"ON LES AIME JUSQU’À L’AUBE, BÉBÉ"

Cette soirée avait pourtant bien commencé… Après mon cours de salsa (et ouais), Marie et moi sommes allées rejoindre hier soir Simon, l’un de nos contacts français expatriés. Lieu de rendez-vous : Shibuya, toujours ce quartier en effervescence avec des Japonais bruyants et festifs. Au programme : burgers, english pub, critique des Japonais et des Allemands et des Anglais.

Vers minuit et demi, le bar se videDSC01847 et va fermer (les Japonais sont déjà chez eux à cette heure-là, voyons), il est temps de rentrer. Les transports la nuit à Tokyo, ce n’est pas folichon, mais il paraît que la ligne Yamanote, celle que l’on utilise principalement pour nos déplacements et qui fait le tour de Tokyo sans s’arrêter, circule en permanence. Direction la gare de Shibuya, donc.

Soudain, un message dans le haut-parleur… heureusement, Marie comprend le japonais, et nous annonce que le dernier train qui part dans quelques minutes se dirige vers Shinagawa. « Oh zut, pour nous c’est l’autre direction… ça veut dire qu’on va devoir faire presque un tour complet de la ligne avant d’arriver chez nous ». Aaahh, si seulement…

Parce que ça semble trop galère pour lui, Simon décide de rentrer à pied chez lui, moyennant une petite demi-heure. Pour Marie et moi, ça serait plutôt de l’ordre de deux heures, donc tant pis on monte dans le train. Erreur. Marie commence à me faire peur : « ce qui ne serait pas drôle, c’est que le train s’arrête à Shinagawa, et ne continue pas son tour de la ville… ». Ouais, ça serait marrant, parce que Shinagawa c’est vraiment à l’autre bout de chez nous, ce que signifierait qu’on serait coincées là-bas en pleine nuit.

L’intuition de Marie était la bonne ! Le train nous fait descendre à Shinagawa, les policiers sont même là pour faire sortir du wagon les récalcitrants qui dorment. Maintenant, nous n’avons pas vraiment le choix… prendre un bus de nuit ou autre transport nocturne ? Non, ça n’existe pas ici (dingue). Le Love Hotel ? Marie et moi on s’apprécie, mais quand même. Le taxi ? Beaucoup trop cher. Rentrer à pied ? On mettrait plus de 4h… cette ville est trop grande.

La seule option restante est d’attendre le premier train demain matin, à environ 4h40. Mais où allons-nous en attendant ? On ne vas pas rester à la gare qui de toute façon va peut-être fermer, sans compter les innombrables êtres semi-humains totalement émechés qui sont semés sur le sol, émettant parfois des grognements. Il n’y a rien à faire à Shinagawa maintenant… oh, un Mac Do ! Je n’ai jamais pensé que le Mac Do me donnerait un jour un sentiment d’espoir… Mac Flurry saveur Oreo pour moi, hanburger-frites pour Marie. DSC01852

Mais le Mac Do va fermer, il s’agit maintenant de trouver un banc. L’arrêt de bus fera l’affaire. Et c’est parti pour environ deux heures de bavardages avec un chat, de piqûres d’insectes, de répertoire musical toujours très pertinent. Chansons de dramas japonais, Fatal Bazooka (on ne s’en lasse pas), Usher, Shakira, Yannick (cf le titre de l’article)… il faut bien qu’on mette un peu l’ambiance. Surtout qu’il fait de plus en plus froid, on n’avait pas prévu ça.

L’heure de la délivrance arrive ! La gare de Shinagawa est comme on l’avait laissée, à quelques vomis de salarymen près (dont un vomi violet fluo… heum). Il y avait vraiment du monde dans ce premier train, c’est assez hallucinant. Des gens normaux qui vont au travail, des pépés, de rares  jeunes femmes venant de finir leur soirée… Le train est déjà bien rempli à 5h du matin, c’est fou.

« Takadanobaba ». Comme le nom de notre station sonne doux à nos oreilles ! Sur la vingtaine de minutes qui nous sépare de notre gare jusqu’à notre résidence, l’aube a le temps de se pointer…

 

Pour ceux qui ne comprennent pas la référence du titre :

 

 

LES JOIES DE LA FAC JAPONAISE

Les cours ont repris… ça fait bizarre de re-rentrer dans le rythme, mais c’était nécessaire ! Cela fait donc deux jours que j’assiste à quelques cours dans le campus immense de la Waseda University.

 

Civilisation de l’Egypte Ancienne : j’adore ce cours d’avance. Notre prof est un égyptologue qui est vraiment passionné. En cours on va évoquer les différentes dynasties, la religion, la médecine, la place des femmes… les thématiques ont vraiment l’air intéressantes ! Sans compter que le prof nous a dit qu’il nous apprendrait à écrire notre nom en hiéroglypes, et à faire des momies aussi (mais pas avec un vrai cadavre, ça lui « fait peur »). Dans son power-point d’introduction, il a mis des pyramides, des chameaux, et une photo d’Indiana Jones. C’était drôle.

Japonais intensif pour niveau 1 : on est 10 en cours, c’est parfait ! Je ne suis pas si à la masse que ça, on reprend les bases en japonais depuis le début, c’est au fur et à mesure que ça va devenir complexe. Le professeur, est gentil (et beau), il essaye de nous parler qu’en japonais, c’est efficace. Je suis la seule représentante européenne dans ce cours qui est surtout constitué de Coréens et Chinois.

Introduction à la Francophonie : le professeur, Français, est intéressant et très impliqué auprès de ses élèves, il a l’air d’être un bon prof. Nous sommes une quinzaine en cours, ce qui est très peu, mais du coup il y a déjà une petite ambiance familiale. Nous nous sommes tous présentés un par un (« Hello everyone, my name is Maureen… and I’m French blabla »). Quand j’ai évoqué Rennes, beaucoup semblaient connaître ! C’est très rare, en général on me demande surtout « Paris ? Lyon ? Bordeaux ? » (enfin plutôt « Pali ? Liiion ? Boroudo ?). En ce qui concerne le contenu du cours, ça s’annonce vraiment intéressant.Tout bénéf, donc.

137e3Mascotte de la Waseda University, ou « ours qui fait la gueule »

Il y a quand même un hic à ces cours à la japonaise : les bouquins ! Il y a des lectures obligatoires chaque semaine, ce qui sous-entend qu’il faut les acheter… j’en ai déjà eu pour 60€ rien pour les livres de langue japonaise, et il paraît que mon livre pour le cours de Politique étrangère coûte 80€… sniif

Ce qui change également avec la méthode d’enseignement française, c’est qu’il faut vraiment donner la preuve du travail régulier, par exemple avec des comptes-rendus de la séance précédente et/ou des résumés des chapitres à lire, chaque semaine… mais c’est pour notre bien, on y croit !

Mon petit bonheur de la journée : pendant que je cherchais Marie au rez-de-chaussé d’un bâtiment immense, une Japonaise en 4ème année et sa mère sont venues spontanément me parler, parce que j’étais étrangère… juste pour faire connaissance, pour savoir d’où je viens et tout. Ça m’a fait énormément plaisir !

KAMAKURA ET BIG BUDDHA

Dernière journée avant la rentrée… c’est le moment de faire une grande excursion. Avec Marie, nous sommes donc allées aujourd’hui à Kamakura, ville tout à fait charmante située à l’extérieur de Tokyo. Il nous faut environ une heure de train avec deux changements pour rejoindre cette capitale de l’époque moyen-ageuse, ce qui nous laisse le temps de sortir un mp3 pour écouter de grands classiques musicaux (K-Maro, Fatal Bazooka, Daddy DJ et autres tubes inutiles).

La petite gare à laquelle nous débarquons nous plonge déjà dans l’ambiance… elle est toute petite avec ses deux quais, entourée de végétation, et de maisons traditionnelles. Nous voilà loin, très loin de l’ambiance de Tokyo avec ses gares qui s’étendent à perte de vue au milieu du béton. Dès la sortie de la gare, un itinéraire touristique nous indique où nous diriger pour commencer notre expédition. On se rend compte rapidement que les temples ici sont payants… ça nous réfrène un peu, on va plutôt sélectionner les lieux incontournables. On choisit de visiter en premier le temple Kencho-ji.

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Ce temple, dont la construction a été achevée en 1253, est le monastère zen le plus ancien du pays. Son architecture en bois est assez impressionnante. A l’intérieur du bâtiment de prière, on pouvait voir de grands draps colorés suspendus au plafond, qui tranchaient avec la sobriété des couleurs du lieu. Même si il n’y avait pas beaucoup de monde, on sentait que le lieu était vraiment touristique…

Après cette visite, Marie et moi nous marchons vers le centre-ville (ce qui prend du temps, mais comme depuis deux semaines nous sommes devenues des reines de la marche, rien ne nous fait peur). Sur notre chemin, on aperçoit de temps en temps des temples à visiter sur notre droite… il y en a plus d’une trentaine dans le coin, d’après mon plan !

Nous traversons une rue entièrement dédiée au shopping de touristes, avant d’atterrir à la gare principale de Kamakura, près de laquelle nous trouvons un endroit pour manger (un genre de fast-food italien, pas très local, mais pas mauvais et bon marché).

Une fois requinquées, nous voilà de retour sur les sentiers. L’objectif est maintenant l’attraction principale de Kamakura : le bouddha géant, de son vrai nom le Daibutsu.

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Nous nous attendions à une statue encore plus grande, mais finalement ce bouddha est quand même impressionnant. La masse de touristes ne fait pas perdre sa magie au lieu : le visage grave du bouddha en impose. L’encens qui brûle à ses pieds rappelle qu’il s’agit d’un lieu spirituel. Derrière la statue et la cour du temple on trouve un endroit avec des arbres et des pierres sur lesquelles se reposer. Nous nous y attardons, la fatigue nous faisant délirer sur les diverses scènes qui s’offrent à nous yeux : de ravissants bambins japonais, une gamine aux chaussures émettant un « pouic pouic » horrible à chaque pas, un jeune couple qui semble réussir à dormir en position assise…

Cette excursion touche à sa fin, nous voilà reparties pour une dernière séance de marche en direction de la gare. Il s’agit maintenant de prendre le bon train, ce qui n’est facile avec ces trajets qui se divisent et ces multiples trains express… mais on a la classe, on réussit du premier coup malgré les nombreux doutes.

 

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Demain, c’est la rentrée ! Ça fait un peu bizarre de me dire que je vais reprendre les cours… les choses sérieuses commencent, c’est en quelque sorte la fin de la période d’adaptation !

Voici mon emploi du temps :

Lundi : 13h-14h30 Civilisation de l’Egypte Ancienne / 14h45-16h10 Lire la société japonaise (cours de langue)

Mardi : 9h-12h10 cours de japonais (et boum trois heures d’un coup) / 14h45-16h10 Introduction à la Francophonie

Mercredi : 13h-14h30 Civilisation de l’Egypte Ancienne

Jeudi : 9h-12h10 Politique étrangère du Japon / 13h-14h30 Vivre au Japon (cours de langue)

Vendredi : 9h-12h10 cours de japonais (re-boum) / 13h-14h30 Sociologie de la culture et de la société japonaises

Samedi : 9h-10h30 cours de japonais

Globalement, c’est beaaauuucoouuup plus tranquille qu’à l’IEP ! Mon emploi du temps me laisse plutôt libre l’après-midi, ce qui me laissera le temps de : 1)rejoindre le club de salsa de l’université 2)rejoindre le club de chinois interactif de l’université 3)rejoindre le club d’activités internationales de l’université 4)de me trouver un job à temps partiel pour financer mes loisirs 5)de zoner encore et encore dans Tokyo.

LA VIE NE S’ARRÊTE PAS AVEC UN TYPHON

Je n’avais jamais vu ça de ma vie : des arbres impuissants face aux vents violents, une pluie torrentielle interminable, les fenêtres qui vibrent… Après le tremblement de terre de la semaine dernière, il était temps de voir ce que pouvait offrir d’autre ce pays en matière de catastrophes naturelles. C’est comme ça que j’ai expérimenté hier mon premier typhon, typhon de force 15 (c’est beaucoup) qui a balayé tout le Japon, allant jusqu’à provoquer des inondations et empêchant de nombreuses personnes de rentrer chez eux, ou d’en sortir.

Mais ça, c’était hier. Ce matin, grand ciel bleu, températures reparties à la hausse. Et les cours n’ont toujours pas repris. Marie, on va où aujourd’hui ? A Roppongi, avec une Américaine et un Allemand ? Ok ! On passe par Omotesando, la rue chic-européenne de Tokyo, où j’étais censée obtenir un téléphone portable (mais ce fut un échec *soupir*). Omotesando, ce sont des marques de luxe juxtaposées dans une grande rue extra-large. Un peu comme les Champs-Elysées, en fait.

DSC01761On peut y trouver des choses étonnantes, comme cet endroit ci-contre qui vouait un culte au caviar. Il y a très peu de Japon dans cette rue, c’est comme si il s’agissait d’un espace dédié à la consommation de luxe à l’Occidentale. Il faut remonter plus haut pour voir des créateurs japonais, et des boutiques qui commencent à proposer des articles qui sortent de l’ordinaire, sur le modèle Harajuku.

Plus on arpente la rue, plus elle rétrécit, plus on se demande si on va finir par tomber sur un boulevard qui nous permettrait de rejoindrre Roppongi, le but de notre excursion. Soudain, sur notre droite, un cimetière japonais… Quelle belle découverte ! Cet endroit était désert, à la fois sauvage et ordonné, avec sa végétation rebelle et ses stèles de pierres bien droites. On s’attarde pour contempler, on prend des photos. Mes trois camarades se font au passage piquer comme des malades par des moustiques. C’est vrai que l’air devient de plus en plus humide… la pluie reviendrait-elle à l’horizon ? Finalement, ça donne du charme à notre promenade.

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album « Roppongi area » pour plus de photos du ciemtière

Nous réussissons à atterrir à Roppongi une bonne demi-heure plus tard, sous la petite pluie radioactive. On se met donc à l’abri à Roppongi Hills, place avec des tours modernes, à la fois lieu de divertissement (commerces, restaurants) et de travail (bureaux – notamment ceux de « Pokemon’s communication » !).DSC01783 Du haut de la tour Mori, il paraît qu’on a un panorama grandiose sur la ville. Dommage, c’est payant (et cher). Nous faisons donc demi-tour… tout en ne sachant plus quoi faire dans ce coin qui fait un peu peur, avec ses salons de toilettage de chiens, et ses chats en vitrines dans des compartiments en verre (brrr). 

Je retiens également de Roppongi les vraies toilettes à la japonaise, avec ses boutons qui permettent, au choix, de se faire laver le derrière avec un petit jet d’eau, d’émettre une petite musique qui couvre les ploufs ploufs non élégants, ou de chauffer le siège (ah non en fait cette option n’est plus disponible car le gouvernement a demandé de faire des économies d’électricité).

UN DINER PRESQUE PARFAIT

[Avertissement :  la soirée mémorable que je viens de passer ne sera pas illustrée par d’authentiques photos (parce que je n’en ai pas prises, tout simplement), mais par divers clichés plus ou moins pertinents trouvés sur internet]

 

*Flash back*

Samedi 17 septembre, Marie et moi avons passé l’après-midi avec deux autres Français de Tokyo trouvés via un site d’expatriés, Benjamin et Simon. A la fin de la journée, nous projetons de nous revoir un de ces quatre.

Benjamin propose plus tard par mail d’aller dîner chez Taka, un ami japonais à lui qui fait des études en cuisine, et qui parle très bien français. Mais Marie ne peut pas venir, c’est donc seule que je vais rejoindre les trois jeunes hommes pour un dîner qui s’annonce sympa.

 

Benjamin nous a prévenu : Taka aime cuisiner français. Mais pour l’occasion, le premier plat sera japonais. Nous voici donc avec du tofu cuit dans de la sauce soja sucrée caramélisée avec des champignons. C’est d-é-l-i-c-i-e-u-x. Taka, lui, n’a pas mis de couvert pour lui. Il mange sur le pouce, trop occupé à faire le reste de la cuisine, tout en venant nous parler de temps en temps.

nice-news-1335Deuxième assiette : Taka plante devant nous une salade niçoise qui a l’air divine. Et elle l’est. Et manger une salade niçoise avec des baguettes, c’est une expérience. Pendant ce temps, la conversation va bon train. Et de manière totalement imprévisible, Taka nous sort « La France, tu l’aimes ou tu la quittes », ainsi que toutes les phrases qu’il a appris par coeur lors de son année en France, du genre « La France aux Français », « Je ne suis pas ravi de vous rencontrer ». Je vous jure, entendre ces phrases de la bouche d’un japonais, avec son accent et tout, ça vaut le détour. Et il fait ça sur le ton de l’humour, il comprend l’enjeu qu’il y a derrière !

Troisième plat : un petit bol de purée, extrêmement fine, légère… un régal. Taka n’est pas consciencieux uniquement dans sa cuisine : dès qu’il veut mémoriser une phrase en français, il la note sur une feuille. Il a du remplir 3 pages dans la soirées. Mais il n’y avait pas que du sérieux… nos sujets de conversation ont parfois dérivé. Pour l’instant, on parle des Japonais au travail : pour lui, les Japonais sont des gens qui pensent avant tout à travailler, le reste vient après. Il n’aime pas ce mode de vie, il préfère la mentalité française, selon laquelle on fait le travail obligatoire nécessaire, et on s’en va. Comme ça, on a le temps pour « l’amour avec les femmes ». Un centre d appel au Japon

Quatrième plat : des « dancing mushrooms » (champignons dansants – ne me demandez pas pourquoi) marinés dans quelque chose de très bon. Raaaah mais ce repas est interminablement délicieux. Taka nous parle de la blague qu’on faisait avec son nom en France : « T’as qu’à tout quitter » (vous savez, la blague comment dit-on « déshabille-toi » en japonais ?). Il a enfin le droit à l’explication ce soir. Et on enchaîne sur les Chinois (Chinnnnn-toc).

Cinquième plat : blanquette de poulet. Enfin, plutôt une ratatouille de poulet. Mais quand même, c’était délicieux, et parfaitement relevé (enfin sans poulet pour moi, mais vous aviez compris).

Sixième et dernier plat, le dessert : des parts de gâteaux du restaurant où il travaille à Tokyo. Je choisis une part de tarte à la figue qui était juste divine. Et pour l’apothéose de la fin du repas, il nous concocte du thé qu’il mélange lui-même dans une casserole à partir de différents thés, indiens précise-t-il. Entre-temps, on a évoqué les toilettes publiques. Bah oui, au Japon elles sont partout et elles sont toutes gratuites, alors qu’en France elles sont payantes. Le jour où Taka a demandé à quelqu’un si il avait un euro parce qu’il « devait faire caca », on lui a répondu « fais-le ici ». « Il se fichait de moi. Quand je ne peux pas faire caca, c’est la crise » (de la bouche d’un japonais, vraiment c’est la meilleure chose que j’ai entendue de ma vie).sanisettes

Il nous sert la boisson traditionnelle japonais pour finir, du thé vert glacé. Vient le moment de partir… Benjamin nous avait prévenu qu’il demandait à chaque invité une participation modeste de 500yens (environ 5€). Son principe est vraiment adorable : il prend la pièce de 500yens, demande à la personne d’écrire son nom en petit sur une feuille (quand il a lu « Maureen », ça a donné « Maquereau »… heum), et la scotche sur la pièce en question avant de la glisser dans sa grosse tirelire. Cette tirelire servira un jour à ouvrir son propre restaurant en France… si c’est pas du rêve, ça !

ASAKUSA, TEMPLE DE LA CONSOMMATION

Deux associations étudiantes s’occupent des nouveaux venus étrangers à Waseda. Hier, ils ont choisi d’organiser un « Tokyo tour », avec différents groupes visitant certains coins connus de la ville. J’ai choisi de prendre l’excursion « Ueno-Asakusa », l’un des derniers lieux phares qu’il me restait à visiter.

Et nous voilà en mode colonie de vacances, tous groupés dans le train et dans la rue, encadrés par les étudiants japonais, qui viennent de temps en temps se présenter à la coutume japonaise. Je rencontre encore d’autres Français, nous échangeons nos impressions sur cette nouvelle vie japonaise. Lorsque nous arrivons à l’entrée du parc Ueno, l’heure est venue d’aller manger. Nous sommes séparés par groupes, adios les Français, me voici avec un gang de trois Finlandaises et de trois Californiens aux yeux bridés.

DSC01732 Le repas fini, nous sommes conduits dans un immense marché en ébullition… Je n’en revenais pas : des Adidas toutes neuves qui côtoient des pieuvres séchées et des parfums de luxe, des machines à jeux, des bijoux bling-bling, des épices étranges, un stand Kebab…

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L’ambiance était bruyante au possible, les marchands n’hésitant pas à s’époumoner et à taper des mains pour vanter les mérites de leurs produits. Les galeries se croisent et s’entrecroisent… cet endroit est immense, c’est fou !

Du coup, la visite prolongée de ce marché ne nous a pas laissé le temps de visiter le célèbre parc Ueno. Tant pis, ce sera pour une autre fois ! Nous rejoignons les autres groupes afin d’aller ensemble à Asakusa, quartier connu pour son immense temple et sa rue commerçante qui y conduit.

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Ici, les boutiques touristiques pullulent : éventails (j’en ai acheté un magnifique !), poupées kokeshi, yukatas, cartes postales, gadgets de téléphone portable… sur au moins 100 mètres s’alignent ainsi des boutiques en tout genre. Le mélange spiritualité/tourisme ne pose aucun problème.

Au bout de cette rue animée : le temple d’Asakusa, imposant. avec son architecture et sa couleur rouge. La foule se presse à l’intérieur, je suis le mouvement. Un Californien m’explique le principe de la prière ici : on lance la pièce de 5 yens, on frappe deux fois dans ses mains, on joint les mains en prière, on s’incline. Marie me l’avait déjà évoqué à Meiji-Jingu. (désolée, vous n’aurez pas d’aperçu de l’intérieur du temple à cause de la mort subite de la batterie de mon appareil photo)

Cet endroit m’a laissé une impression étrange… il s’agissait d’un temple, endroit normalement entouré de spiritualité et de calme, mais ici il y avait tellement de commerces ambulants, de monde, de bruits que je me suis demandée comment cet endroit pouvait encore être un lieu de culte… Les Japonais ne semblent pourtant pas dérangés le moins du monde, chacun y venant adresser sa prière après un petit tour par les boutiques.

 

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Le soir venu, une des associations étudiantes nous emmène dans un izakaya, c’est-à-dire un endroit où, pour 25€ l’entrée, on peut manger et boire à volonté, le tout assis en tailleur sur des coussins rouges, avec des tables ultra-basses (ça demande d’ailleurs pas mal de contorsions au début). Chic, je suis à côté d’une Américaine végétarienne ! Elle connaît le même désarroi que moi face à ces innombrables brochettes de boeuf, ces tranches de viande éparpillées dans la salade, et ces crevettes nageant dans les nouilles. Arrive un plat de frites-ketchup. C’est parfait pour nous. Ah, il faut manger ça avec les baguettes aussi. Ok, c’est parti ! Au niveau des boissons, la bière locale Asahi trônait en maître sur les tables, entourée de liquides alcoolisés colorés, dont mon préféré le « midori » ( = « vert » en japonais, on l’appelait comme ça parce que personne, même les Japonais, ne savaient réellement ce qu’il y avait à l’intérieur). La soirée a commencé à 18h, ce qui fait que vers 20h, les trois-quart de la salle étaient déjà à la ramasse. Ils sont fous ces Japonais.

ON N’A PAS ENCORE TOUT VU

C’est dingue le nombre de quartiers qu’il y a à visiter dans cette ville… Et donc, pour continuer sur le mode « on profite de la période pré vacances pour vagabonder gentiment », Marie et moi sommes allées rejoindre avant-hier deux autres Français expatriés afin d’explorer le coeur de Tokyo (voir l’album du même nom).

DSC01679Au programme, promenade dans les jardins impériaux. La partie des jardins ouvertes à la visite est bien sympa, bien qu’on n’y aperçoive rien qui fasse vraiment impérial… Mais après tout, on n’en a pas visité la totalité. Bref, ces jardins sont plantés au milieu de buildings, ce qui fait un décor un peu bizarre mais fort intéressant lorsqu’on monte un peu en hauteur.

Prochaine étape : la gare de Tokyo, au coeur du coeur de la ville. On traverse des buildings, on découvre des curiosités (et des mochetés) architecturales, on explore… Pas de chance : la gare de Tokyo est en travaux, on ne verra donc pas la façade de ce bâtiment qui a l’air pourtant ô combien agréable à l’oeil, avec son style un peu colonial.

Pour compenser, notre escapade nous a offert à Marie et à moi un moment de joie : atterrir sur le tournage d’un drama japonais. Mais c’est quoi, un drama japonais ? C’est une série télé d’environ 10-12 épisodes de 45mn chacun, et qui font fureur dans l’industrie du divertissement ici-bas. Et l’acteur que nous voyons n’est autre que le beau Nishikido Ryo (link)

DSC01695Oui bon ok, sur cette photo on ne voit pas grand-chose… N’empêche qu’on est passé super près, et quand j’ai voulu prendre un cliché plus près de la scène, un mec avec son bâton/sabre laser rouge me l’a formellement interdit. Tant pis, on se contente de regarder. Marie est perturbée, elle vient d’apprendre un nouveau dénouement inédit de cette série.

Sinon, on continue de marcher (on aura crapahuté 5h au total ce jour-là, respect quoi), et on zone entre les buildings (en passant par un temple, aussi), qui commencent à s’illuminer au fur et à mesure que le jour tombe.

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C’est ce qu’on appelle une vraie ambiance tokyoïte. Marie et moi rentrons fatiguées mais satisfaites de cette journée fort sympathique entre frenchies expatriés.

A propos de Marie, il me semble qu’un certain cliché a sa place ici dans mon blog :

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Il s’agit du résultat d’une séance de Purikura faite à Harajuku. Le Purikura, ça consiste à rentrer dans une cabine photomaton, choisir des options plus improbables les unes que les autres (ex couleur du fond, taille des yeux), se faire prendre en photo, passer dans la cabine d’à côté pour ajouter un nombre infini de fioritures ultra glamour. Et tadaaam, voilà le résultat ! On est mignonnes, hein ?

MEIJI JINGU, VERDURE ET RECUEILLEMENT

Cet endroit est presque irréel : là, au coeur de la bouillonnante métropole tokyoïte, juste à côté du quartier jeune Harajuku, il y a Meiji Jingu. Meiji-Jingu, c’est un temple immense entouré par un grand parc tout verdoyant. C’est là que nous allons Marie et moi en début d’après-midi.

DSC01652Ci-dessus, l’entrée du parc. Je vous invite comme d’hab à aller voir l’album en entier, c’est assez incontournable comme endroit ! Les chemins du parc sont très larges, bordés d’arbres immenses qui nous font de l’ombre très agréable. Et soudain, sur notre gauche, des tonneaux de vins français. « Mais qu’est-ce qu’ils font dehors ? Au soleil ?! » Marie a raison, ce n’est pas vraiment un endroit pour garder des vieux vins ! En face, probablement des tonneaux de saké qui, il faut l’avouer, sont bien plus exotiques à nous yeux d’occidentaux.

DSC01656Mon appareil photo a un sérieux problème avec la luminosité, arrrgh ça fait pas joli sur beaucoup de photos !

Bref, en suivant le chemin, nous finissons par arriver sur le temple lui-même. Moi qui n’avais connu jusque-là que « mon » temple de quartier, la taille de celui-là me coupe le souffle ! La disposition me fait beaucoup penser aux temples indiens, avec une grande cour carrée épurée, et la divinité retranchée au fond, à l’intérieur.

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Il a une chose étrange dans la cour. Marie m’explique qu’il s’agit d’un endroit où les gens écrivent un souhait sur une plaquette en bois qu’ils viennent d’acheter, et l’accrochent. On s’approche : il y en a des tonnes ! En japonais, en anglais, en chinois, en coréen, en thaï, etc. Marie me traduit : certains souhaits vont de l’espoir de trouver l’homme parfait dans l’année au voeu de ne pas échouer aux exams, en passant bien sûr par la bonne santé pour toute la famille.

DSC01671J’ai beaucoup aimé l’excursion d’aujourd’hui, reposante, loin de la « ville » elle-même.

Pas si loin en fait… quand on traverse la route à la sortie du parc, on se retrouve à Harajuku. Et… j’achète mes premières chaussures (oui, c’est très mal – mais le prix était raisonnable, et elles sont normales : je n’ai pas tenté les escarpins à paillettes dorées à outrance). Les pointures au Japon n’en sont pas vraiment, le chaussures sont classées comme des vêtements : S/M/L/XL. J’ai eu le plaisir de constater que je faisais du L (alors que je chausse du 37 en vrai…).

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Hier soir  je me suis enregistrée pour les cours suivants :

– Ancient Egyptian Civilization (Civilization de l’Egypte Ancienne ! D’office mon cours préféré)

– Introduction to Francophonie (Introduction à la Francophonie)

– Sociology of japanese culture (Sociologie de la culture japonaise)

– Japan’s foreign policy (Politique étrangère du Japon)

– et en plus j’ai 10h30 de cours de langue japonaise, dont 3h thématiques (« Vivre au Japon » et « Lire la société japonaise »)

SHIBUYA, OU LE MAUVAIS GOUT NIPPON

Ce matin, Marie et moi nous nous sommes rendues à Shibuya, l’un des hauts lieux de la mode chic (attention, pas au sens français du terme… vous allez voir). Le quartier de Shibuya, à un petit quart d’heure de notre station Takadanobaba, est connu pour ses immenses publicités colorées qui piquent les yeux, ses passages piétons bondés, ses lieux de shopping innombrables.

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Nous n’avons pas énormément de temps ici, il faut qu’on soit rentrées au campus de Waseda pour 11h30 pour manger avec un groupe. Nous visitons le premier bâtiment s’offre à nous, celui qu’on ne peut pas louper, le « 109 ». Le 109, c’est une galerie commerciale tout en hauteur dans laquelle il n’y a QUE des boutiques de fringues à la pointe de la mode nippone (bon, il y a un restaurant quand même, qui s’appelle « Ma Maison »).

Les boutiques sont incroyables. En fait, ce bâtiment est un genre de Galeries Lafayettes, mais en impensable. Je m’explique : gilets moumouteux à fourrure et des robes de lolitas côtoient des serres-tête à noeud brillant géant et des baggys à pois. On peut trouver également des tonnes de chaussures (des potables d’autres improbables), des coques pour portables ultra travaillées avec des cristaux et des fleurs (c’est très moche), des casquettes de racailles (… avec des paillettes)(oui bon, j’ai surtout regardé les articles avec les paillettes).

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Pas de chance : Marie et moi nous arrivons en retard, les gens ne nous ont pas attendues pour aller manger (en fait on a eu un problème de métro, on a pris un express au lieu d’un normal, on a du changer dans la panique). Mais on a quand même envie de se poser pour manger, surtout qu’on est sur le campus, et qu’on a une réunion de prévue bientôt. Tiens, un restaurant indien ? Des naans ? Cool, on y va.

Voici donc mon premier resto indien au Japon (et j’en ferai d’autres : il y en a partout !). Tout est là : la musique bollywood de Dilwale Dulhania Le Jayenge (pour les connaisseurs), la serveuse indienne, le menu… ça s’annonce bien. 

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Mais par contre, différence notable : la taille des naans. A vue de nez, c’est de la même taille qu’une petite cuisse de jambon. Sur le mur, on peut voir des photos et commentaires de recordmen, ainsi on a appris que Joshua a mangé 7 naans et demi, record absolu (et impensable, surtout vu la taille des naans).

Au passage, je vous présente Marie !

 

Une fois le repas terminé, on zone pour chercher une librairie dans laquelle j’ai besoin d’acheter un bouquin de japonais, puis direction notre beau bâtiment du campus, dans lequel on boit un café en attendant la réunion. Enfin, pas vraiment un café : un genre de lait avec des boules de tapioca noires pour Marie, et pour moi un thé complètement à la pêche et au raisin à la brique complètement kitsch, mais au goût un peu ignoble.

 

Maintenant, il est temps que je choisisse et enregistre mes cours. Je vous donnerai ma liste de cours plus tard, ça peut être marrant !

Tout à l’heure, j’ai expérimenté mon premier tremblement de terre ! C’était fun, et pas bien méchant 🙂

Et au fait, j’ai reçu mon premier colis de France ! 😀 Merci les parents ! (la boîte était toute défoncée, je ne sais pas comment ils l’ont balancée…)

MODERN TOKYO

Encore une journée sans formalités administratives. Marie me propose cette fois Odaiba, un quartier entièrement moderne au bord de la mer. Ils nous faut environ une heure pour nous y rendre.

Le deuxième train que nous prenons est entièrement aérien… la vue est impressionnante, on frôle certains buildings, on en voit d’autres au loin, avec la mer…

Voici un petit extrait de ce que j’ai rapidement filmé, juste avant d’arriver à une station :

 

Je vous invite à voir l’album « Odaiba » dans le menu de droite, parce que ça vaut le coup !

A la sortie de la station, on est direct immergées dans l’ambiance « métropole » avec des buildings impressionnants. Il n’y a pas beaucoup de monde à l’heure où nous arrivons, ça fait un peu bizarre de voir de si grands espaces un peu vides.

Sur notre gauche, la mer et la « skyline ». On peut entre autre apercevoir une réplique de la statue de la Liberté.

DSC01592Le « Rainbow bridge » est une construction incontournable de cet endroit. Il s’agit d’un immense pont qui traverse la baie de Tokyo (sur la photo ci-contre).

Nous passons près d’un building avec une immense boule encastrée au sommet. Marie indique qu’il s’agit du bâtiment de Fuji TV, la chaîne du divertissement. Nous pénétrons dedans avec l’escalator extérieur histoire de faire un petit tour. A l’intérieur, nous tombons d’abord sur une boutique géante qui décline en mille produits les héros des dessins animés et séries les plus. Des autocollants, des cookies, des cahiers, des tasses… des milliers d’objets. Ensuite, on suit le parcours et on atterrit dans une sorte de musée kitsch dédié à la chaîne TV.

 

Pour se balader encore un peu, on va du côté de la mer, là où on trouve un chemin qui borde la côte, au milieu des arbres. C’est reposant, malgré l’aspect « mégalopole bouillonnante » du coin. On finit par mettre les pieds dans le sable, mais pas dans l’eau (qui sait, une bête déformée par la radioactivité pourrait nous attaquer). Le soleil est en train de se coucher, ce qui rend la vue encore plus superbe. Des gens s’attardent sur la plage, jouant au base-ball, promenant les enfants… ouais, cet après-midi était vraiment chouette.DSC01603

 

Nous prenons le chemin du retour alors que la nuit tombe. Ca ne sera pas aussi calme que l’aller, nous tombons à l’heure de pointe. L’heure de pointe à Tokyo, c’est quelque chose d’un peu ouffissime. Les hommes qui rentrent du bureau, tous exactement pareils avec leurs pantalons noirs et chemises blanches. Ils viennent gonfler les effectifs déjà gros des wagons, je suis de plus en plus écrasée ^^. Certains lisent (debout, à une main), d’autres dorment. 

Nous voilà arrivées à Takanadobaba (notre station, celle qui est la plus proche de notre résidence). Je prends de plus en plus mes repères. Nous passons, comme souvent, par les magasins d’alimentation sur le chemin du retour. Aaah voilà des mangues séchées, cool. Et des bananes des Philippines, ouais ! Et des cookies au chocolat à 1€, ouais ! Et de la sauce Wasabi (histoire de dire que j’ai quand même acheté un truc japonais). Marie quant à elle pioche toujours dans les aliments locaux. Elle va encore nous cuisiner un truc de malade ce soir (gagné : elle m’a fait goûter sa mixture, c’était encore délicieux).

 

Autre information : hier soir j’ai fait un test pour déterminer mon niveau de japonais, et donc pour savoir à quel groupe j’appartiendrai à la rentrée. Je suis (pas) fière d’annoncer que j’appartiens au niveau 1 ( =groupe des nuls, les meilleurs c’est le groupe 8 -bilingues- ). Aha, c’était prévisible en même temps, je ne comprends que les phrases qui n’excèdent pas 9 mots, et dont les mots font partie des champs vocabulaires de la présentation, des chiffres, des villes, des moyens de transports. Mais je vais progresser, on y croit !