J’ai accumulé un sacré retard au niveau de mes articles de blog… Mais ça s’explique : j’étais encore et toujours en vacances. Maintenant c’est fini tout ça, la rentrée c’est vendredi prochain…
Mes deux derniers articles parlaient de mes vadrouilles japonaises. J’ai continué sur ma lancée 🙂 Je vais d’abord vous parler de mon escapade avec Marie à Okinawa, du 25 février au 7 mars.
Tout d’abord, une petite présentation :
Okinawa est une île située à l’extrême sud-ouest du Japon. Le climat y est donc très différent du reste du pays, avec des températures beaucoup plus agréables, mais avec une concentration d’humidité un peu inédite et surprenante. L’île a une histoire compliquée, en particulier en ce qui concerne ses multiples occupations (Chinois, Japonais, Américains). Du fait de ces diverses occupations et influences, et du fait de son éloignement avec les principales îles du Japon, Okinawa est un endroit différent du reste du pays sur de nombreux points (paysages, vie sociale, urbanisation, …).
Lorsque Marie et moi avons atterri à Naha, la ville principale, la première chose qui nous a frappé était l’humidité. Notre peau si sèche à Tokyo est devenue d’un coup moite, alors même qu’il ne faisait pas trop chaud. Il pleuvait… nous qui nous attendions à des tropiques radieux avec un soleil étincelant, c’est raté pour cette fois. Les palmiers et les orchidées sont quand même là pour nous signifier qu’on est plutôt loin des autres îles japonaises.
Nous sommes allées directement à notre auberge : The Base. Le nom nous faisait déjà peur à l’origine, l’endroit en lui-même a confirmé cette peur : gérant qui se point torse nu, chambre poussiéreuse, air conditionné où est affiché « it may break », salle de bain glauque… pas grave, nous n’y sommes restées que quatre nuits sur les neuf.
Près de notre auberge il y avait un joli jardin chinois dans lequel nous sommes allées faire un tour dès le lendemain de notre arrivée. La pluie donnait un charme particulier à l’ensemble. Tant de rouge, tant de dragons, … oui, ça faisait vraiment chinois, et c’était fort agréable.
Lorsqu’on vient de Tokyo, on trouve les rues de Naha plutôt calmes, loin des publicités criardes, du bruit s’échappant des boutiques, du flot incessant des citadins. Oui, cela nous a marqué : il n’y avait presque personne dans les rues. Une raison à cela est sûrement la faible densité du réseau de transport à Okinawa (une seule ligne de « train » dans la ville de Naha), qui oblige les gens à se déplacer en bus et en voiture pour aller d’un lieu à un autre.
Un lieu sert pourtant de contre-exemple à tout ça : la Kokusai dori, grande rue commerçante et animée du centre de Naha. Nous y sommes passées et repassées de nombreuses fois, notamment pendant nos phases d’ennui où on sortait chercher du divertissement ( = karaoké, cafés, yaourt glacé, restaurants).
Kokusai dori est une rue vouée au tourisme : les boutiques de souvenirs et spécialités d’Okinawa y sont toutes entassées. D’un magasin à l’autre, c’est toujours la même chose : porte-clés avec le lion symbole d’Okinawa, raisin de mer, gâteaux à la patate douce, vêtements de surfeur, bijoux coquillages, alcool de serpent, …
Marie et moi avons vite été confrontées à un problème majeur : que faire ??? En effet, Naha est une ville où il n’y a pas grand-chose à voir et à faire. Le reste d’Okinawa est sûrement magnifique, nous ne demandions qu’à le découvrir. Mais là encore reste le problème du transport. Sans trains ou grandes lignes de bus, rien n’est accessible pour nous. Et puis, les ferries sont plutôt chers.
Yumi, une amie de Waseda qui est originaire d’Okinawa, est parvenue à nous sauver le temps d’une belle journée. Sa mère a eu la gentillesse de nous emmener en voiture dans le coin de plage préféré de Yumi. Sur la route, nous avons traversé une immense base militaire américaine. Oui, les Américains sont toujours à Okinawa, et ce depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ces forces militaires sont vouées à « protéger » le Japon. Mouais, mais les habitants d’Okinawa ne sont pas vraiment d’accord avec ce principe…
L’endroit où nous allons avec Yumi est fort sympathique, quoique très américanisé.
Découverte du jour : le frozen yogurt. Le principe est simple, il s’agit d’un endroit où l’on peut manger des yaourts glacés (waaaah), en choisissant le parfum du yaourt et les petites choses à mettre par-dessus notre composition (fruits, bouts de gâteaux, …), le tout payé au poids.
Pour bien finir la journée, Yumi nous emmène chez elle pour un dîner en milieu familial japonais. Sa mère a acheté un tas de légumes pour faire un nabe, un genre de soupe géante à partager. Nous avons dîné comme des reines, avec des desserts délicieux en prime.
Avant de nous prendre en main et de partir à l’aventure avec les bus locaux à notre disposition, Marie et moi avons visité l’attraction principale de Naha : le château de Shuri.
Ce château date de l’époque où Okinawa était connue sous le nom de « Royaume de Ryuku », avec son propre gouvernement (appuyé par les Chinois si j’ai tout suivi).
Pour moi qui avait vu à peine quelques semaines avant des châteaux bien japonais à Osaka et Hiroshima, celui-ci m’a surprise, avec sa couleur rouge pétant, et ses dragons à chaque coin de mur et de colone.
Puis est venu le jour où nous nous sommes décidées à prendre le bus pour suivre les recomendations du guide de voyage de Marie. Objectif : la plage, la vraie ! Pas le semblant de bout de sable surplombé d’une route que nous avions vu à Naha. Non, là nous avons grave géré : eau vraiment turquoise, sable tout coquillageux, personne aux alentours… En plus, nous avons choisi l’un des rares jours où il fait beau toute la journée. Notre réussite nous a donné envie de rester sur notre lancée « bus ».
Objectif suivant : le musée de la paix d’Okinawa. Nous avons un peu galéré pour y aller, car contrairement à Tokyo ici les transports ne sont pas forcément à l’heure, et nous avons donc raté notre correspondance de bus… nous sommes restées dans un terminus comme des connes, à se demander ce que nous allions faire, puisque attendre le prochain bus qui arrivait dans une heure ne servait à rien (le musée aurait commencé à fermer entre-temps). Et là, un taxi se pointe devant nous : « Vous avez raté le bus ? Pas grave, je vous y amène ! ». D’accord.
Le chauffeur de taxi était bavard, il papotait plutôt pas mal avec Marie. Il a proposé de nous emmener d’abord à un endroit symbolique de la guerre : un bout de falaise où ont eu lieu un grand nombre des suicides forcés de l’armée japonaise. La vue était à couper le souffle, et la tranquillité de l’endroit tranchait avec l’horreur de son histoire.
Pendant la suite du voyage en taxi, nous avons traversé la campagne d’Okinawa. C’était vraiment magique de pouvoir enfin parcourir ces routes minuscules, avec la mer au loin, et les champs de canne à sucre qui nous entouraient.
Monsieur taxi nous a déposé devant notre musée. Nous sommes arrivées à temps pour pouvoir le visiter le musée avant sa fermeture. Malheureusement, il y avait de nombreuses choses exclusivement en japonais que je n’ai pas pu comprendre. Mais le peu que j’ai compris m’a mis presque autant mal à l’aise que lors de ma visite du musée de la paix à Hiroshima. Les horreurs ne sont pas les mêmes : à Okinawa, les civils se sont trouvés prix entre deux feux, les bombes américaines incessantes, et les soldats de l’armée japonaises qui profitaient d’eux, de leurs vivres, et qui allaient jusqu’à les tuer où les forcer à se suicider. La partie la plus bouleversante du musée était sans doute celle dédiée aux témoignages (certains traduits en anglais).
Une fois sorties du musées, nous nous sommes longuement promenées dans le parc-mémorial, qui était désert. Les allées étaient remplies de stèles portant le nom des victimes de la guerre.
A l’arrêt de bus pour le retour, un chauffeur de taxi est venu nous interpeller, nous proposant un prix d’ami pour nous ramener à Naha. Nous avons accepté sans trop broncher. Ce chauffeur était fort sympathique, même si je n’ai pas compris grand-chose à ce qu’il déblatérait – Marie m’a dit plus tard qu’il avait essentiellement parlé des fantômes qu’il croisait régulièrement la nuit à bord de son taxi.
La sociabilité naturelle des gens à Okinawa est également quelque chose qui tranche avec ce qu’on connaît à Tokyo. Ici les gens sont spontanés, adressent la parole sans problème. Et ils ne sont pas uniquement détendus au niveau social, leur démarche et leur façon de s’habiller (entre autres) montrent qu’ils ne se prennent pas la tête comme les Tokyoïtes. Cette atmosphère « peace and love » quasi permanente était très agréable. De vraies vacances reposantes et enrichissantes en compagnie de ma best friend locale. =)
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/! Overblog ne m’a pas autorisée à publier de nouveaux albums par manque de place, alors pour consulter les photos suivre ce lien Picasa (petites légendes en bonus) : Okinawa février-mars 2012