ADMIREZ LEUR INTENSITÉ

DSC02687Les premiers jours de printemps au Japon sont attendus avec impatience. D’un côté, il y a la rentrée scolaire pour tout le monde, et de l’autre il y a… les cerisiers en fleurs. Cet événement, nommé « Hanami » ici-bas (littéralement « regarder les fleurs »), est culturellement incontournable pour les Japonais. Chaque année, tout le monde sort pour aller pique-niquer sous les cerisiers en fleurs. Le site japan-guide fournit un « guide du débutant pour l’observation des cerisiers en fleurs ». Bah oui, il y a un mode d’emploi à suivre, ne faisons pas ça n’importe comment : « profitez de l’intensité de la floraison en ne regardant qu’un seul arbre, ou un groupe d’arbres. A distance, les arbres semblent aussi beaux que des nuages, alors que la beauté d’une seule floraison peut être admirée de près ». « Il est courant de réserver un coin de pique-nique […], la pratique consistant à étendre sa nappe tôt le matin. »

Pour faire ça encore mieux, il existe une météo de la floraison de cerisiers, avec des calendriers estimant pour chaque ville un temps de « meilleure floraison ».

Il se trouve que ce « best viewing time » se produit à Tokyo du 6 au 15 avril. Je n’ai donc pas perdu de temps. je suis allée hier au parc de Toyoma, juste à côté de ma résidence, pour aller voir ça de plus près. Même si j’avais tout préparé avec moi (une mini bâche de pique-nique, de la musique, de la lecture), il y avait beaucoup trop de monde pour que je me trouve un coin tranquille. Oui, le Hanami est une activité sociale, j’aurais dû y penser. Bref, je me suis quand même baladée dans le parc, toute admirative devant les lignées d’arbres tous fleuris.

DSC02681Parc de Toyoma, rempli d’étudiants en plein Hanami

J’ai reçu hier un sms de Marie m’informant d’un « très beau Hanami à faire à Kudanshita ». Kudanshita, c’est près du palais impérial. Marie m’a dit que c’était fort agréable à voir du côté des douves, mais que pour éviter la foule il valait mieux y aller le matin. No soucy : nous avons quitté la résidence vers 9h ce matin, histoire de bien gérer. Bon, il y avait quand même une foule de malade, mais ça ne nous a pas empêché d’en prendre plein les yeux.

J’ai pu constater à quel point les Japonais étaient à fond dans cette histoire de sakura ( = fleur de cerisier) : ils avaient presque tous des appareils photo de ouf, des trépieds pour bien capturer l’image éphémère de ces petites fleurs, des cartes indiquant les meilleurs endroits de promenade, …

C’est vrai que c’est particulièrement joli, tous ces arbres en pleine floraison. Ça change radicalement le paysage, j’avais l’impression de flotter un peu en me promenant. Après les cours de japonais de l’an dernier où la prof nous parlait avec passion de ce Hanami, j’étais bien contente d’y être pour de vrai. Se dire que ça ne dure pas longtemps ajoute de la beauté au tableau.

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DSC02685Un cerisier du côté de mon petit temple

 

DSC02692Chemin de promenade autour des douves du parc du palais impérial

HOKKAIDO, LA SIBÉRIE NIPPONE

Je suis revenue d’Okinawa le 7 mars. Le même jour, j’ai attendu Thomas à l’aéroport, qui a refait le trajet depuis l’Allemagne pour venir me voir encore une fois au Japon. Nous avons profité de sa présence prolongée pour aller s’envoler vers Hokkaido, l’une des 4 principales îles du Japon, située à l’extrême Nord.

 

Première étape : Asahikawa, une petite ville au centre d’Hokkaido, toute proche d’un immense parc naturel. Depuis l’avion, on pouvait déjà voir les grandes étendues de neige. Le paysage était entièrement blanc, c’était presque magique.

IMGP6073Asahikawa, vue de la fenêtre de notre chambre d’hôtel
photo de Thomas

Asahikawa est une toute petite ville, il n’y a pas grand-chose à y faire en tant que touriste (d’ailleurs, nous étions un peu les seuls). La saison ne s’y prête pas non plus, toute cette neige peut paraître hostile aux promenades.

J’avais choisi de passer par cette ville parce qu’elle est située juste à côté du plus grand parc naturel de l’île : le Daisetsuzan. Les guides touristiques que j’ai consulté recommandaient tous cet endroit pour la beauté de ses paysages, pour les onsen (bains chauds naturels), et pour les longs chemins de promenade et de randonnée facilement accessibles.  Cependant, c’était encore l’hiver au moment où nous y étions : de nombreux chemins étaient fermés à cause de la neige. Le fait qu’Hokkaido ait souffert de violentes tempêtes de neige exceptionnellement fortes cette année n’a pas aidé…

Pendant notre séjour à Asahikawa nous avons pris un bus de long trajet pour aller faire un tour à Sounkyo, un village d’onsen qui a l’habitude d’accueillir des touristes, et qui constitue une bonne base de départ pour des promenades dans la montagne. Comme c’était la saison creuse, le village était tout vide… et les chemins de promenade tous fermés. Il ne restait plus que la route, que nous avons emprunté pour aller voir des cascades… gelées 🙂

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Tout n’était pas perdu : nous avons profité du temps qui restait devant nous avant notre bus du retour pour prendre un téléphérique et aller au sommet d’une montagne. La vue qui s’est alors offerte à nous valait vraiment le coût. Mais il faisait tellement froid que nous sommes assez vite redescendus pour se mettre au chaud dans un café… =]

 

Nous nous sommes quand même pas mal promenés à Asahikawa, en mode « découverte tranquille de la ville » 🙂 Pour la première fois j’ai pu voir ce que donnait un petit parc inondé de neige. C’était fort joli, surtout quand on est tombés par hasard sur un temple.

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Après être restés 4 nuits à Asahikawa, nous sommes partis pour Sapporo, la plus grande ville de l’île. A la gare d’Asahikawa Thomas et moi étions tout perdus devant le prix des billets de train, lorsqu’une gentille madame de l’office du tourisme nous a proposé d’aller acheter des billets à prix réduits (un peu frauduleux, on peut dire^^) dans une miniscule boutique d’un obscur couloir… J’ai repensé à la gentillesse spontannée des Japonais hors Tokyoïtes que j’avais constatée lors de mes deux précédents voyages.

Dans le train, je n’ai pas quitté la fenêtre des yeux. Les paysages qui se succédaient étaient tous plus magiques les uns que les autres, avec leur blancheur immaculée, leurs arbres dénudés, leur horizon lointain. J’étais vraiment contente d’avoir la chance de vivre ça… surtout en aussi bonne compagnie 🙂

 

A Sapporo, on change d’échelle : la ville est immense. Et, comme à Asahikawa, elle est toute quadrillée, avec des rues parfaitement droites et perpendiculaires. Un tel plan d’urbanisme ne rend pas la ville très belle, mais ça a le mérite d’être pratique pour l’orientation, les adresses étant numérotées comme « Ouest 2 Sud 4 ».

Toujours en mode « découverte tranquille de la ville », Thomas et moi nous sommes balladés dans un parc, dans la rue principale… j’ai vite fait obstacle à notre productivité à cause de mes bottes complètement nazes qui avaient le défaut de ne pas être étanches (pas pratique avec toute cette neige, j’avais les pieds gelés).

Nous avons décidés de nous aventurer en bus. C’est parti pour un trajet de plus de deux heures en direction du Lac Toya, un cratère de volcan. Le lac et sa petite montagne au milieu sont très beaux.

IMGP6205Le Lac Toya et sa petite montagne
photo de Thomas

Là encore s’est posé le problème de « quoi-faire-ici-alors-que-tous-les-chemins-sont-fermés »… qui n’a pas été résolu. D’autant plus que nous avons été surpris par une violente tombée de neige (euh… violente à mon sens, je crois que Thomas jugeait ça « normal » – mais il vient de Savoie donc voilà quoi ^^). Échec.

Pour meubler les jours qui nous restaient à Sapporo, nous avons décidé de continuer à explorer la ville, avec pour objectif une usine de chocolat. Malheureusement, si elle avait l’air fort intéressante sur le papier, cette Chocolate Factory était bidon, avec un « parc des amoureux » complètement kitsch. Pour effacer notre échec nous sommes allés dans la soirée prendre le tramway pour rejoindre le téléphérique de la ville, qui nous a emmené au Mont Moiwa, du haut duquel nous avons eu le droit à une splendide vue de la ville de nuit.

 

IMGP6259Ainsi s’est terminée ma phase « vadrouille au Japon ». Hokkaido est un endroit que j’ai beaucoup aimé, bien que j’ai le sentiment de n’avoir pas pu profiter de tout à cause de cette neige ambiante. Mais rien que le fait de voyager avec Thomas suffit à me ravir 🙂

Bonus : voyant mon excitation face à cet avion Pokémon, Thomas a pris une photo de cette merveille. « Mais je ne monterai jamais dans un avion comme ça ! » ^_^

 

Comme pour Okinawa, des photos du voyage à Hokkaido sont disponibles ici : Hokkaido / mars 2012.

OKINAWA, LES TROPIQUES AU JAPON

J’ai accumulé un sacré retard au niveau de mes articles de blog… Mais ça s’explique : j’étais encore et toujours en vacances. Maintenant c’est fini tout ça, la rentrée c’est vendredi prochain…

Mes deux derniers articles parlaient de mes vadrouilles japonaises. J’ai continué sur ma lancée 🙂 Je vais d’abord vous parler de mon escapade avec Marie à Okinawa, du 25 février au 7 mars.

Tout d’abord, une petite présentation :

okjapan

Okinawa est une île située à l’extrême sud-ouest du Japon. Le climat y est donc très différent du reste du pays, avec des températures beaucoup plus agréables, mais avec une concentration d’humidité un peu inédite et surprenante. L’île a une histoire compliquée, en particulier en ce qui concerne ses multiples occupations (Chinois, Japonais, Américains). Du fait de ces diverses occupations et influences, et du fait de son éloignement avec les principales îles du Japon, Okinawa est un endroit différent du reste du pays sur de nombreux points (paysages, vie sociale, urbanisation, …).

Lorsque Marie et moi avons atterri à Naha, la ville principale, la première chose qui nous a frappé était l’humidité. Notre peau si sèche à Tokyo est devenue d’un coup moite, alors même qu’il ne faisait pas trop chaud. Il pleuvait… nous qui nous attendions à des tropiques radieux avec un soleil étincelant, c’est raté pour cette fois. Les palmiers et les orchidées sont quand même là pour nous signifier qu’on est plutôt loin des autres îles japonaises.

Nous sommes allées directement à notre auberge : The Base. Le nom nous faisait déjà peur à l’origine, l’endroit en lui-même a confirmé cette peur : gérant qui se point torse nu, chambre poussiéreuse, air conditionné où est affiché « it may break », salle de bain glauque… pas grave, nous n’y sommes restées que quatre nuits sur les neuf.

Près de notre auberge il y avait un joli jardin chinois dans lequel nous sommes allées faire un tour dès le lendemain de notre arrivée. La pluie donnait un charme particulier à l’ensemble. Tant de rouge, tant de dragons, … oui, ça faisait vraiment chinois, et c’était fort agréable.

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DSC02480Lorsqu’on vient de Tokyo, on trouve les rues de Naha plutôt calmes, loin des publicités criardes, du bruit s’échappant des boutiques, du flot incessant des citadins. Oui, cela nous a marqué : il n’y avait presque personne dans les rues. Une raison à cela est sûrement la faible densité du réseau de transport à Okinawa (une seule ligne de « train » dans la ville de Naha), qui oblige les gens à se déplacer en bus et en voiture pour aller d’un lieu à un autre.

Un lieu sert pourtant de contre-exemple à tout ça : la Kokusai dori, grande rue commerçante et animée du centre de Naha. Nous y sommes passées et repassées de nombreuses fois, notamment pendant nos phases d’ennui où on sortait chercher du divertissement ( = karaoké, cafés, yaourt glacé, restaurants).

Kokusai dori est une rue vouée au tourisme : les boutiques de souvenirs et spécialités d’Okinawa y sont toutes entassées. D’un magasin à l’autre, c’est toujours la même chose : porte-clés avec le lion symbole d’Okinawa, raisin de mer, gâteaux à la patate douce, vêtements de surfeur, bijoux coquillages, alcool de serpent, …

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Marie et moi avons vite été confrontées à un problème majeur : que faire ??? En effet, Naha est une ville où il n’y a pas grand-chose à voir et à faire. Le reste d’Okinawa est sûrement magnifique, nous ne demandions qu’à le découvrir. Mais là encore reste le problème du transport. Sans trains ou grandes lignes de bus, rien n’est accessible pour nous. Et puis, les ferries sont plutôt chers.

Yumi, une amie de Waseda qui est originaire d’Okinawa, est parvenue à nous sauver le temps d’une belle journée. Sa mère a eu la gentillesse de nous emmener en voiture dans le coin de plage préféré de Yumi. Sur la route, nous avons traversé une immense base militaire américaine. Oui, les Américains sont toujours à Okinawa, et ce depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ces forces militaires sont vouées à « protéger » le Japon. Mouais, mais les habitants d’Okinawa ne sont pas vraiment d’accord avec ce principe…

L’endroit où nous allons avec Yumi est fort sympathique, quoique très américanisé. 

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Découverte du jour : le frozen yogurt. Le principe est simple, il s’agit d’un endroit où l’on peut manger des yaourts glacés (waaaah), en choisissant le parfum du yaourt et les petites choses à mettre par-dessus notre composition (fruits, bouts de gâteaux, …), le tout payé au poids.

Pour bien finir la journée, Yumi nous emmène chez elle pour un dîner en milieu familial japonais. Sa mère a acheté un tas de légumes pour faire un nabe, un genre de soupe géante à partager. Nous avons dîné comme des reines, avec des desserts délicieux en prime.

 

DSC02521Avant de nous prendre en main et de partir à l’aventure avec les bus locaux à notre disposition, Marie et moi avons visité l’attraction principale de Naha : le château de Shuri.

Ce château date de l’époque où Okinawa était connue sous le nom de « Royaume de Ryuku », avec son propre gouvernement (appuyé par les Chinois si j’ai tout suivi).

Pour moi qui avait vu à peine quelques semaines avant des châteaux bien japonais à Osaka et Hiroshima, celui-ci m’a surprise, avec sa couleur rouge pétant, et ses dragons à chaque coin de mur et de colone.

 

 

Puis est venu le jour où nous nous sommes décidées à prendre le bus pour suivre les recomendations du guide de voyage de Marie. Objectif : la plage, la vraie ! Pas le semblant de bout de sable surplombé d’une route que nous avions vu à Naha. Non, là nous avons grave géré : eau vraiment turquoise, sable tout coquillageux, personne aux alentours… En plus, nous avons choisi l’un des rares jours où il fait beau toute la journée. Notre réussite nous a donné envie de rester sur notre lancée « bus ».

DSC02590Objectif suivant : le musée de la paix d’Okinawa. Nous avons un peu galéré pour y aller, car contrairement à Tokyo ici les transports ne sont pas forcément à l’heure, et nous avons donc raté notre correspondance de bus… nous sommes restées dans un terminus comme des connes, à se demander ce que nous allions faire, puisque attendre le prochain bus qui arrivait dans une heure ne servait à rien (le musée aurait commencé à fermer entre-temps). Et là, un taxi se pointe devant nous : « Vous avez raté le bus ? Pas grave, je vous y amène ! ». D’accord.

DSC02608Le chauffeur de taxi était bavard, il papotait plutôt pas mal avec Marie. Il a proposé de nous emmener d’abord à un endroit symbolique de la guerre : un bout de falaise où ont eu lieu un grand nombre des suicides forcés de l’armée japonaise. La vue était à couper le souffle, et la tranquillité de l’endroit tranchait avec l’horreur de son histoire.

Pendant la suite du voyage en taxi, nous avons traversé la campagne d’Okinawa. C’était vraiment magique de pouvoir enfin parcourir ces routes minuscules, avec la mer au loin, et les champs de canne à sucre qui nous entouraient.

Monsieur taxi nous a déposé devant notre musée. Nous sommes arrivées à temps pour pouvoir le visiter le musée avant sa fermeture. Malheureusement, il y avait de nombreuses choses exclusivement en japonais que je n’ai pas pu comprendre. Mais le peu que j’ai compris m’a mis presque autant mal à l’aise que lors de ma visite du musée de la paix à Hiroshima. Les horreurs ne sont pas les mêmes : à Okinawa, les civils se sont trouvés prix entre deux feux, les bombes américaines incessantes, et les soldats de l’armée japonaises qui profitaient d’eux, de leurs vivres, et qui allaient jusqu’à les tuer où les forcer à se suicider. La partie la plus bouleversante du musée était sans doute celle dédiée aux témoignages (certains traduits en anglais).

Une fois sorties du musées, nous nous sommes longuement promenées dans le parc-mémorial, qui était désert. Les allées étaient remplies de stèles portant le nom des victimes de la guerre.

DSC02613A l’arrêt de bus pour le retour, un chauffeur de taxi est venu nous interpeller, nous proposant un prix d’ami pour nous ramener à Naha. Nous avons accepté sans trop broncher. Ce chauffeur était fort sympathique, même si je n’ai pas compris grand-chose à ce qu’il déblatérait – Marie m’a dit plus tard qu’il avait essentiellement parlé des fantômes qu’il croisait régulièrement la nuit à bord de son taxi.

La sociabilité naturelle des gens à Okinawa est également quelque chose qui tranche avec ce qu’on connaît à Tokyo. Ici les gens sont spontanés, adressent la parole sans problème. Et ils ne sont pas uniquement détendus au niveau social, leur démarche et leur façon de s’habiller (entre autres) montrent qu’ils ne se prennent pas la tête comme les Tokyoïtes. Cette atmosphère « peace and love » quasi permanente était très agréable. De vraies vacances reposantes et enrichissantes en compagnie de ma best friend locale. =)

 

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/! Overblog ne m’a pas autorisée à publier de nouveaux albums par manque de place, alors pour consulter les photos suivre ce lien Picasa (petites légendes en bonus) : Okinawa février-mars 2012