A LA RECHERCHE DE L’AMBASSADE

Cela fait plus de 3 mois que nous sommes au Japon, et pourtant ni Marie ni moi ne sommes enregistrées à l’ambassade. Pourquoi ? Par flemme, tout simplement. Cependant, on s’est rendues compte que si on voulait voter en 2012 il fallait bouger nos fesses car la date limite de l’inscription consulaire est le 31 décembre pour être sur la liste électorale à Tokyo. Oups. « Samedi, on y va ! » notre détermination de début de semaine faisait presque peur. C’est ainsi qu’hier nous avons effectué une quête palpitante riche en émotions.

 

Il est 10h30. Une fois mon cours de Japonais fini, je passe cherche Marie au dormitoire. Nous voilà parties direction Takadanobaba, notre gare fétiche, prenant un train qui nous déposera à la station Ebisu, pas loin de l’ambassade d’après ce qu’on avait localisé. Oups, j’ai oublié de noter le plan pour aller à l’ambassade ! Marie me regarde de haut, « maintenant j’ai Google » (https://www.youtube.com/watch?v=KMcf2-Ld1yg), et me sort son téléphone high-tech avec GPS ultra interactif. Nous voilà sauvées (ou presque). Il fait froid, mais le temps est magnifique, rendant notre quête fort agréable. Nous arrivons devant la maison de la culture française… qui n’est pas l’ambassade, du coup. Erreur de GPS ? Oui, mais vite rectifiée. Nous sommes quand même sur le bon chemin, il suffit de prolonger notre marche dans le « Tokyo underground », sous les routes de béton suspendues et dans des mini-ruelles résidentielles.

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Les dessous de Tokyo : aires de jeux sous des routes, et agrumes

Soudain, en face de nous, l’ambassade Américaine. On ne voit que ça. D’après Google Maps, l’ambassade de France est dans la rue perpendiculaire. Après une sacrée aventure piétonne, nous sommes bien contentes d’approcher notre but… là sur notre droite un bâtiment un peu moche, pas très grand, avec écrit « entrée ». Ah bah tiens, c’est ici. Mais pas de drapeau, rien. Et surtout… personne. « Ils ne vont quand même pas être fermés le samedi, le seul jour où les gens peuvent venir ?! ». Les horaires ne sont même pas indiqués ici, nous sommes obligées d’avoir recours à Google (et oui) pour se rendre compte que l’ambassade n’ouvre pas le week-end, et que le public peut venir uniquement de 10h à 12h les autres jours (sauf le jeudi jusqu’à 18h, c’est de la folie).

DSC02082L’entrée de l’ambassade de France à Tokyo

Nous voilà donc bien dégoûtées. Pour compenser notre frustration, nous décidons de retourner à Ebisu pour manger quelque part. Sur notre route nous effectuons un pèlerinage que tout connaisseur de dramas japonais connaît bien : le bloc de pierre vertical où Domyôji et Makino se retrouvaient. Il n’y a pas que nous qui prenons des photos de cette chose moche, d’ailleurs.

DSC02103Yebisu Garden Place : c’est dans cet endroit commercial aux allures européennes-chics que nous atterrissons. Que voit-on au loin ? Le château-restaurant de Joël Robuchon, pardi. Là, au pieds de deux immeubles un peu laids, c’est un peu irréel, mais bref nous faisons quand mêmes nos touristes en prenant des clichés intéressants.

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C’est bien joli tout ça, mais ça ne convient pas à notre porte-monnaie. Nous nous dirigeons donc vers le Burger King sur notre droite, pour renouer un peu avec les frites et le gras. Le mieux, c’est que la boutique-restaurant Krispy Kreme (qui n’est autres que la « meilleure chaîne de donuts du monde » d’après les recherches de Marie) est juste dans le même bâtiment. Donc c’est parti, un donut chacune, et nous ne sommes pas déçues : ces donuts déchirent tout. Burger King + donuts, voilà un repas bien typique et fort équilibré.

[Plus de photo de cette journée sympathique dans l’album « Ebisu »]

 

Le soir arrive… Marie a réussi à organiser une soirée karaoké réunissant trois Français et trois Japonais. Nous voilà donc tous à Takadanobaba, partageant un plat de spaghettis dans une chaîne « italienne », et mettant le feu à notre mini-salle de karaoké. Il me faudrait beaucoup plus qu’un article pour dire à quel point cette soirée était géniale. Peut-être que Marie osera évoquer plus de détails dans son blog…. *suspense*

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LE COIN DES PHOTOS INÉDITES

Tout ceux qui avec qui je ne suis pas en contact sur un certain site de réseau social ne peuvent pas voir les photos inutiles que j’y publie… je viens donc de créer sur ce blog un nouvel album intitulé « ma vie Japonaise » dans lequel vous pouvez trouvez plein de clichés plus ou moins pertinents.

En voici des extraits palpitants :

 

DSC01942Mon magnifique collier-singe-xylophone, mignon et original aux yeux de certains, complètement ridicule pour d’autres (Marie tu as raison, on va vraiment se faire taper de retour à Sciences Po)

 

DSC02054Tofu + sauce de soja = la pause grignotage idéale. J’entends d’ici mon frère dire « Maureen, t’es déguelasse »

 

DSC02042Vue de ma chambre, le temple en travaux et le début de l’automne. Prochainement d’autres photos prises de ma fenêtre pour suivre l’évolution de l’automne au Japon, beaucoup plus magique qu’en France.

 

DSC02052Lorsque mon prof de japonais explique à l’aide de dessins la différence grammaticale entre « s’amuser avec un cloporte » quand le cloporte s’éclate et « s’amuser avec un cloporte » quand le cloporte souffre. Je trouve ça tellement adorable !

 

DSC02069« Mais… c’est du racisme !!! ». Photo prise à Harajuku *tristesse*

 

DSC02062Marie et moi nous méprisons de plus en plus cet acteur Coréen efféminé qui est dans presque toutes les affiches publicitaires, et qui hante nos vies au moment où on s’y attend le moins (dans le train par exemple). Cette photo a été prise dans mon supermarché favori.

 

 

DSC02058Marie en plein délire devant les restes de l’assiette de la Christmas Party.

 

A propos de Christmas Party : ça y est, j’ai dansé samedi dernier dans l’église protestante. Ça m’a fait bizarre de ré-enfiler mon costume de classique en contexte Japonais et hors contexte Mira-Baï, mais ce fut fort agréable ! 🙂 Les gens ont l’air d’avoir aimé, j’ai eu le droits à des compliments bien flatteurs… *rougit* Après mes deux danses ont suivi, entre autres, un karaoké géant avec YMCA (je le rappelle, on était dans une église), « All I want for Christmas is you » de Mariah Carey avec une performance de hip-hop. On a également eu le droit à une pièce de théâtre farfelue avec un jeune homme au tutu blanc et aux faux cils roses qui tombe amoureux d’un méchant (c’est tout ce que j’ai compris), et à la fin une choré sur Lady Gaga (mais… ÉGLISE ??? ^^). La soirée de Noël la plus folle que j’ai jamais vécue, donc.

LES RELATIONS JAPON – CORÉE DU SUD POUR LES NULS

Japan-South Korea relations, the recognition of history : the textbook issue and the feeling gap between Japanese and Koreans 

Au début de l’année, lorsque j’ai vu mon nom écrit à côté de ce sujet, j’étais plus que perplexe. Dans mon cours de Japan’s foreign policy certains élèves sont assignés arbitrairement à faire des exposés, et je suis ainsi tombée sur la controverse des manuels d’histoire japonais, dans le contexte des relations entre le Japon et la Corée du Sud. Hum, je n’en avais jamais entendu parler…

Heureusement, parler des politiques de la mémoire, globalement, je kiffe. J’avais eu un dossier à faire là-dessus en terminale, et j’ai également choisi de faire une dissertation sur ce sujet à l’IEP en première année, mais c’était toujours dans un cadre européen. Alors, c’est quoi cette histoire de controverse en Asie ? Voici d’abord un (très) grossier résumé historique pour vous donner le contexte :

En 1910, l’armée impériale japonaise débarque dans la péninsule Coréenne, et force les Coréens à se soumettre. Les Japonais n’ont pas fait dans la demi-mesure : ils ont forcé les Coréens à joindre leur armée, les obligeaient à apprendre le japonais, changeaient les noms de famille coréens, réprimaient violemment tous les opposants à la règle coloniale… et j’en passe. Bref, toute une politique d’assimilation pas très compatissante. La deuxième guerre mondiale arrive, et bam ils décident d’enrôler encore plus de Coréens dans l’armée par la force, et finissent aussi par enlever des femmes Coréennes pour en faire des esclaves sexuelles au service de l’armée impériale (nommées « femmes de réconfort »)(ils ont fait ça dans d’autres pays asiatiques aussi). La suite, vous la connaissez : Américains, Hiroshima, Nagasaki, fin. La Corée n’est plus territoire occupé par le Japon en 1945.

Hiro HitoHiro-Hito, l’un des dangereux moutstachus de l’histoire

Toute cette histoire tragique a donné lieu à deux réactions totalement opposées de la part des deux voisins asiatiques : la Corée n’a pas oublié son passé, et continue de l’intégrer à son identité nationale. En revanche, l’horreur vécue pendant la guerre et les atrocités commises par l’armée impériale elle-même sont de trop pour les Japonais, qui préfèrent alors oublier le passé et se tourner vers l’avenir dans une perspective optimiste.

Problème : la Corée veut des excuses de la part du Japon. Certes, de nombreux premiers ministres Japonais en ont formulé, exprimant leur « profond remord ». Cependant, quand vient à être publié en 2001 un manuel d’histoire pour les collèges et lycées qui minimise, voire ne mentionne pas, les agressions commises par l’armée impériale chez ses voisins, et qui parle des femmes de réconfort comme des « prostituées volontaires qui étaient payées en conséquence », la Corée du Sud a du mal à digérer.

Voilà de quoi j’ai parlé ce matin devant presque 50 camarades (plus ou moins éveillés), des différentes crises concernant les manuels d’histoire, de la difficulté de concilier deux mémoires totalement opposés, de la menace que ça représente pour les relations entre la Corée du Sud et le Japon, … j’étais un peu nerveuse (surtout parce que c’était en anglais), mais finalement c’est passé. Apparemment, j’ai parlé avec un accent totalement français… c’est donc pour ça que le prof est venu me voir à la fin avec son « vous êtes Française ? ». *Honte* Enfin, le principal c’est qu’aucun Japonais nationaliste-néo-conservateur ne soit monté sur l’estrade pour me frapper.

C’EST FINI. (enfin presque, il me reste encore un exposé sur le Cap-Vert. Ouais ouais, personne ne sait où ce pays se situe *quoi, c’est un pays ?*)

***

 

DSC02045Dans un tout autre sujet, j’ai eu le plaisir samedi dernier d’avoir une église pour moi toute seule pendant une heure. En fait, j’avais demandé à l’accueil de ma résidence une « salle » pour répéter quelques danses, étant donné qu’ils m’ont engagée pour danser après-demain pour la fête de Noël. Apparemment, on n’a pas la même vision de « salle » (« practice room »). Un membre du staff m’a donc demandé de le suivre tout naturellement jusqu’à l’église protestante. « Voici l’endroit où vous allez danser » ( = juste devant l’orgue, avec une immense croix au-dessus). « Je vous laisse les clés, revenez me voir quand vous avez fini ». Ok, donc pendant une heure je DOMINE l’église ?! Waouh, j’étais un peu perturbée. Surtout quand les morceaux de musique de Bharata Natyam ont commencé à résonner à fond, le décor n’allait pas trop avec.

Donc samedi je refais la même, mais avec des gens et un costume en plus. Hihi, j’ai un peu peur quand même.

VOUS AVEZ DIT ABRUTISSEMENT ?

Je ne fais toujours rien de bien palpitant dans ma vie, donc vous aurez aujourd’hui le droit à un article bas de gamme, dont le thème tourne autour de la culture populaire-télévisuelle-commerciale japonaise. J’espère que Youtube fonctionne bien chez vous. Allez, c’est parti !

 

Elles sont malheureusement partout, sur des immenses affiches de pub « pour de la beer » (dédicace à Marie), à Shibuya à travers des haut-parleurs beaucoup trop puissants, à Harajuku avec leur « official shop ». Les AKB48, groupe industriel de J-Pop (pop japonaise) constitué de 48 jeunes femmes, dont le but est d’être à la fois mignonnes et perverses, avec des têtes d’enfants et des chorégraphies parfois douteuses. Le clip que je vous ai mis est plutôt soft à ce niveau-là, il y a moyen de trouver (vraiment) pire ! Et, pas de chance, même si la chanson est naze, on l’a dans la tête dès qu’on en entend un bout.

J’en avais déjà parlé. *ARASHI*. Eux aussi ils sont partout, dans toutes les pubs (bière, téléphones, électroménager, etc), dans toutes les émissions… En fait, ils ont carrément leurs propres émissions, leur prestige est sans limite (ou presque). Marie m’a fait découvrir quelques passages drôles de leurs shows tv, et leurs moments de gros délires valent le coup d’oeil. Finalement, je les apprécie, même si deux de leurs membres ont perdu toute crédibilité à mes yeux (pour des obscures histoires de publicité Mario, entre autres).

Un exemple de pub. « Aiba-chan » est un membre du groupe Arashi. Merci à Marie qui me l’a fait découvrir, ces 15 secondes me mettent de bonne humeur. D’après mon père, « c’est comme les pubs en France ». Oui… mais non ! En France il n’y a pas de chanteur qui tourbillonne sur lui-même d’une manière totalement ridicule pour se transformer en un super-héros qui va soigner un mal de gorge (et qui plie des vêtements une fois la tâche accomplie !). Oui bon d’accord, c’est pas fondamental dans la vie. Enfin, si ça ne vous fait pas rire, j’ai de quoi vous dépayser avec la suivante : 

 

Ça fait mal aux yeux, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, toutes les pubs ne sont pas comme ça ici. Sinon je pense que j’aurai eu une crise cardiaque depuis longtemps dans la cuisine, là où la télé est presque en permanence allumée.

Enfin, un clip de mon groupe local préféré, les Kanjani8. Ils ont récemment sorti un album fort sympathique, avec des chansons pas du tout sérieuses (dont une traitant d’un panda qui n’a plus faim). Marie et moi fredonnons souvent leurs airs ces temps-ci quand nous nous balladons dans la résidence.
Certes, ils ont l’air d’être dans un autre monde, il y a des constellations et des trèfles, leurs costumes sont douteux, ça a l’air un peu niais… mais c’est fort sympathique. Est-ce que vous trouvez comme Marie et moi que le premier chanteur est… bizarre ? (concernant le deuxième chanteur, celui avec la guitare et le costume vert, il est plutôt charmant n’est-ce pas ?)

Le dernier article du blog de Marie est également riche en vidéos de ce genre. Ouais ouais, en fait j’ai carrément copié l’idée de son article.
Voilà le flot de culture que nous recevons en permanence ici-bas. Je ne sais pas si ça affecte nos capacités intellectuelles, mais en tout cas Marie et moi avons remarqué que nous avions des difficultés croissantes à nous exprimer (« il y a des résidus radioactifs qui stagnent au fond, et qui rongent la paroisse », « on est dans le même dormitoire », « les mots qu’il faut que j’apprende »). Ça fait un peu peur. On commence aussi à franciser du vocabulaire anglais, ainsi « brochure » est devenue « pamphlet » pour Marie (sans compter la « beer »), quant à moi je parle de mes semblables en utilisant le mot « student », à prononcer à la française (« studan »). Mouais. Et dire que je donne des cours de français.