Un passage chez le coiffeur

Un après-midi dans le centre-ville, pendant que Thomas allait à son école de chinois, il m’a proposé de passer le temps en allant chez le coiffeur d’à côté. Je lui avais dit que je souhaitais me faire couper les cheveux en Chine, c’était là l’occasion parfaite. Malgré mon appréhension initiale, il m’a donc emmenée dans un cabinet de coiffure, propre, assez moderne, occupé par le patron et son employé. Mon chinois approximatif et quelques gestes ont réussi à leur faire comprendre l’objet de ma visite.

Thomas s’en va donc, et je suis seule avec les deux jeunes hommes, qui semblent un peu mal à l’aise, comme moi. L’un d’eux m’annonce qu’on va passer au shampoing. Pendant qu’il me lave les cheveux, il me pose quelques questions simples, auxquelles je peux répondre. Ça détend l’atmosphère, cette conversation banale. J’étais fière de pouvoir la tenir sans trop d’efforts.

Akaï (le patron), m’invite ensuite à me poser sur un siège. Il y avait chez lui quelque chose de japonais, dans sa manière d’accorder de l’importance à chaque détail et à chaque étape du processus : me coller soigneusement un ruban autour du cou pour éviter l’infiltration de petits cheveux, bien disposer la cape uniformément autour de moi, masser mon crâne doucement avec les picots d’une brosse à cheveux en bois… on peut dire que j’étais détendue. Mais soudain, sans prévenir, il se met à prendre mes cheveux mèche par mèche dans une main et à les gifler énergiquement de l’autre. J’ai failli rire tant j’étais déboussolée par ce geste brusque, en contradiction totale avec son attitude paisible. Est-ce une technique pour bien égoutter les cheveux ? Je n’ai pas trouvé d’autre explication.

Après ce petit moment de panique, Akaï redevient humain, et m’indique dans la glace la longueur optimale qu’il pense me couper. J’acquiesce, malgré mon angoisse interne (ça fait bien 20 centimètres en moins). On passe à la coupe, doucement rythmée par une conversation sur ma venue en Chine, mon apprentissage du chinois, mon expérience de Zhuhai et de l’université. J’apprends de mon côté son prénom et sa ville d’origine. Il me dit au passage que mon mari est très beau… héhé !

J’ai beaucoup apprécié ce moment, très lent, très pesé. C’était presque une méditation, tant Akaï mesurait chacun de ses gestes et les effectuait de manière imperceptible. En acceptant de couper une telle longueur, je pensais que j’allais me crisper à chaque coup de ciseaux. Mais dans l’état de sérénité où j’étais, impossible, je sentais qu’Akaï savait ce qu’il faisait. Quand le moment de couper la frange est venu, il avait l’air plus perplexe. Il l’examinait en soulevant et redéposant les mèches sans trop comprendre. J’ai fini par lui dire que c’est moi qui l’avait coupée la dernière fois. Il a souri, a retenu toute moquerie, et a essayé de rattraper le coup.

Quand je suis partie, je lui ai dit en me regardant dans le miroir « je suis contente ! » (oui, j’ai un vocabulaire basique). Il m’a répondu par la même phrase, satisfait de son travail. Moi, j’étais non seulement contente de ma coupe, mais aussi d’avoir trouvé un bon coiffeur pour la réaliser. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de coiffeurs délicats en Chine, je vais donc bien noter son adresse pour le recommander !

3 commentaires sur “Un passage chez le coiffeur

  1. Tu es très très belle! Cette longueur te va parfaitement. J’ai aimé la surprise du geste énergique après le shampoing. L’effet est bien amené dans le récit! J’ai ri! La coupe est réussie.
    L’oeil du photographe m’invite à me détacher de ton portrait pour scruter l’affichette….énigmatique…..(consignes de sécurité? indications pour se localiser dans la ville?), regarder l’environnement de l’arrière plan (maintenant que j’ai lu que la température est caniculaire, je remarque les endroits ombragés…)
    Merci pour l’article et la photo (qu’on attendait…..tu ne pouvais pas faire autrement)!
    Je suis d’accord avec le coiffeur: ton mari est très beau!

  2. La petite pancarte dit « interdit de grimper sur la rambarde : risque de chute ». Désolée, c’est un peu banal !
    Nous avons mangé dans l’un de ces endroits ombragés !

  3. Tu es magnifique, et je crois que tu as trouvé ici le coiffeur parfait et la longueur de coupe idéale. Je suis absolument fan tu t’en doutes, d’après nos conversations antérieures ! 😉
    Je te trouve plus… « femme » !

    Eh oui, ton mari est très beau, tu m’étonnes ! Un coiffeur au goût sûr (ne le ramène plus là-bas). 😉 Je le souviens d’un bel asiatique (Coréen, Chinois ?) à sa fac qui était infect avec les filles qui le collaient trop et qui adorait Tom. Bref.

    Ton article était à mourir de rire, ce que j’ai fait, comme Évelyne. Merci !

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