Cette soirée avait pourtant bien commencé… Après mon cours de salsa (et ouais), Marie et moi sommes allées rejoindre hier soir Simon, l’un de nos contacts français expatriés. Lieu de rendez-vous : Shibuya, toujours ce quartier en effervescence avec des Japonais bruyants et festifs. Au programme : burgers, english pub, critique des Japonais et des Allemands et des Anglais.
Vers minuit et demi, le bar se vide et va fermer (les Japonais sont déjà chez eux à cette heure-là, voyons), il est temps de rentrer. Les transports la nuit à Tokyo, ce n’est pas folichon, mais il paraît que la ligne Yamanote, celle que l’on utilise principalement pour nos déplacements et qui fait le tour de Tokyo sans s’arrêter, circule en permanence. Direction la gare de Shibuya, donc.
Soudain, un message dans le haut-parleur… heureusement, Marie comprend le japonais, et nous annonce que le dernier train qui part dans quelques minutes se dirige vers Shinagawa. « Oh zut, pour nous c’est l’autre direction… ça veut dire qu’on va devoir faire presque un tour complet de la ligne avant d’arriver chez nous ». Aaahh, si seulement…
Parce que ça semble trop galère pour lui, Simon décide de rentrer à pied chez lui, moyennant une petite demi-heure. Pour Marie et moi, ça serait plutôt de l’ordre de deux heures, donc tant pis on monte dans le train. Erreur. Marie commence à me faire peur : « ce qui ne serait pas drôle, c’est que le train s’arrête à Shinagawa, et ne continue pas son tour de la ville… ». Ouais, ça serait marrant, parce que Shinagawa c’est vraiment à l’autre bout de chez nous, ce que signifierait qu’on serait coincées là-bas en pleine nuit.
L’intuition de Marie était la bonne ! Le train nous fait descendre à Shinagawa, les policiers sont même là pour faire sortir du wagon les récalcitrants qui dorment. Maintenant, nous n’avons pas vraiment le choix… prendre un bus de nuit ou autre transport nocturne ? Non, ça n’existe pas ici (dingue). Le Love Hotel ? Marie et moi on s’apprécie, mais quand même. Le taxi ? Beaucoup trop cher. Rentrer à pied ? On mettrait plus de 4h… cette ville est trop grande.
La seule option restante est d’attendre le premier train demain matin, à environ 4h40. Mais où allons-nous en attendant ? On ne vas pas rester à la gare qui de toute façon va peut-être fermer, sans compter les innombrables êtres semi-humains totalement émechés qui sont semés sur le sol, émettant parfois des grognements. Il n’y a rien à faire à Shinagawa maintenant… oh, un Mac Do ! Je n’ai jamais pensé que le Mac Do me donnerait un jour un sentiment d’espoir… Mac Flurry saveur Oreo pour moi, hanburger-frites pour Marie.
Mais le Mac Do va fermer, il s’agit maintenant de trouver un banc. L’arrêt de bus fera l’affaire. Et c’est parti pour environ deux heures de bavardages avec un chat, de piqûres d’insectes, de répertoire musical toujours très pertinent. Chansons de dramas japonais, Fatal Bazooka (on ne s’en lasse pas), Usher, Shakira, Yannick (cf le titre de l’article)… il faut bien qu’on mette un peu l’ambiance. Surtout qu’il fait de plus en plus froid, on n’avait pas prévu ça.
L’heure de la délivrance arrive ! La gare de Shinagawa est comme on l’avait laissée, à quelques vomis de salarymen près (dont un vomi violet fluo… heum). Il y avait vraiment du monde dans ce premier train, c’est assez hallucinant. Des gens normaux qui vont au travail, des pépés, de rares jeunes femmes venant de finir leur soirée… Le train est déjà bien rempli à 5h du matin, c’est fou.
« Takadanobaba ». Comme le nom de notre station sonne doux à nos oreilles ! Sur la vingtaine de minutes qui nous sépare de notre gare jusqu’à notre résidence, l’aube a le temps de se pointer…
Pour ceux qui ne comprennent pas la référence du titre :