Je ne cache pas avoir été un peu sceptique avant de venir à Singapour. Que pouvait bien promettre d’intéressant une cité-état qui doit son succès au capitalisme bien mené et à l’autoritarisme poussé de son gouvernement ? Dans mon imaginaire, cette île n’était rien de plus qu’un endroit ultra urbanisé, où tout est interdit, rempli de publicité, étouffant, avec une pluralité culturelle certes intéressante mais identique à la Malaisie. Les douaniers qui m’ont retenue une heure pour me poser des questions (parce que je suis quelqu’un de chelou à voyager comme ça toute seule – NON je ne viens pas travailler illégalement chez vous) n’ont pas contribué à améliorer cette image. Quelle ne fut donc pas ma surprise quand, devant les vitres du métro singapourien, j’ai senti mon cœur battre étrangement face à cet étalage d’urbanisation ordonnée cohabitant avec une végétation luxuriante. Le contraste avec la Malaisie y était sûrement pour quelque chose, tant je commençais à me blaser du joyeux bazar ambiant de Melaka.
Cette bonne impression s’est confirmée le lendemain. Sur mon chemin pour me rendre à la bibliothèque nationale – parce que l’objet principal de mon court séjour à Singap’ est la consultation d’ouvrages introuvables ailleurs pour mon mémoire, ne l’oublions pas – je décide parcourir à pied le quartier colonial. Les quais m’ont tout de suite plu, j’ai beaucoup apprécié la courte promenade aménagée.
J’ai été séduite par le mélange entre les hauts buildings, la rivière, et les rues de taille modeste aux jolies façades. La bibliothèque nationale m’a elle aussi enchantée : non seulement le bâtiment en lui-même est magnifique, mais en plus la vue qui s’offrait à moi depuis ma table du onzième étage était à couper le souffle. L’environnement m’a tellement dynamisé qu’en deux jours j’ai fini de lire tout ce dont j’avais besoin là-bas (mais il me reste encore deux bibliothèques à visiter).
À l’heure du goûter j’ai suivi un conseil du Routard en tentant un dessert local. J’ai pris un genre de pudding à la mangue avec de la crème et des petites billes de tapioca, et apparemment de la pomme de terre (?).
Désolée, ma seule photo de nourriture est toute nulle, ce dessert n’était pas photogénique.
Après ce goûter tardif je me suis rendue aux Gardens by the Bay, un grand jardin botanique presque entièrement gratuit situé juste à côté du grand complexe hôtelier / shopping de Marina Bay. L’orage qui menaçait à l’horizon, accompagné de son vent puissant, n’a rendu la visite que plus belle…
Je suis ensuite allée faire un tour dans ce fameux truc de luxe de Marina Bay, avec pour objectif non pas de visiter la soit-disant magnifique boutique Louis Vuitton (d’après le Routard), mais de voir ce que proposait le front de mer ici-bas. La beauté du spectacle m’a pris de court… je pensais être allergique aux skylines depuis Tokyo, mais ici à Singapour, avec ce vent d’orage, ces nuances de gris, le charme du paysage urbain était indéniable. Je suis restée assise à le contempler jusqu’à ce que la pluie se décide enfin à lâcher ses trombes sur nous autres pauvres visiteurs paresseux du quai.
J’ai fini ma journée par une courte visite et un dîner à Little India. C’était un peu un challenge que je lançais à cette ville en me promenant ainsi seule dans un quartier indien, moi qui fuyait de telles audaces en Malaisie. J’ai eu le plaisir de me promener et de dîner sans me faire embêter. Quel bonheur de voir un serveur indien s’adresser à moi comme aux autres clients ! Si j’avais le droit à quelques regards appuyés dans la rue (un Indien s’est méchamment pris une poubelle sur son chemin parce qu’il était trop occupé à regarder ma poitrine, qui était chastement couverte ceci dit), je n’ai plus le droit aux vulgaires bruits de bisous qui me suivaient en Malaisie. Oui, je me sens à l’aise dans cette ville.
Ce quartier de Little India m’a tellement plu que j’y suis retournée aujourd’hui après avoir rendu une seconde visite prolongée à la bibliothèque. J’ai pris masse de photos, allez les voir dans l’album Singapour dans le menu de droite.
À quelques stations de métro, on change de pays. Me voilà à la découverte de Chinatown, quartier qui, si il est ultra touristique, n’est pas dépourvu de charme.
En plein Chinatown je suis tombée sur un temple hindouiste (normal). Il s’agit du temple Sri Mariamman, le plus vieux de Singapour (1827). Il est dédié à la déesse Mariamman, chargée de soigner les grosses épidémies… Encore une visite très agréable.
À deux rues de ce temple se dresse cette-fois ci un sanctuaire bouddhiste : le Bouddha Tooth Relic Temple (oui, parce que dans le musée du temple on peut voir la dent de Bouddha, nice). Il a été construit en 2007, et regorge de dorures tellement vives qu’elles font mal aux yeux.
Chaque pas de plus dans cette ville-pays continue de m’étonner, de me surprendre et de me charmer. Le rythme n’est pas effréné comme à Tokyo (mon seul point de comparaison pour une ville de cette « carrure », vous m’excuserez), ce qui permet d’en apprécier pleinement l’ambiance. Je reste ici jusqu’au 29 avril, et je ne manquerai pas de montrer tout ce que j’ai vu à mes parents lorsque nous passerons par là à la fin du mois de mai.
Permaliens
Quelle chance d’être allée à Singapour !!! (« impossible de ne pas s’y rendre dans le cadre de son mémoire », avait dit Mohan)
Je fais comment, tu dis, pour voir ta bibliothèque !!!
Dans cette grande ville, j’imagine, tu parais moins extraordinaire, c’est sûr !