TIENS, ÇA BOUGE

DSC01937Je n’ai pas publié d’article la semaine dernière, honte à moi. En fait j’ai une bonne excuse : je dois bosser ! Moi qui croyais que dans cette fac sans pression ça allait être une année plus que tranquille, et bien non, le mois de novembre est particulièrement chargé… Entre mes cours de Japonais qui deviennent de plus en plus intenses, mon exam d’Egypte Ancienne, mon exposé sur la situation du français au Cap-Vert, mon dossier sur la controverse des manuels d’histoire japonais, et mes cours de français particuliers, je ne sais plus où donner la tête.

Du coup, je n’ai absolument rien fait d’intéressant ces dix derniers jours… à part vivre une accumulation improbable de tremblements de terre.

C’est un aspect vraiment particlulier de la vie au Japon que je n’ai pas encore évoqué. Pourtant, ça fait presque partie du quotidien. Généralement, les tremblements de terre qu’on ressent à Tokyo ne sont pas très puissants. J’ai remarqué que la majorité des épicentres se situent  près de Fukushima (!), ce qui fait qu’un séisme de puissance 4 là-bas est ressenti comme puissance 1 à Tokyo. La période de mi-octobre jusqu’à mi-novembre a été plutôt calme, avec uniquement un seul tremblement de terre que Marie et moi n’avons pas senti (parce qu’on faisait tranquillement du shopping)(sa grand-mère lui a téléphoné pour savoir comment ça allait). Marie m’a dit que lorsqu’on marchait, ils passaient inaperçus. Au contraire, lorsqu’on est alongés ou assis, on les sent bien, ça peut aller jusqu’à nous réveiller. Depuis la semaine dernière, il y en a presque un tous les deux jours…

Les séismes font tellement partie de leur vie que, c’est bien connu, les Japonais ont tout prévu pour. Que ça soit nos réunions d’informations du début de l’année sur « que faire en cas de tremblement de terre violent » (vous avez tous déjà vu cette image de Japonais qui foncent sous leurs bureaux), ou encore l’architecture spécifique adaptée aux tremblements, les Japonais ont l’habitude, ça se sent. Il paraît que lors du séisme de mars dernier, les bâtiments de ma fac ont juste un peu bougé.

Les tremblements de terre ne sont pas tous pareils. Certains sont très brefs, au point où Marie se demande si « sa voisine n’a pas fait tomber quelque chose de lourd par terre », d’autres, comme celui qui m’a réveillée à environ 4h30 du matin (saleté !), sont quand même plus longs… tout dépend de la magnitude, j’imagine. Quant à savoir si il faut plonger sous le bureau ou pas, je me suis fixé une règle : je me protège seulement si les objets commencent à trop bouger sur mon armoire. Ce qui n’est encore jamais arrivé pour l’instant…

Les séismes sont intéressants à vivre lorsqu’ils font partie du quotidien. Il s’agit de quelques secondes où le monde s’arrête, où rien n’est sûr… ça nous remet à notre place, en quelque sorte. Manon, une amie de sciences po Rennes qui étudie actuellement au Chili, vit à peu près la même chose là-bas. Elle m’a rapporté dans un mail les paroles d’un de ses amis Chiliens : « C’est un mal nécessaire. On a parfois besoin de se souvenir que la terre aussi a une vie. J’aime pas la sentir trembler, mais au moins on sait qu’elle est là ».  

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LA DÉBAUCHE TOKYOÏTE

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Après en avoir lu une description sympathique dans le Lonely Planet, Morgane nous a proposé de sortir faire un tour du côté des bars du Golden Gai. Le Golden Gai, c’est une série de mini-ruelles plutôt sombres remplies de bars en tout genre. Marie m’avait parlé de cet endroit, soulignant le fait que sa mère jugeait cet endroit plutôt mal famé. C’est vrai qu’il n’est pas situé n’importe où : en plein dans le Kabukichô de Shinjuku, c’est-à-dire dans le quartier de la débauche. La description de Wikipédia est assez explicite : « quartier chaud le plus célèbre de Tokyo, avec notamment des love hotel, des strip shows et des lieux de prostitution » / « la capitale du sexe » / « quartier des Yakuzas, la pègre japonaise ».

DSC02027Le décor est donc planté. Sur place, pendant qu’on essaye de trouver notre chemin (à savoir le bar « La Jetée », pour lequel notre quête fut vaine) on constate la présence flippante de nombreux bars à hosts et à hôtesses, lieux au concept plutôt pervers : il s’agit de choisir la personne qui va nous tenir « compagnie » en fonction de son physique, et de boire des verres avec elle (bien sûr le but de cette personne est de faire boire un maximum le client, donc de le faire payer). La photo ci-contre illustre ce genre de bar à hosts, le garçon qui doit tenir compagnie à la femme en manque d’attention doit être choisi parmi cette sélection. Urg.

Bien entendu, de tels endroits ne sont pas le but de notre excursion. Après avoir erré entre les bâtiments voués à la débauche, nous finissons par atterrir dans une série de ruelles sombres : le Golden Gai. Chaque bar a l’air d’avoir son propre caractère. Certains sont vraiment minuscules, avec cinq places uniquement… il vaut mieux être un habitué. Après avoir fait un premier tour, nous choisissons d’aller nous poser dans un bar nommé « Flamenco Nana », qui, comme le nom le suggère, a pour thème le flamenco.

DSC02030Une des ruelles du Golden Gai

Ce fut un excellent choix. L’ambiance du bar était très particulière, avec six personnes (dont nous, quatre Françaises) dans environ 12m², des morceaux de flamenco qui sortaient du haut-parleur, des murs entièrement recouverts de signatures, l’odeur étrange de la cigarette du barman, un plafond magique peint dans des couleurs ocre et sombres… Le barman, En de son prénom, nous raconte l’histoire de ce bar, qui appartenait il y a longtemps à Nana, une Japonaise danseuse et chanteuse de flamenco. Les signatures qui recouvrent tous les recoins du bar (y compris la clim, le haut-parleur et les lampes) sont celles de tous les Espagnols qui sont passés par ce bar. Parfois des gens viennent ici se rassembler pour jouer de la guitare, et chanter en coeur dans cet espace pourtant si restreint. En explique qu’il joue de la guitare tous les 7 juillet en l’honneur de la défunte Nana, puisque « Nana » signifie entre autres « sept » en japonais.

Nous ne voyons pas le temps passer. La faim commence à gagner certaines d’entre nous. Nous quittons donc le Flamenco Nana et partons à la recherche d’un restaurant de Ramen conseillé par le Lonely Planet, que nous trouvons après avoir erré longuement et désespérément dans Shinjuku. La nuit, ce quartier est encore plus animé qu’en plein jour : des millions de jeunes se baladent en groupe, beaucoup moins timides qu’à l’ordinaire. Les bars, salles de jeu, karaokés, et restaurants sont tous illuminés et animés. L’ambiance sonore est assez difficile à décrire, entre rires, hurlements, musiques criardes, … Mais comme l’a dit mon professeur de Sociology of Japanese Culture and Society, « dans les villes comme Tokyo, il y a de l’ordre dans le chaos ».

SURVIVRE AU FESTIVAL DE WASEDA

C’est l’évènement de l’année. Le « Waseda-sai » (festival de Waseda) rassemble chaque année une quantité infinie de personnes sur le campus, avec des stands plus ou moins improbables et des spectacles en plein air. Marie m’avait prévenue : « Il paraît qu’on peut à peine marcher ». La foule serait donc encore plus dense qu’un dimanche à Harajuku ? OUI !

Nous avons donné rendez-vous en bas de mon temple à deux locaux pour nous accompagner pendant cette épreuve : Amane et Seira. Et c’est parti, nous nous trouvons un chemin dans la foule déjà compacte. Le campus est métamorphosé : en dehors de la population multipliée par 10 000, de la musique résonne à plein tube, des gens hurlent pour nous attirer à leurs stands, des odeurs de nourritures s’échappent des petites échoppes en bord de chemin… c’est géant. Sans compter la scène en plein air sur laquelle défilent non-stop divers groupes de danse.

DSC02004Le campus en suractivité, avec au milieu la statue du fondateur, imperturbable

DSC02005Une équipe de gagnants. De gauche à droite : Seira, Amane, Marie

On décide de commencer soft en allant s’attabler à un stand qui fait café, et qui propose gratuitement des thés assez inconnus. J’ai choisi un thé des Philippines (en hommage à mes bananes que je mange quotidiennement), qui était fort bon. Nous continuons ensuite d’errer plus ou moins sans but, en atterrissant aléatoirement dans un stand de gaufres, sur des tables d’un bâtiment obscur, dans une rue vide pour retrouver une Chinoise, dans une scène en plein air avec une performance de break-dance et un dinosaure caché dans le public, dans un stand de « nourriture égyptienne », … Finalement, après les visites d’un stand inutile hispanico-braderie(?!) et d’un stand sur le Népal, nous nous posons sur des marches (juste devant un humain à la tête de robot) pour permettre à mes camarades carnivores de manger leur viande d’intestin/utérus/estomac (au choix), pendant que je sirote tranquillement mon chocolat chaud à la banane.

L’heure de la danse indienne arrive ! J’étais venue en partie pour ça, pour aller voir la performance d’une gentille Japonaise, Yumi [Flashback : j’ai mangé avec Yumi mercredi dernier, et j’ai découvert qu’elle faisait partie de la troupe de danse indienne de la fac. Passé le choc de découvrir que l’Inde est représentée ici, je lui ai naturellement dit qu’il s’agissait d’une de mes passions, ce à quoi elle a répondu que je devais aller voir le spectacle de samedi, et qu’après j’avais intérêt à venir aux sessions danse pour leur apprendre des trucs, « parce qu’on n’a pas trouvé d’étudiante indienne ici »]. La performance fut assez courte, et enchaînée bizarrement avec des gens habillés en latino dansant sur du Shakira. Mais c’était sympa ! Ensuite est arrivée ma danse préférée depuis que je suis au Japon : la danse du pêcheur ! (encore désolée pour les têtes du premier plan dans la vidéo qui suit, mais malheureusement je ne fais toujours pas 1m80)

 

 

On décide ensuite d’aller dans un café (« Le chat noir ») qui vend des glaces de malade à prix raisonnables. Et c’est parti pour un sudae géant au chocolat. Merci la vie. Oui, on avait besoin de reprendre des forces, parce que la suite du programme est… un karaoké !

Par rapport au premier karaoké que j’ai expérimenté, celui-là était plus petit et moins moderne, mais beaucoup moins cher, et puis je m’y suis nettement plus amusée (la première fois, les 3/4 des gens présents m’étaient inconnus, alors…). Les deux heures sont passées si vite ! Au programme : Bacstreet Boys, Shakira, Rasputin, Aux Champs Elysées, Destiny’s Child, Police, Ricky Martin… j’ai également tenté du rap chinois (échec). Et bien sûr, les tubes de pop japonaise ne sont pas passés à la trappe. J’ai donné tout ce que je pouvais sur mes deux chansons du moment, révélées grâce à Marie bien entendu (cliquez sur ce lien si vous osez : link)(ouais, j’ai un peu honte). Suite à une réclamation de Marie, et également parce que je ne suis plus à ça près en ce qui concerne mon intégrité, voici également la seconde chanson, que vous connaissez déjà si vous avez lu l’article « To be or not to be radioactive » : link .

AUTRES PHOTOS DE LA JOURNEE

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Un exemple de danseurs costumés // L’Egypte, c’est comme les bananes : ça me poursuit

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Attention à ne pas se perdre // Et là, un drapeau de la Corée du Nord et un drapeau communiste qui se baladent.

VIDÉOS BONUS DE LA VIE DU CAMPUS

Depuis que j’ai aperçu pour la première fois des pom-pom girls ici à l’université de Waseda, je suis sous le choc. En France, c’est difficile d’imaginer ce genre de choses dans « l’enseignement supérieur ». Bon, certes, il y a des poms-poms à Sciences Po, mais… ce n’est pas vraiment la même chose. Celles de mon campus sont vraiment des « cheerleaders » à fond, elles ne plaisantent pas.

Voilà en vidéo pour que vous vous rendiez compte de l’ampleur du truc. Désolée pour la piètre qualité de la vidéo, pour les tête devant et pour l’angle un peu naze. Mais c’est l’ambiance qui compte. Là elles étaient en train de faire une démonstration de ce qu’elles vont faire au festival de Waseda ce week-end.

 

 

De temps en temps j’admire leur efficacité et leurs performances impeccables, mais souvent leur hystérie et leurs sourires figés me font peur…

Les poms-poms au masculin existent aussi ! Malheureusement ma vidéo était trop mauvaise pour que j’ose la publier.

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Voici maintenant une autre vidéo prise la même journée : des jeunes hommes Japonais qui ont décidé de s’éclater sur de la pop mielleuse. Je m’excuse encore pour ces têtes au premier plan. Mais regardez la vidéo jusqu’à la fin, le meilleur arrive quand je zoom sur le fou tout à droite, qui mine de rien est maxi doué dans le domaine « imitation de pétasse de J-Pop ».

 

 

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Et pour finir, cette vidéo arrive un peu tard, mais voici un aperçu de l’ambiance du match de baseball de dimanche dernier. On y retrouve nos amies les poms-poms. Bon, en fait le match n’avait pas encore commencé (le personnel peaufinait encore le terrain). Merci Marie pour le mot vulgaire qu’on entend dans la vidéo ! x)