LES ÉTUDIANTS JAPONAIS

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Ils ne sont pas ce que vous croyez. Voilà maintenant près d’un semestre et demi que je les côtoie régulièrement, partagée entre l’étonnement, l’indignation et l’amusement.

Avant de venir, je m’imaginais que les étudiants Japonais étaient travailleurs, silencieux en classe, respectueux au possible de leurs aînés les professeurs – oui oui, c’est un gros cliché – . Quelle ne fut pas ma surprise ! Avec le temps, je suis parvenue à déterminer des profils type de ces créatures non-studieuses des salles de classe de Waseda :

 

 

-Les geeks du téléphone. Ceux-là passent la moitié du cours à pianoter sur leur iPhone, sans essayer de se cacher du professeur, qui n’est de toute façon pas dérangé le moins du monde. Les extrémistes du téléphone vont même jusqu’à sortir de la classe en toute précipitation lorsque leur téléphone sonne.

-Les chochottes. Jeunes Japonaises très préoccupées par leur apparence, elles sortent en plein milieu du cours avec leur pochette de maquillage à la main, et reviennent un quart d’heure plus tard. Les plus aventureuses se remaquillent directement en classe, et se concentrent pendant dix minutes sur cette mèche de cheveux qui ne tombe pas exactement là où elles voudraient.

-Les fatigués. Ce cas concerne un bon tiers des élèves de chaque classe : ils dorment. Sans se cacher, ils croisent les bras sur la table et y enfouissent leur tête pour faire un long somme, ou restent en position statique, leur tête tombant souvent sur le côté. Les professeurs ont l’habitude de les laisser tranquille.

-Les ultra-attentifs. Cas peu répandu, mais très visible. Il s’agit de ceux qui hochent la tête à chaque fois que le professeur prononce une phrase, et lancent des réponses à (très) haute voix lorsque qu’il pose la moindre petite question.

-Les ultra-retardataires. Le cours a commencé depuis 45mn ? Qu’à cela ne tienne, ceux-là franchissent quand même la porte comme une fleur, et s’asseyent avec vacarme au premier rang parce que ce sont les seules places restantes.

-Les agités. Ils sortent de la classe plusieurs fois par heure, que ce soit pour aller aux toilettes, téléphoner, faire des petites courses à la supérette du rez-de-chaussé (carrément).

-Les détendus. Ceux-là viennent en cours pour tuer le temps. Ils ne sortent ni trousse ni feuilles, ils se contentent de leur bouteille de thé et de leur sachet de bonbons.

-Les « Japonaises revenues des États-Unis ». Catégorie déterminée par Marie désignant ces Japonaises aux décolletés plongeants, au mini-jupes en cuir et aux immenses talons aiguilles . Elles prennent souvent la parole en cours, commençant leurs phrases par un « don’t you think that… hum… », tout en mâchant du chewing-gum. Elles surfent sur des sites internet de fringues pendant le cours, et comparent leur manucure à celle de leur voisine.

 

Ce qui est étonnant, c’est que les professeur supportent sans broncher d’avoir autant de gens inutiles devant eux. J’ai déjà vu un professeur qui, après avoir passé une vidéo au rétro-projecteur et s’être rendu compte que la moitié de la classe était endormie, s’est platement excusé de l’ennui que son cours pouvait susciter.

Autre exemple de soumission des professeurs : aujourd’hui une de mes profs s’est interrompue en plein milieu d’une explication en se confondant en excuses parce qu’il était 14h31… et que le cours devait se finir à 14h30.

benkyouSur la tête du personnage noir, « benkyô » (« études »)

Au Japon, les élèves de l’école primaire et les collégiens ont plutôt la vie dure, en grande partie à cause de leurs nombreux cours « optionnels » pris dans divers matière, dans le but de s’améliorer. Le problème, c’est que ces cours mangent tout leur temps libre… Une fois au lycée, leur but est de préparer au mieux les examens d’entrée à l’université. En effet, plus une université est cotée, plus son examen est difficile, plus les lycéens doivent bosser dur. Waseda fait partie de ces universités pour laquelle les futurs étudiants ont besoin de déchirer à l’examen d’entrée. Résultat : après en avoir bavé pendant toute leur scolarité, ils se prennent des « vacances » de quatre ans à la fac, quatre ans qui les séparent de leur « recherche d’emploi », période pendant laquelle ils sont en permanence en costard-cravate ou tailleur, courant d’entretien en entretien.

 

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Pour ma part, j’ai un deuxième semestre plutôt cool, avec des matières forts sympathiques. Les cours de japonais me passionnent toujours autant. Mon cours « Hindouisme et Bouddhisme en Asie du Sud » ressemble à une secte, mais j’y apprends beaucoup de choses que je ne savais pas sur la religion en Inde. Mon cours « études de l’espace islamique » est lui aussi fort intéressant, tout comme le cours « cultures et sociétés d’Asie du Sud-Est » (bien que ce dernier soit donné par un prof qui ne sait pas conjuguer les verbes en anglais – eurg).

Le temps passe vite, je suis à présent en possession de mon billet de retour vers la France. Cet après-midi j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un formulaire me priant d’indiquer la date exacte de mon départ. Le 29 juillet est à la fois loin et tout proche…