LES SURPRISES NIPPONES

Une Japonaise prénommée Azu, rencontrée à une soirée, m’a croisée sur le campus il y a deux jours. « Il est temps qu’on mange ensemble un jour! » m’a-t-elle dit. Et voilà comment ce midi nous nous sommes retrouvées toutes les deux sur un banc du campus, essayant de manger en affrontant le vent ambiant, et bavardant en anglais.

DSC01838Une partie du parc de la fac, « Okuma Garden » (mais c’est pas là qu’on a mangé en fait, donc oui ça sert à rien)

« Qu’est-ce qui t’as le plus surpris lorsque tu es arrivée au Japon ? » En voilà une question. Je me l’étais jamais vraiment posée. Et pourtant… Je n’ai pas pu fournir de réponse précise à Azu sur le moment . Ça m’a travaillée tout le reste de l’après-midi. Finalement, je me suis rendue compte que chercher une seule réponse qui soit précise, pertinente et sincère était vain. Ce pays est tellement une surprise en lui-même qu’il faudrait répondre « le Japon », ou alors « les Japonais ». Ceci dit, ça ne m’a pas empêchée de penser dans le désordre à tout ce qui m’a vraiment marquée ces dernières semaines.

 

-La pub : les publicités sont absolument partout, avec au choix des femmes-fillettes bière à la main, un boys band vendant des téléphones (Marie, dédicace), une top model soulignant la beauté des toilettes du métro… Sans compter les vendeurs dans la rue qui tendent des prospectus en scandant sans cesse le même slogan, les petits supermarchés tous les 10 mètres, les échoppes de nourriture omniprésentes…Tokyo est la personnification de la consommation, c’est dingue.

-La confiance : ici, la confiance règne. La preuve : les vélos sont laissés sans cadenas au bord du trottoir. Vous imaginez cette scène dans Paris, ou même à Rennes ? Tokyo, c’est une capitale, pourtant. Des portières de voitures sont quelques fois laissées ouvertes (parfois ce sont les portes des maisons). Pour réserver leur place à la cafèt, les étudiants laissent des téléphones sur les tables. Se balader avec un sac ouvert dans le métro/train à l’heure de pointe ne pose aucun souci. Personne ne fraude le métro. Et à la sortie des magasins, il n’y a pas ce genre de portique vertical qui est censé bipper en cas de vol. La première fois que je suis allée imprimer des documents, il y avait juste une petite tirelire avec écrit « svp mettez de l’argent ici quand vous imprimez ». Cette confiance libère un peu l’esprit, on se pose moins de questions que dans une grande ville européenne.

-Les vêtements des Japonais : on pourrait écrire un livre dessus. Je m’attendais à voir des choses improbables, mais confrontée à la réalité, je peux véritablement dire que j’ai été surprise plus d’une fois. Chemise à carreaux avec foulard à carreaux mais pas-de-la-même-couleur, avec chaussures à carreaux mais-encore-couleur-différente. Baggy à pois, colliers-chaînes de rebelles, bottes roses à strass… bon, j’exagère, il y a quand même un grand nombre de gens « normaux ». Mais quand même, quand il y a des excentriques, leur niveau d’excentricité est supérieur à tout ce qu’on peut concevoir.

-La courtoise : souvent orchestrée, d’ailleurs. Que ce soit les « bienvenue ! » des vendeurs pimpants et tout sourire, les ouvriers dans la rue qui vous adressent des politesses et courbettes lorsque vous faites le petit détour obligatoire pour éviter les travaux, les formules toutes faites des caissières qui vous rendent la monnaie… c’est très ambigu. D’un côté c’est très appréciable toute cette politesse, mais de l’autre on sent qu’elle n’est pas si sincère que ça, surtout si elle est répétée de manière méthodique.

-Les bâtiments : certains sont si fins ! Et en plus d’être fins, ils sont haut. Pour que vous visualisiez : un immeuble peut faire 5 étages, mais avec la profondeur de ma chambre. Un Mikado, quoi. Mais tous ne sont pas comme ça. Et même si ils sont souvent très hauts, l’ensemble n’est pas si étouffant. C’est loin d’être harmonieux, mais on sent quand même une sorte de continuité, de fluidité…

DSC01831Vue d’un bout de mon quartier du toit de ma résidence universitaire

-La nourriture dans les supermarchés : quand on ne connaît rien, on est vraiment perdu. Je me revois fouiner de fond en comble les magasins lors de mes premiers jours, à la recherche d’un aliment qui ne me réserve pas de surprise après ouverture de l’emballage… boulettes de riz, tranches de tofu, algues et petits alevins séchés, jus de fruits chimiques, légumes en forme d’épinards, sauces au soja, oeufs semi-bouillis… et encore beaucoup d’autres choses que je ne comprendrais jamais, tant le nombre de tubes/sachets/bouteilles est délirant.

 

Voilà un petit aperçu de ce qui m’a vraiment étonnée depuis presque un mois. Si je l’avais voulu, j’aurais pu enfoncer tous les stéréotypes (oui, les gens sont très petits ici, oui ils ont les yeux vraiment bridés, oui il y a des tremblements de terre, oui ils ont parfois un anglais bizarre, oui ils ont des toilettes nouvelle génération, NON ils n’ont pas la peau jaune). Mais bon, ces stéréotypes sont basés sur du vrai, pas besoin donc de m’attarder là-dessus.

 

Sinon, j’ai enfin un téléphone portable ! Ce fut le parcours du combattant, mais je suis finalement intégrée à la société japonaise, avec un portable blanc à clapet beaucoup plus intelligent que Kévin. Par contre, je n’ai toujours pas vraiment de compte en banque, donc si jamais vous avez de l’argent en trop, surtout envoyez-moi des billets, pour que je puisse aller au karaoké.

Demain je me fais une grande sortie au Musée National, qui organise une journée gratuite pour tous les étudiants étrangers, avec des activités culturelles qui ont l’air géniales, comme assister à une cérémonie du thé ! Un beau moyen de fêter mon premier mois au Japon… et de re-remplir mon blog de photos.

8 réflexions au sujet de « LES SURPRISES NIPPONES »

  1. oh oui , fais-moi rêver… Petite question sur le quotidien du japonnais : est-ce que leur semaine est rythmée comme la notre, avec un samedi et un dimanche chômés ? et des horaires de travail la
    semaine, genre 8h-18h comme chez nous ? ou sont-ils des cintrés du boulot 7jr/7, 24h/24 ???

  2. Je réponds en retard… alors en fait la plupart des Japonais travaillent tout le temps ! Mais le dimanche est souvent un jour de repos, vu le monde qu’il y a dans la rue ! Mais la plupart des
    magasins restent ouverts ce jour-là… je pencherai donc plus pour l’option 7j/7 et 24h/24h. 🙂 Après bien sûr ça doit dépendre des professions !

  3. Les tribulations d’une « presque » japonaise au Japon, me régalent. Continue de nous faire rire et de nous faire écarquiller (j’ai un doute sur l’orthographe..?) les yeux en te lisant. Je cherchais
    des bottines hier et je me lamentais de ne trouver que des couleurs sombres sous prétexte d’être en automne. je me disais « mais dans quel pays peut-on trouver des chaussures colorées en hiver,et
    même toutes saisons, peut-être à Tokyo …? » alors , Maureen, histoire de me redonner confiance en l’esprit inventif du créateur de shoes, peux-tu m’envoyer quelques clichés de vitrines de magasin
    ? de la chaussure, possible tout de même, en cabinet de Podologie on dans les rues de Rennes ! mais avec des couleurs! Bises oranges !

  4. Delphe, je viens de revenir d’une séance de repérage dans ma rue commerçante préférée ! Si tu veux des chaussures à couleurs, tu vas trouver. Je penserai à toi la prochaine fois, je prendrai des
    photos ! Escarpins bleu pétant, Santiags roses, ballerines jaunes…

  5. Super article ! Bon état des lieux des étonnements premiers.
    J’aime bien le passage de la « confiance », ça m’a rappelé ma jeunesse dans un bled paumé en centre France. On laissait tout ouvert. Jusqu’à ce que je me fasse voler ma 1er mob. Ce choc ! Puis j’ai
    atterri à Lyon où on m’a dit « tiens ton sac TOUJOURS très serré ». Fin du paradis. Vivre cette sécurité dans une mégalopole, ça doit être géant !
    Merci.

  6. Merci 🙂 Oui, c’est vraiment tranquille cette confiance dans une si grande ville ! Au début j’avais toujours des réflexes comme fermer ma porte à clé dès que j’allais prendre une douche, ne
    laisser que des affaires peu importantes dans mon placard de la cuisine commune… puis finalement j’ai abandonné tout ça 🙂 Même si il n’y a que des étrangersa dans cette cité U, on a adopté le
    mode de vie japonais de la confiance mutuelle… 😉

  7. OUAIS OUAIS, J’AIME ARASHI, ET ALORS ?

    Elle est superbe, leur pub pour JAL, collection automne ! Jkif samèr ziva wéwé !

    Bref, LES BANQUES, C’EST QU’DES CONS !

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