violente à mon sens, je crois que Thomas jugeait ça « normal » – mais il vient de Savoie donc voilà quoi ^^). Échec.

Pour meubler les jours qui nous restaient à Sapporo, nous avons décidé de continuer à explorer la ville, avec pour objectif une usine de chocolat. Malheureusement, si elle avait l’air fort intéressante sur le papier, cette Chocolate Factory était bidon, avec un « parc des amoureux » complètement kitsch. Pour effacer notre échec nous sommes allés dans la soirée prendre le tramway pour rejoindre le téléphérique de la ville, qui nous a emmené au Mont Moiwa, du haut duquel nous avons eu le droit à une splendide vue de la ville de nuit.

 

IMGP6259Ainsi s’est terminée ma phase « vadrouille au Japon ». Hokkaido est un endroit que j’ai beaucoup aimé, bien que j’ai le sentiment de n’avoir pas pu profiter de tout à cause de cette neige ambiante. Mais rien que le fait de voyager avec Thomas suffit à me ravir 🙂

Bonus : voyant mon excitation face à cet avion Pokémon, Thomas a pris une photo de cette merveille. « Mais je ne monterai jamais dans un avion comme ça ! » ^_^

 

Comme pour Okinawa, des photos du voyage à Hokkaido sont disponibles ici : Hokkaido / mars 2012.

OKINAWA, LES TROPIQUES AU JAPON

J’ai accumulé un sacré retard au niveau de mes articles de blog… Mais ça s’explique : j’étais encore et toujours en vacances. Maintenant c’est fini tout ça, la rentrée c’est vendredi prochain…

Mes deux derniers articles parlaient de mes vadrouilles japonaises. J’ai continué sur ma lancée 🙂 Je vais d’abord vous parler de mon escapade avec Marie à Okinawa, du 25 février au 7 mars.

Tout d’abord, une petite présentation :

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Okinawa est une île située à l’extrême sud-ouest du Japon. Le climat y est donc très différent du reste du pays, avec des températures beaucoup plus agréables, mais avec une concentration d’humidité un peu inédite et surprenante. L’île a une histoire compliquée, en particulier en ce qui concerne ses multiples occupations (Chinois, Japonais, Américains). Du fait de ces diverses occupations et influences, et du fait de son éloignement avec les principales îles du Japon, Okinawa est un endroit différent du reste du pays sur de nombreux points (paysages, vie sociale, urbanisation, …).

Lorsque Marie et moi avons atterri à Naha, la ville principale, la première chose qui nous a frappé était l’humidité. Notre peau si sèche à Tokyo est devenue d’un coup moite, alors même qu’il ne faisait pas trop chaud. Il pleuvait… nous qui nous attendions à des tropiques radieux avec un soleil étincelant, c’est raté pour cette fois. Les palmiers et les orchidées sont quand même là pour nous signifier qu’on est plutôt loin des autres îles japonaises.

Nous sommes allées directement à notre auberge : The Base. Le nom nous faisait déjà peur à l’origine, l’endroit en lui-même a confirmé cette peur : gérant qui se point torse nu, chambre poussiéreuse, air conditionné où est affiché « it may break », salle de bain glauque… pas grave, nous n’y sommes restées que quatre nuits sur les neuf.

Près de notre auberge il y avait un joli jardin chinois dans lequel nous sommes allées faire un tour dès le lendemain de notre arrivée. La pluie donnait un charme particulier à l’ensemble. Tant de rouge, tant de dragons, … oui, ça faisait vraiment chinois, et c’était fort agréable.

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DSC02480Lorsqu’on vient de Tokyo, on trouve les rues de Naha plutôt calmes, loin des publicités criardes, du bruit s’échappant des boutiques, du flot incessant des citadins. Oui, cela nous a marqué : il n’y avait presque personne dans les rues. Une raison à cela est sûrement la faible densité du réseau de transport à Okinawa (une seule ligne de « train » dans la ville de Naha), qui oblige les gens à se déplacer en bus et en voiture pour aller d’un lieu à un autre.

Un lieu sert pourtant de contre-exemple à tout ça : la Kokusai dori, grande rue commerçante et animée du centre de Naha. Nous y sommes passées et repassées de nombreuses fois, notamment pendant nos phases d’ennui où on sortait chercher du divertissement ( = karaoké, cafés, yaourt glacé, restaurants).

Kokusai dori est une rue vouée au tourisme : les boutiques de souvenirs et spécialités d’Okinawa y sont toutes entassées. D’un magasin à l’autre, c’est toujours la même chose : porte-clés avec le lion symbole d’Okinawa, raisin de mer, gâteaux à la patate douce, vêtements de surfeur, bijoux coquillages, alcool de serpent, …

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Marie et moi avons vite été confrontées à un problème majeur : que faire ??? En effet, Naha est une ville où il n’y a pas grand-chose à voir et à faire. Le reste d’Okinawa est sûrement magnifique, nous ne demandions qu’à le découvrir. Mais là encore reste le problème du transport. Sans trains ou grandes lignes de bus, rien n’est accessible pour nous. Et puis, les ferries sont plutôt chers.

Yumi, une amie de Waseda qui est originaire d’Okinawa, est parvenue à nous sauver le temps d’une belle journée. Sa mère a eu la gentillesse de nous emmener en voiture dans le coin de plage préféré de Yumi. Sur la route, nous avons traversé une immense base militaire américaine. Oui, les Américains sont toujours à Okinawa, et ce depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ces forces militaires sont vouées à « protéger » le Japon. Mouais, mais les habitants d’Okinawa ne sont pas vraiment d’accord avec ce principe…

L’endroit où nous allons avec Yumi est fort sympathique, quoique très américanisé. 

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Découverte du jour : le frozen yogurt. Le principe est simple, il s’agit d’un endroit où l’on peut manger des yaourts glacés (waaaah), en choisissant le parfum du yaourt et les petites choses à mettre par-dessus notre composition (fruits, bouts de gâteaux, …), le tout payé au poids.

Pour bien finir la journée, Yumi nous emmène chez elle pour un dîner en milieu familial japonais. Sa mère a acheté un tas de légumes pour faire un nabe, un genre de soupe géante à partager. Nous avons dîné comme des reines, avec des desserts délicieux en prime.

 

DSC02521Avant de nous prendre en main et de partir à l’aventure avec les bus locaux à notre disposition, Marie et moi avons visité l’attraction principale de Naha : le château de Shuri.

Ce château date de l’époque où Okinawa était connue sous le nom de « Royaume de Ryuku », avec son propre gouvernement (appuyé par les Chinois si j’ai tout suivi).

Pour moi qui avait vu à peine quelques semaines avant des châteaux bien japonais à Osaka et Hiroshima, celui-ci m’a surprise, avec sa couleur rouge pétant, et ses dragons à chaque coin de mur et de colone.

 

 

Puis est venu le jour où nous nous sommes décidées à prendre le bus pour suivre les recomendations du guide de voyage de Marie. Objectif : la plage, la vraie ! Pas le semblant de bout de sable surplombé d’une route que nous avions vu à Naha. Non, là nous avons grave géré : eau vraiment turquoise, sable tout coquillageux, personne aux alentours… En plus, nous avons choisi l’un des rares jours où il fait beau toute la journée. Notre réussite nous a donné envie de rester sur notre lancée « bus ».

DSC02590Objectif suivant : le musée de la paix d’Okinawa. Nous avons un peu galéré pour y aller, car contrairement à Tokyo ici les transports ne sont pas forcément à l’heure, et nous avons donc raté notre correspondance de bus… nous sommes restées dans un terminus comme des connes, à se demander ce que nous allions faire, puisque attendre le prochain bus qui arrivait dans une heure ne servait à rien (le musée aurait commencé à fermer entre-temps). Et là, un taxi se pointe devant nous : « Vous avez raté le bus ? Pas grave, je vous y amène ! ». D’accord.

DSC02608Le chauffeur de taxi était bavard, il papotait plutôt pas mal avec Marie. Il a proposé de nous emmener d’abord à un endroit symbolique de la guerre : un bout de falaise où ont eu lieu un grand nombre des suicides forcés de l’armée japonaise. La vue était à couper le souffle, et la tranquillité de l’endroit tranchait avec l’horreur de son histoire.

Pendant la suite du voyage en taxi, nous avons traversé la campagne d’Okinawa. C’était vraiment magique de pouvoir enfin parcourir ces routes minuscules, avec la mer au loin, et les champs de canne à sucre qui nous entouraient.

Monsieur taxi nous a déposé devant notre musée. Nous sommes arrivées à temps pour pouvoir le visiter le musée avant sa fermeture. Malheureusement, il y avait de nombreuses choses exclusivement en japonais que je n’ai pas pu comprendre. Mais le peu que j’ai compris m’a mis presque autant mal à l’aise que lors de ma visite du musée de la paix à Hiroshima. Les horreurs ne sont pas les mêmes : à Okinawa, les civils se sont trouvés prix entre deux feux, les bombes américaines incessantes, et les soldats de l’armée japonaises qui profitaient d’eux, de leurs vivres, et qui allaient jusqu’à les tuer où les forcer à se suicider. La partie la plus bouleversante du musée était sans doute celle dédiée aux témoignages (certains traduits en anglais).

Une fois sorties du musées, nous nous sommes longuement promenées dans le parc-mémorial, qui était désert. Les allées étaient remplies de stèles portant le nom des victimes de la guerre.

DSC02613A l’arrêt de bus pour le retour, un chauffeur de taxi est venu nous interpeller, nous proposant un prix d’ami pour nous ramener à Naha. Nous avons accepté sans trop broncher. Ce chauffeur était fort sympathique, même si je n’ai pas compris grand-chose à ce qu’il déblatérait – Marie m’a dit plus tard qu’il avait essentiellement parlé des fantômes qu’il croisait régulièrement la nuit à bord de son taxi.

La sociabilité naturelle des gens à Okinawa est également quelque chose qui tranche avec ce qu’on connaît à Tokyo. Ici les gens sont spontanés, adressent la parole sans problème. Et ils ne sont pas uniquement détendus au niveau social, leur démarche et leur façon de s’habiller (entre autres) montrent qu’ils ne se prennent pas la tête comme les Tokyoïtes. Cette atmosphère « peace and love » quasi permanente était très agréable. De vraies vacances reposantes et enrichissantes en compagnie de ma best friend locale. =)

 

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/! Overblog ne m’a pas autorisée à publier de nouveaux albums par manque de place, alors pour consulter les photos suivre ce lien Picasa (petites légendes en bonus) : Okinawa février-mars 2012

LES ÉON AU JAPON (2/2)

Voilà la suite de l’article précédent. Si vous allez faire un tour dans mes trois nouveaux albums photos, vous remarquerez que j’ai ajouté des commentaires et des légendes (utiles ou pas) par-ci par-là 🙂

19 février

Première journée à Hiroshima. Nous laissons la visite de la ville pour plus tard, pour l’instant nous prenons le train et le ferry pour aller sur une île très connue : Miyajima. En fait, c’est surtout l’image de ce tori rouge planté dans la mer qui est célèbre.

DSC02351Le temple Itsukushima (celui du tori rouge) est vraiment très touristique, un peu trop même. Les gens se pressent et font la queue pour prendre la plus belle photo possible de ce paysage magnifique. Car oui, la vue qu’on a sur la baie est magique, avec ce splendide tori rouge, la mer, la côte montagneuse verdoyante, et la ville d’Hiroshima au loin.

Nous prenons le téléphérique pour aller en haut de la montagne. Une fois arrivés, la vue qui s’offre a nous est à couper le souffle : toute cette mer, ces îles dispersées, cette brume… C’était magique, et plutôt calme (en-dehors de la petite musique du téléphérique – la Japonais aiment vraiment les petites musiques).

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Au lieu de monter au sommet de la montagne (ce qui s’annonce ardu), nous préférons redescendre tout à pied. Et c’est parti pour une petite ballade en forêt. Jordan et moi menons la marche, n’hésitant pas à pimenter notre parcours de des défis très intelligents.

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Nous arrivons en bas affamés (surtout Jordan en fait), et nous zonons dans le centre-ville à la recherche d’un endroit où se restaurer. Nous tombons sur un restaurant d’okonomiyaki fort charmant, dans lequel nous avons la chance d’être assis directement face aux cuisiniers. C’est fascinant, cette rapidité avec laquelle ils manient la pâte, le chou, les oeufs… Le restaurant est rempli, normal : c’est vraiment délicieux. Maman a attentivement enregistré les gestes de la cuisinière, pour essayer de faire la même chose à la maison.

Une fois bien repus, nous nous dirigeons vers le ferry qui est censé nous déposer directement près du musée de la paix d’Hiroshima. Le parc qui entoure le musée est calme, propre, avec une atmosphère très tranquille. Nous avançons d’abord vers le mémorial dédié aux victimes de la bombe atomique. Ensuite, vient le coeur de la visite : le musée.

Je ne pensais pas que la visite de ce musée allait me remuer autant. Absolument tout y est décrit : Hiroshima avant, pendant, et après la bombe. Les faits sont  racontés avec objectivité, ce qui fait prendre encore plus conscience de l’horreur de la chose. Je suis restée bloquée devant les deux maquettes représentant la ville, avant et après la bombe. Une ville complètement rasée, j’ai pris conscience de ce que ça pouvait représenter.

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Le musée affiche clairement sa volonté de militer contre les armes nucléaires. Là encore les explications et descriptions sont nombreuses : comment se construit une arme nucléaire, quels sont les dégâts, quels pays en possèdent… Sur l’un des murs étaient affichées toutes les lettres de protestation écrites par les maires d’Hiroshima à chaque essai nucléaire qui a eu lieu dans le monde. C’était assez impressionnant. Malheureusement ma photo de ce mur de lettres est pourrie, alors vous aurez uniquement le droit à celle émise à l’ambassadeur français après les essais nucléaires dans le Pacifique (ci-dessus)(oui, la photo est naze).

Après la visite du musée, nous passons près du « dôme de la bombe A », seul bâtiment laissé tel quel après la destruction de la ville, en guise de rappel des horreurs vécues ici.

Nous finissons ensuite par atterrir dans le centre-ville d’Hiroshima, dans d’innombrables galeries commerçantes couvertes. Nous nous promenons longtemps, jusqu’à ce que la nuit tombe.

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20 février

La matinée est consacrée à quelques visites et promenades dans Hiroshima. Nous commençons par le château de la ville, beaucoup moins impressionnant que tous ceux qu’on a pu voir jusque-là, mais intéressant parce qu’il a été entièrement reconstruit après la bombe. Nous enchaînons avec la visite du Shukkeien garden, jardin fort mignon.

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plus de photos dans l’album « Hiroshima »

J’ai beaucoup aimé Hiroshima. C’est une ville qui paraît très agréable à vivre, plutôt petite et dynamique, avec énormément d’endroits agréables. Le fait qu’elle soit chargée d’une histoire particulière donne de la profondeur à son charme, on sent que c’est une ville nouvelle avec des perspectives d’avenir, mais qui n’a pas l’intention d’oublier son passé.

Nous prenons le Shinkansen en tout début d’après-midi, et nous arrivons à Tokyo vers 19h.

 

21 février

Tout ce qu’il reste d’important à faire à Tokyo doit être fait dans cette journée. Nous commençons par laisser tous nos bagages dans la gare de Shinjuku pour aller tranquillement jusqu’aux tours du Metropolitan building, que je commence à connaître par coeur. Cette fois la vue était assez dégagée pour voir le Mont Fuji enneigé au loin (mais mon appareil photo est naze, donc vous ne saurez pas à quoi ça ressemble).

Étape fondamentale que j’avais promis à Jordan : le centre Pokémon, dans le Sud de la ville. Depuis le temps que j’attendais d’y aller, là je ne me sentais plus avec ces Pikachu partout. Par contre mes peurs ont été confirmées : le magasin était essentiellement constitué de pokémons de la nouvelle génération, donc je n’en connaissais pas les trois-quarts. J’ai quand même réussi à obtenir une relique :

DSC02449« -Made in China, et merde… -Bah oui normal, il est jaune ! »

Nous nous dirigeons ensuite vers Odaiba, les buildings et la mer, autre endroit que je commence vraiment à connaître, surtout la promenade qui longe la mini-plage.

Puis j’emmène la famille à Ueno, au marché d’Ameyoko, que je trouve toujours aussi ahurissant. C’est la dernière visite de la journée, nous retournons à Shinjuku, gare d’où va partir le train qui emmènera le petit monde à l’aéroport de Narita.

C’était court, mais c’était bien 🙂 Merci à mes parents d’avoir rendu ce voyage possible. Voyager une première fois hors de Tokyo m’a donné envie de découvrir encore plus ce pays. Mais en même temps, lorsque que je suis rentrée à Tokyo après ces quelques jours de vadrouille j’ai ressenti quelque chose qui m’a fait plaisir : Tokyo reste number one pour moi, cette année je me sens vraiment chez moi dans cette ville.

LES ÉON AU JAPON (1/2)

Mes parents et mon frère ont débarqué au Japon le 13 février. Pour l’occasion, on m’avait demandé de planifier un voyage à travers le pays, histoire de ne pas voir uniquement Tokyo. Pas de souci ! Depuis le temps que j’attendais de voyager en-dehors de Tokyo, c’était l’occasion. Récit chronologique d’après mes souvenirs encore frais :

 

13 février

L’avion de la petite famille a atterrit aux alentours de 14h, ce qui nous a laissé le temps d’arriver tranquillement à ma cité U, qui possède des mini-appartements à louer pour les familles des résidents. Les Éon sont tout de suite mis dans le bain japonais : petit hall dans l’entrée où l’enlevage de chaussures est obligatoire, tatami, futons, canapé miniature, évier si bas que Jordan doit beaucoup se pencher pour se laver les mains, baguettes dans le tiroir à couverts…

 

14 février

Journée visite intensive de Tokyo. Pas de bol : la météo n’est pas au rendez-vous. J’essaye quand même de suivre ce que j’avais prévu de faire. On commence par la visite incontournable, l’imposant temple de Meiji Jingu, que mes parents mitraillent de photo. Ensuite, juste de l’autre côté de la rue, mon quartier préféré : Harajuku, avec ses boutiques folles et son atmosphère si particulière. Je me risque à emmener la famille dans un purikura (vous savez, ces photos débiles avec plein de fioritures). Tout le monde joue le jeu, les résultats sont plutôt probants.

Eon au Japon2

Prochaine étape : le parc de Shinjuku. C’est bien joli, mais il pleut beaucoup trop. Comme il est encore tôt et que nous ne sommes pas totalement désespérés, on tente la visite du temple à Asakusa. La pluie et le froid auront raison de nous, nous filons rentrer au chaud.

 

15 février

Excursion à Kamakura. J’avais écrit dans le planning fourni à mes parents « condition physique optimale exigée », parce que j’avais prévu de faire deux randonnées. Je commence à bien connaître cette ville 🙂 Le passage par le grand bouddha était obligatoire.

 

16 février

L’aventure commence. On a pris le Shinkansen (train rapide japonais) vers 11h, expérience qui fut fort sympathique, parce que leurs TGV locaux n’ont rien à voir niveau confort avec la SNCF. Est-ce que en France les contrôleurs lancent des grands sourires à chaque passager avant de les contrôler ? Est-ce qu’ils s’inclinent à chaque fois qu’ils passent une porte de wagon ? Est-ce qu’on a de la place en seconde classe pour étendre nos jambes autant qu’on veux ? Non. (mais bon, mon billet a coûté plus de 100€ en aller simple, donc voilà).

On arrive en début d’après-midi à la destination que j’attendais le plus : Kyoto, réputée coeur historique du Japon et ville très agréable. Pour cette ville particulière j’ai choisi un hébergement particulier : un ryokan, ou auberge traditionnelle. La chambre est japonaise jusqu’au bout, des murs en papier qui coulissent jusqu’aux toilettes à commandes (Jordan et moi avons essayé à nos risques et périls le bouton « bonhomme qui reçoit de l’eau sur les fesses). Nous avons été très bien accueillis, on a même eu le droit plus tard dans la journée à une séance d’essayage d’habits traditionnels.

Nous partons pour visiter le Nijo Castle, château absolument magnifique, chargé d’histoire. Nous continuons ensuite avec le marché de Nishiki (que nous avons mis du temps à trouver, à cause de ma mauvaise estimation des distances), où pullulent des aliments en tout genre, pour finir sur une immense galerie commerçante couverte.

 

J’ai eu une première impression étrange de cette ville. Les avenues qu’on a parcouru étaient immenses, et pourtant plutôt vides. Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer Kyoto à Tokyo, et je me suis aperçue que l’aspect « condensé » de Tokyo me manquait un peu ici. Sarah m’avait dit à propos de Kyoto « cette ville est très calme, peut-être trop ». Oui, j’ai compris ce qu’elle a voulu dire. L’espace est très étendu à Kyoto, l’impression de vide se fait assez vite sentir étant donné qu’il n’y a pas tant d’animation que ça. Enfin, ça dépend peut-être des quartiers qu’on visite, je suis loin d’avoir eu une vue d’ensemble de la ville.

 

17 février

Suite de la découverte de Kyoto. J’ai choisi d’emmener la famille dans un quartier loin au Nord, Arashiyama. Malgré les touristes, c’est là aussi très tranquille (comme le reste de la ville, en fait). Mon intention de faire une longue marche dans la campagne entre deux visites de temples est ruinée par mes – encore – mauvaises estimations de distance. Sans compter le froid et la neige qui tombe par moments. Nous avons donc pris le bus à deux reprises, ce qui fut plus laborieux qu’il n’y paraît. Cependant les gens ont toujours été là pour nous aider, de façon très spontanée. Je n’avais jamais vu ça à Tokyo. Ici à Kyoto ils sont toujours venus vers moi lorsque j’avais l’air de galérer devant ma carte, ou devant des horaires de bus. Petit coup de coeur pour le vieux monsieur qui a loupé son bus pour nous suivre petit bout de chemin, pour vérifier qu’on ne se perde pas 🙂

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Sacrifiant le dernier temple que j’avais prévu de visiter dans le Nord de la ville, nous filons vers le Sud pour atteindre un autre temple dans lequel j’avais placé beaucoup d’espoirs : le Fushimi Inari. Je ne suis pas déçue déçue, les allées de tori (« portes » de temple) sont bien là, orange presque fluo, serpentant dans les hauteurs.

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Le soleil commence à se coucher, ce qui donne des couleurs encore plus fascinantes sur les innombrables tori. Cette visite est longue à cause des longs chemins, mais tant mieux, j’ai l’impression d’en profiter un maximum.

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Nous finissons la journée dans le quartier de Gion, le coeur historique de la ville, réputé pour être celui des geishas. J’ai enfin compris ce qu’était un « quartier historique » au Japon, avec des maisons en bois, des ruelles pavées, des restaurants traditionnels. J’imaginais tout le centre de Kyoto comme ça, et j’ai été à la fois déçue de constater que ce n’était qu’une infime partie de la ville, et à la fois heureuse d’avoir la chance de m’y promener.

Nous rejoignons ensuite quelqu’un de cool : Marie, en vacances à Kyoto depuis quelques jours. Après avoir fait goûter des takoyaki à ma famille (boulettes sympathiques avec du poulpe dedans), elle nous emmène dans un restaurant d’okonomiyaki, énormes omelettes traditionnelles. Enfin un vrai repas à la japonaise pour les Éon !

 

18 février

Malheureusement, nous quittons déjà Kyoto. J’aimerais y retourner, j’ai l’impression d’avoir bâclé ma découverte de cette ville.

Direction Osaka. Nous nous rendons vers le Osaka-jô, imposant château qui se dresse fièrement au centre de la ville. A l’extérieur nous atterrissons en plein d’un tournage d’une pub, avec des néo-samouraïs qui semblaient vanter les bienfaits du ramassage des déchets.

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Ensuite, direction le quartier bouillonnant de la ville : Namba (clin d’oeil à tous ceux qui ont vu Hanazakari no kimitachie e). La foule est dense, avec des tenues folles. Si les allées n’étaient pas couvertes on se serait cru à Tokyo. Jordan meurt doucement de froid, alors notre principal objectif avant de prendre à nouveau le Shinkansen est de lui trouver des gants. Pour ma part je cherche désespérément un cache-oreilles potable, parce qu’avec tout ce vent froid je sens l’otite venir (« mais Marie va me taper si j’achète un cache-oreille »). Je craque dans la gare de Shin-Osaka sur un cache-oreilles rouge à pois blancs. Hé oui, j’ai succombé.

Nous revoilà dans le Shinkansen vers 18h, en direction d’Hiroshima.

 

la suite plus tard, en attendant vous pouvez regardez les trois nouveaux albums photos : Kyoto, Osaka, et Hiroshima