La traversée des Andes

Bonne année à tous ! Pour bien commencer 2018, je vais vous raconter notre petit périple de fin d’année en compagnie d’Evelyne et Laurent, les parents de Thomas. Le programme prévu comportait trois étapes avant l’arrivée à Cuenca : Quito – Quilotoa – Baños.

QUITO

Ah, la capitale… j’y suis retournée le cœur léger, ravie d’admirer, depuis le hublot de l’avion, ces lumières chatoyantes qui tapissent le relief accidenté de la ville, ce relief qui m’avait particulièrement plu l’an dernier, avec ses innombrables collines qui sont autant de perspectives, de quartiers, et de défis pour les voyageurs piétons que nous sommes.

À l’aéroport nous avons retrouvé Evelyne et Laurent, en forme malgré leur voyage d’une vingtaine heures. Nous avons tous ensemble rejoint notre hôtel, Kinde House, un petit bijou que je recommande, situé près du centre historique, dans une rue calme que ne perturbe que le camion de bonbonnes de gaz avec sa chanson entêtante du matin.

Le lendemain, la veille de Noël, nous décidons d’arpenter le centre historique à pied. La foule est impressionnante, surtout à l’entrée des églises, les plus pieux se mélangeant aux plus opportunistes, les premiers avec leurs poupons-Jésus à faire bénir et les seconds profitant de la foule pour vendre quelques fruits ou quelques tranches de lard. L’effervescence du centre-ville se mesure aux déchets qui jonchent le sol et aux mauvaises odeurs qui traînent dans l’air. La balade n’en demeure pas moins agréable, et nous prenons plaisir à fatiguer nos pieds dans les pentes ardues et les escaliers cachés de la ville.

Le 25 décembre, nous partons visiter le petit musée qui m’avait tant plu : Inti-Ñan, à la « Mitad del Mundo » (la moitié du monde). Nous prenons le bus dans un terminal à l’activité effroyable, et au bout d’une heure nous arrivons sur l’Équateur. Thomas et moi observons une nouvelle fois les expériences proposées par les guides du musée, avec un doute quant à l’authenticité des résultats, mais il fait beau, et la visite est agréable. Mention spéciale au jeune guide qui s’est proposé de parler français pour nous.

Le lendemain nous décidons de louer notre voiture plus tôt que prévu, afin d’aller à Otavalo, la ville des artisans. Malgré notre réservation, ce fut tout un imbroglio à l’agence de location (mais bon, nous sommes en Équateur) et de fil en aiguille nous avons renoncé à un gros pick-up sans coffre pour une minuscule Chevrolet rouge pétant. Nous voilà partis à 40km/h dans les côtes, filant vers des nuages gris qui ne présagent rien de bon. Nous faisons halte près d’un lac brumeux avant d’atteindre le centre d’Otavalo et sa « Plaza de los ponchos ».

Je n’ai pris de photos de la Place des Ponchos, la pluie battante ayant poussé les marchands à recouvrir leurs étals de plastique pour protéger leurs lainages. Evelyne a acheté plein de beaux cadeaux pour la famille, et j’ai pratiqué ma capacité à négocier. J’ai ensuite amené notre petit groupe dans un magasin de travaux manuels et j’ai dévalisé les perles (je fais plein de bijoux, c’est mon nouveau hobby).

Le lendemain, nous consacrons la matinée à marcher à 4000 mètres d’altitude sur le volcan Pichincha, après une ascension en téléphérique depuis Quito. Thomas et moi étions déjà venus ici avec mon père l’année dernière, mais l’altitude m’ayant coupé le souffle je n’avais pas réussi à marcher plus de quinze minutes. Cette fois-ci, nous avons suivi le chemin pendant deux heures, en profitant des vues sur la montagne et sur la ville en contrebas. Nous avons fait une pause « fromage » (merci à Evelyne et Laurent !) avant de redescendre rejoindre la voiture pour de nouvelles aventures.

QUILOTOA

Nous quittons Quito à bord de notre petite Chevrolet, tellement petite qu’Evelyne et Laurent peuvent à peine bouger entre les bagages calés sur les sièges. Je fais la copilote avec le GPS, et parviens à nous sortir tant bien que mal du labyrinthe quasi infini de Quito. Nous nous dirigeons vers le versant ouest des Andes, où le mauvais temps a malheureusement décidé de nous suivre. L’hôtel que nous avons choisi, dans le village d’Isinlivi, se situe au bout d’une longue piste caillouteuse sinuant entre les montagnes, et nous prions chaque seconde que la Chevrolet et Thomas tiennent le coup. Les quelques locaux que nous croisons nous sourient chaleureusement, peu perturbés par la pluie battante et la nuit qui tombe. La boue qui éclabousse le rouge de notre carrosserie est instantanément rincée. Après deux heures de peine à 15km/h en moyenne, nous arrivons dans un charmant hôtel, où la chaleur du repas et de nos hôtes nous aide à bien dormir.

Nous découvrons le lendemain, à la lumière claire d’un ciel dégagé, un paysage magnifique de verdure et de plis montagneux, qui me fait penser à Vilcabamba.

L’autre surprise matinale

C’est une bonne journée pour partir découvrir le Quilotoa, ce cratère célèbre pour le bleu pur de son lac. Nous quittons à regret notre hôtel, et nous engageons en voiture sur une nouvelle piste caillouteuse. Une dernière épreuve s’impose avant de rejoindre la route goudronnée : pousser la voiture qui n’a pas eu la force d’aller jusqu’au bout d’une dernière côte. Deux heures plus tard, nous arrivons au superbe cratère, et commençons à en faire le tour par le chemin de randonnée prévu à cet effet.

Le cratère est comme je me l’imaginais : à couper le souffle. Il dégage une impression de tranquillité qui force le respect. Sa surface est impeccablement lisse, et sa couleur bleue uniquement perturbée par les reflets des nuages qui passent dans le ciel. Ces nuages, rassurants au début, finissent tout de même par nous inquiéter. Et pour cause : au bout de deux bonnes heures, nous sommes obligés de capituler face au brouillard qui nous coupe toute visibilité. Nous rebroussons chemin après un rapide pique-nique face au cratère pour en admirer les dernières portions visibles.

La pluie nous rince doucement sur le chemin du retour, et les nuages ont envahi chaque recoin du cratère et du chemin. Bref, la progression est difficile (en tout cas pour moi !), mais nous repartons l’esprit tranquille : nous avons vu le Quilotoa, ce qui n’était pas certain compte tenu de la météo des derniers jours.

Après un petit réconfort à base de thé de coca et de canelazo, nous reprenons la route à bord de notre chère Chevrolet. Cap au Sud-Est, direction Baños !

BAÑOS

Si vous n’avez pas oublié mon article sur Baños, vous vous rappelez que j’avais beaucoup aimé cette ville. Enfin, pas la ville en soi, mais son environnement, entre les Andes et l’Amazonie. Nous avons donc emmené Evelyne et Laurent sur nos pas, avec une balade à vélo pour faire la route des cascades, une randonnée dans la nature, et un passage obligé par les eaux thermales.

Evelyne en plein échange culturel

J’apprécie vraiment la végétation et le climat de Baños. Les arbres luxuriants nous donnent une impression de jungle en pleine montagne, et l’omniprésence de l’eau et des cascades enrichit cette nature déjà généreuse.

Était-ce un clin d’œil rien que pour nous ? La veille de notre départ de Baños, et seulement ce jour-là, nous avons pu admirer le volcan Tunguhara, qui était couvert de nuages les autres jours. Lorsque Thomas et moi nous y étions la dernière fois, c’est également le dernier jour que le volcan a daigné se montrer.

CUENCA

Nous quittons Baños le 31 décembre. Mauvaise idée, car les Équatoriens ont pour tradition de bloquer les routes ce jour-là, avec des cordes ou des systèmes de bâtons à levier, pour demander un peu d’argent aux automobilistes qui passent. Cet argent leur servira à faire la fête le soir même. En réalité, la fête a déjà un peu commencé pour eux quand ils se mettent à bloquer les routes : les hommes sont déguisés en femmes, coiffés de perruques aux couleurs irritantes, et ils s’adressent aux automobilistes avec une voix suraiguë en tenant un bébé de plastique dans leurs bras. Jusqu’à ce jour, je n’ai toujours pas compris exactement le pourquoi du comment. En tout cas, nous avons dû affronter pas moins de vingt péages festifs, et nous y avons laissé toute notre monnaie.

À Cuenca nous avons fait découvrir à Evelyne et Laurent l’essentiel : le centre-ville, les meilleurs restaurants, l’Alliance Française, les chapeaux, la cathédrale aux  dômes bleus, le marché, et bien entendu le parc national Cajas.

 

Nous avons dit au revoir à Evelyne et Laurent le samedi 6 janvier, les laissant affronter le bus équatorien jusqu’à Guayaquil. Leur visite nous a fait très plaisir, et on espère qu’il garderont longtemps des bons souvenirs de l’Équateur 🙂

J’ai été ravie de revoir des lieux que je connaissais déjà et qui m’avaient marquée, et d’en découvrir d’autres qui me tenaient à cœur. Quand je regarde les photos, je me rends compte que l’Équateur a tout de même beaucoup de choses à offrir pour un petit pays. C’est donc avec plaisir que nous restons ici une année supplémentaire, et que nous accueillerons à bras ouverts les prochains qui souhaiteront nous rendre visite !

3 commentaires sur La traversée des Andes

  1. J’ai laissé une partie de mon âme en Equateur. J’ai le coeur et la tête (ne pas confondre!) remplis de merveilleux souvenirs.
    Par modestie, tu ne précises pas, que tu es une copilote hyper calée, capable de guider Thomas avec 2 navigateurs GPS complémentaires, un dans chaque main, en plein coeur de Quito, au milieu d’une circulation dense et « imprévisible ». Tu ne racontes pas que vous êtes devenus « sportifs »; ainsi, malgré ta roue de VTT désaxée, tu filais loin devant, la « soquette légère », à peine essoufflée…
    Au milieu des campagnes les plus reculées, quand la piste paraissait improbable et que même le GPS ne localisait plus, Thomas n’hésitait pas à demander son chemin, bravant les chiens errants qui accouraient autour de lui.
    En plein coeur de Quito, pour voyager en bus, vous compreniez « l’oralité » d’usage: pas de panneaux indicateurs des stations (encore moins d’horaires)…il faut entendre le message de celui qui passe sa tête par la porte du bus et qui crie la destination….
    Vous vous adaptez remarquablement bien partout….
    Comme tu m’as dit Maureen: « C’est ça qui est intéressant! »
    CQFD

  2. Que de souvenirs qui remontent à la surface… Je suis contente de voir que le séjour a été apprécié par les « vacanciers », car c’est vraiment magnifique ! Et je comprends tout à fait que vous, Maureen et Thomas, vous vous y plaisiez, surtout à Cuenca ! Bravo pour les photos, en tout cas vous avez tous bonne mine !

  3. C’est cool, les Panama, hein ?! On s’y fait bien, hein ?!
    La photo de toi, toute bronzée, est ultra sublime, me donnant envie d’en faire un poster, carrément ! *Oui, fan de toi !*
    Toutes ces photos sont belles, même quand c’est brumeux ou nuageux, pfhhh vous êtiez dans un petit paradis de nature ! La ville est belle aussi, on se régale à vous voir vous éclater et on sent que les retrouvailles familiales furent heureuses ! (Courageuse, notre Suzane !!!).

    Je comprends ton bonheur à revisiter tout ce coin là ! Bises…

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