Gérer son arrivée

Au niveau administratif, il y a un paquet de choses qui attendent tout étranger souhaitant s’installer en Chine. Pour ceux qui suivaient déjà mes déboires de visa en Équateur, en voici la version chinoise. En Chine les difficultés ne dépendent pas de la personne sur qui on tombe, mais plutôt du nombre d’étapes et de sous-étapes à suivre. Tout d’abord, une liste non exhaustive de ce que j’ai dû faire en Équateur et en France avant de venir :

  • un check-up médical complet, qui inclut radio des poumons, test du sida, et électrocardiogramme
  • valider mon diplôme de Master 2 sur un site chinois, avec une carte bancaire chinoise
  • demander à l’un des mes oncles d’aller au Ministère des Affaires Étrangères et au Consulat de Chine faire certifier mon casier judiciaire
  • prendre une assurance santé pour l’année à venir
  • faire traduire notre acte de mariage et le faire certifier
  • attendre le permis de travail pour faire la demande du visa

Pour ceux à qui j’en ai parlé, le fameux « papier » tant attendu était donc ce dernier document. Une fois reçu, le visa s’obtient facilement, sur rendez-vous.

Je pensais être tranquille après cela, mais ma sérénité n’a pas duré longtemps : la responsable administrative de l’université m’a envoyé un mail juste avant notre départ, au sujet des différentes démarches que j’aurai à faire à mon arrivée en Chine afin d’être en règle. Je ne vais pas détailler ces démarches une par une, c’est déjà assez ennuyeux comme ça. Je me revois encore avec l’assistante Guo, devant un ordi à essayer de compléter mon profil sur le site l’université. Nous y avons passé deux heures, les champs à remplir étant très nombreux. Par exemple, j’ai dû indiquer tout l’historique de ma scolarité, depuis la maternelle. Je ne plaisante pas. J’ai eu du mal à me souvenir du nom de mes instits…

Je vais m’attarder sur une autre démarche celle qui nous a demandé une demi-journée entière : le check-up médical. Si vous avez bien suivi, nous l’avions déjà fait. Mais… ce n’est pas aussi simple. Il fallait faire valider ce check-up par les autorités médicales compétentes, qui pouvaient très bien décider que Thomas et moi devions repasser tous les examens. Comme nos documents venaient d’Équateur, j’étais préparée à cette éventualité.

JEUDI MATIN : Ziyu, une charmante étudiante-assistante, nous retrouve pour nous emmener au centre médical international. Nous prenons le bus pendant une heure pour arriver devant un grand bâtiment de 15 étages. L’accueil fait un peu peur, avec des masses de gens qui s’affairent devant les bureaux, sans ordre apparent. Thomas me fait remarquer que ce lieu a la même odeur que l’hôpital de Cuenca où il s’est fait opérer de l’appendicite (souvenirs…). Les sons autoritaires de la langue chinoise qui sortent de la bouche des employées ne contribuent pas à détendre l’atmosphère. Ziyu, imperturbable, réussit à obtenir quelques infos. Nous allons voir la docteure du 5ème étage.

Au 5ème étage, nous bataillons pour entrer dans le bureau. La notion de file d’attente étant plutôt vague en Chine, il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin jusqu’à la spécialiste. Ziyu le fait avec brio, la docteure examine nos papiers équatoriens, écrit un truc en chinois, et annonce fortement quelque chose que je ne comprends pas. Ziyu comprend (encore heureux), et nous amène au premier étage. Ici, les deux employées observent ce qui a été écrit par la docteure, nous demandent nos passeports et des photos en couleur. Elles impriment ensuite un papier qui a l’air officiel.

On pourrait penser que le tour est joué ! Mais non… il fallait d’abord attendre au bureau d’à côté qu’un autre employé prenne nos papiers et y appose un sceau rouge avec l’étoile du parti. Ziyu lui demande s’il y a autre chose à faire, et comprend qu’on doit aller au 4ème étage. Une autre docteure nous reçoit, examine à nouveaux nos papiers, se montre très intéressée par nos radios des poumons, et fait imprimer un autre sceau en relief sur nos papiers. C’est fini ? Presque ! Ziyu, aussi épuisée que nous, nous dit qu’il faut retourner chez la docteure du 5ème.

Nous attendons que cette dernière mette un terme à son interminable appel téléphonique, puis Ziyu s’impose à la seconde où elle raccroche. Elle lui montre à nouveau tous nos papiers, la docteure signe en bas de l’un d’eux. Ziyu, avec une lasse indifférence, demande où on doit aller maintenant. « MAINTENANT, RENTREZ À VOTRE UNIVERSITÉ ! » crie la docteure. Mais avec un sourire complice. Je suis toujours déroutée par ce décalage entre les sons coupants du mandarin et leur réelle signification…

Voilà ! À cause de ma trop faible maîtrise du mandarin, je ne suis pas capable de saisir tous les détails de ces démarches aussi bien qu’en Équateur. Je n’ai pas compris pourquoi nous sommes passés par tant d’intermédiaires, ni quel était le rôle précis de chacun. Je comprends quelques instructions, mais pas encore le mandarin bureaucratique. Merci à Ziyu pour son aide précieuse qui, j’en suis sûre, nous a fait gagner de précieuses heures !

3 commentaires sur “Gérer son arrivée

  1. Heureusement que vous êtes en bonne santé…. Cette gestion d’arrivée met votre patience à l’épreuve. A deux, vous êtes plus forts. Je suppose que la docteure a crié de rentrer à votre université en mandarin? Je compatis…. Tu écris que tu as été déroutée, je crois que je me serai effondrée!
    Comment? Tu ne te souviens pas du prénom de ta maîtresse de maternelle? Celle qui t’a appris le nom des couleurs en peinture, qui t’a appris à écrire en « attaché »? Celle qui t’a photographié avec ta blouse d’arts plastiques, ton pinceau coloré et ton sourire craquant? Que de chemin parcouru!
    Merci pour le partage de cet article! Je vous souhaite de belles découvertes à venir, moins éprouvantes!

  2. Et moi qui pensait qu’en Chine ils avaient déjà valider votre dossier médical… comme dit Évelyne, heureusement que vous êtes en bonne santé ! J’ai complètement oublié les noms de tes instits…, par contre ce dont je me souviens très bien, c’était à la crèche de Bicêtre à Paris, quand la directrice m’a dit un soir au cours de ta 2ème année « votre fille ira loin… car tu t’intéressais déjà aux lettres de l’alphabet, la directrice portait ce jour là un tee-shirt marqué NAF NAF ? J’espère que votre intégration se passe bien. Bises

  3. Bien émue par les commentaires de ta mère et belle-mère ! 😉
    Bienvenue dans un monde bureaucratique et de suspicions ; quand je pense que la France est réputée pour foutre en l’air l’Amazonie avec toute sa paperasse mais on est des petits joueurs à côté.
    J’ai l’impression de commencer une série passionnante sur un monde inconnu du mien, un peu inventé mais crédible. Je reste en haleine.
    Merci.

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