SAYONARA

Aujourd’hui je suis allée à la banque pour aller fermer mon compte. A peine arrivée, une hôtesse se précipite vers moi, tout sourire, parlant un anglais magnifique. Cette tactique marketing fonctionne bien, je me laisse aller sur un siège ultra confortable en mode détente, en répondant tranquillement « oui oui » à tout ce qu’elle peut me dire… jusqu’au moment de la signature. Elle m’a demandé de recommencer, puisque celle que je venais de faire sur le formulaire de demande de clôture de compte n’était pas exactement la même que sur mon formulaire d’ouverture (un problème de boucle pas assez accentuée). « Oui, mais est-ce que c’est grave ? Après tout, je ne sais pas si je peux faire deux signatures exactement pareilles », lui dis-je. Vu sa tête, c’était grave. Elle m’a donné un brouillon pour que je m’entraîne à refaire la même signature qu’au début de l’année (!), et quand elle a vu que ça donnait rien au bout de sept essais, elle m’a demandé mon passeport parce qu’elle avait des doutes sur mon identité (ou parce que je suis noire, n’est-ce pas Marie ^^). Et là, elle a remarqué que la signature sur mon passeport était encore différente de celle du formulaire d’ouverture du compte. Elle était désespérée. Finalement, elle a accepté mon huitième essai sans trop râler.

[Pour mieux comprendre cette histoire, il faut savoir que les Japonais n’utilisent pas de signature, mais un tampon à leur nom]

DSC03044J’ai fait une dernière excursion lundi dernier, au Mont Takao (Takaosan), pas très loin de Tokyo. Je tenais à faire une dernière randonnée dans la nature avant de partir. Je comptais être seule pour profiter un maximum, mais un vieux Japonais de 68 ans rencontré au pied de la montagne à tenu à m’accompagner jusqu’en haut. Bon, il était gentil sans être collant, et essayait de m’expliquer de temps en temps des trucs culturels… mais je ne comprenais pas vraiment. Peu importe, tout autour de moi était très beau : tous ces cèdres immenses, ces ruisseaux à traverser, le bruit des oiseaux… j’aime entendre d’autres bruits que ceux de Tokyo.

L’ascension du Takaosan devait prendre 1h45, mais le vieux allait tellement vite qu’on a bouclé ça en une heure. Finalement, il a attendu que je finisse mon repas de midi pour me raccompagner jusqu’en bas de la montage. Au retour, on a pris le chemin pavé, qui est en fait une route sacrée qui mène à un temple pas très loin du somment. C’était un peu trop touristique, mais tout de même… les temples japonais ont la classe.

La spiritualité japonaise est parfois étrange

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Je m’en vais dans cinq jours… je ne me sens pas vraiment triste, mais plutôt contente d’avoir eu la chance de vivre cette aventure japonaise, même si je n’ai pas encore assez de recul pour faire « bilan » de mon année ici.
Ceci est donc le dernier article de ce blog, un peu bâclé, désolée. Merci de m’avoir lu et d’avoir suivi les épisodes de ma vie ici, même quand ce n’était pas intéressant 🙂 A très bientôt !

SE SENTIR MINUSCULE (2)

Lorsque j’étais dans l’avion qui allait atterrir à Tokyo en septembre dernier, j’ai eu la chance de voir le Mont Fuji par mon hublot. J’avais ressenti quelque chose d’indescriptible, mais une chose était sûre, j’y étais

J’avais prévu d’aller rendre visite au Mont Fuji avant de quitter le Japon. J’ai profité de ma journée de libre du lundi et du beau temps annoncé pour aller au Kawaguchiko, l’un des cinq lacs situés au pied du Mont Fuji.

Je suis partie hier matin de la gare routière de Shinjuku. Le voyage en bus était un régal, avec un paysage de plus en plus magnifique au fur et à mesure que l’on s’enfonçait dans les « Alpes Japonaises ». Au bout de deux heures, je suis arrivée au lac sans encombre, avec tout de même une petite inquiétude : je ne voyais nulle part devant moi l’objet de ma visite. Il m’a fallu une bonne vingtaine de minutes avant de me rendre compte que le Mont Fuji était derrière moi, et non derrière le lac. Conclusion : pour réussir à avoir une vue splendide, il fallait que je marche jusqu’à la rive opposée. Ce n’était pas une une mince affaire : le lac était beaucoup plus grand que dans mon imagination, sans compter la chaleur presque insupportable et ce soleil agressif. Mais peu importe, ce qui s’offre à moi était beaucoup trop beau pour que je pense à quoi que ce soit d’autre.

 

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Le long chemin de promenade offrait plein de surprises : des fleurs, des mini-plages, des ponts, des temples miniatures, des espaces verts pour se reposer… Le cadre était bien entendu rendu magique par la présence du Mont Fuji, imperturbable. Je me sentais à la fois intimidée, et fière d’être là.

Au fur et à mesure que je progressais autour du lac, la vue changeait sans arrêt. Je me réjouissais d’être seule, parce que le nombre de touristes à la gare m’avait fait peur. Mais beaucoup ont préféré faire le tour du lac dans leur voiture, ou se terrer dans leurs hôtels. A cause de la chaleur, j’imagine. Sur le chemin, il y avait quand même d’autres individus courageux, dont un Espagnol fort sympathique qui m’a proposé de continuer la route ensemble. On s’est rendu compte très vite qu’on ne pouvait pas faire le tour du lac en entier, et on a donc pris le bus près d’un champ de lavande, où grouillaient les touristes Chinois.

DSC02968L’Espagnol est monté dans son bus du retour en milieu d’après-midi. Il me restait encore deux bonnes heures à tuer avant le mien, je me suis donc décidée à aller essayer cette petite randonnée indiquée sur ma carte, pas très loin de la gare. Bien que la randonnée avait l’air petite, je n’avais pas pris en compte le paramètre « altitude » dans mes estimations, ce qui fait que je suis arrivée au sommet complètement rouge et transpirante. Mais le chemin (bordé de fleurs) et la vue au somment en valaient la peine. J’étais crevée, mais vraiment heureuse d’être là… ou plutôt, d’avoir la chance d’être là.

 

Le chemin du retour ne fut pas des plus faciles, avec des embouteillages incroyables sur la route. J’avais oublié qu’hier était potentiellement un jour férié, et que les Japonais en ont profité pour aller faire des excursions, eux aussi. Mon bus a eu 2h30 de retard à l’arrivée, mais ce fut une expérience intéressante d’être coincée sur la route au Japon. A part à Hokkaido, je n’ai encore jamais pris de transports autre que le train et l’avion pour voyager au Japon. Dommage, je me suis rendue compte que ça avait beaucoup plus de charme… et d’imprévu.

Je considère maintenant que ma mission « Japon » est accomplie, je peux quitterai ce pays sans aucun regret. J’y ai fait et vécu tout ce qui me tenait à cœur. Ou presque… j’aimerais revenir un jour pour grimper en haut du Mont Fuji 🙂

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SE SENTIR MINUSCULE

Plus le temps passe, et plus je me sens impuissante face à la taille et à la densité de population de Tokyo. Au début de l’année, je marchais dans une sorte de bulle reposante, j’avais l’impression de ne pas être « intégrée » à la foule. Face au nombre incroyable de gens qui déboulent dans la gare de Shinjuku, j’étais fascinée. Maintenant, j’ai tendance à me sentir de plus en plus étouffée dans les rues bondées… peut-être parce que je fais vraiment partie de cette foule maintenant. Puisque je connais les lieux que j’ai souvent fréquentés, je ne me sens plus dans une « bulle » en mode découverte, je marche avec les Japonais, et quelquefois c’est assez éprouvant.

J’ai lu un article sur internet (Circuler à Tokyo, règles de base pour votre sécurité) dans lequel je me suis un peu reconnue, surtout dans la première phrase : « si il y a bien quelque chose que je déteste au Japon, c’est que les gens avancent sans prêter attention à ce qu’il se passe devant eux, et sans faire le moindre effort pour l’éviter ». Cette impression, je la ressens de plus en plus quand il y a trop de monde… J’ai l’impression d’être trop petite pour Tokyo, je me sens de plus écrasée par ce qu’il y a autour de moi (foule, hauts bâtiments, …). Ceci dit, ça n’entache en rien ma fascination pour cette ville, qui est restée la même depuis le début.

 

DSC02893Ayant quand même besoin d’aller faire un tour dans un lieu plus adapté à mon échelle, je me suis rendue cet après-midi dans la région de Tama, située à l’Ouest de Tokyo. J’avais lu dans un guide touristique qu’il y avait dans ce coin-là des chemins de promenade très agréables, et je n’ai pas été déçue.
Après une quarantaine de minutes de trajet, je me suis retrouvée dans une petite gare, à chercher la « Voie Otaka » et ses sources d’eau naturelles. Le coin n’était pas du tout touristique, alors le manque de panneaux a fait que je me suis perdue (pour changer). Mais se perdre a du bon (parfois) : je suis tombée sur un temple shinto abandonné, envahi par les plantes et les insectes. Il n’y avait personne, j’étais seule, pour mon plus grand plaisir. Enfin, j’ai quand même eu peur quand un énorme insecte poilu a foncé sur moi… (pour ceux qui connaissent How I Met Your Mother, je crois que c’était un « cockro-mouse »).

Quand je suis parvenue à trouver le bon chemin, j’étais toute fière de mon idée : là encore j’étais seule, et le chemin de promenade nous emmenait dans un endroit entre la nature et la ville, le long d’un ruisseau à l’eau claire. L’eau de la source du ruisseau était réputée à l’époque d’Edo pour ses vertus guérissantes.

 

Le temple abandonné

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Après ma petite promenade, j’avais prévu de visiter un beau jardin japonais près de la gare la plus proche. Hélas, je me suis re-perdue, et lorsque j’ai finalement trouvé le jardin (après avoir demandé mon chemin à une gentille dame), l’heure de fermeture était déjà passée -échec- . Je visiterai des jardins dans Tokyo la prochaine fois, et promis, je ne me perdrai pas.

Je suis quand même très contente de ma journée. C’est important pour moi de pouvoir découvrir des choses qui m’intéressent en-dehors de la ville, dans un cadre reposant. Comme ça je prends conscience que quoiqu’il arrive, le Japon me plaira toujours autant.

 

Sur le chemin de promenade

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