Macao 澳门

Quand je suis allée à Singapour en 2014, j’avais certains stéréotypes en tête en entrant dans l’île-pays, persuadée que je n’allais pas aimer ce lieu qui me paraissait superficiel, uniquement tourné vers la finance et la consommation. Mais contre toute attente, j’ai adoré mon séjour là-bas, parce que j’y ai découvert de nombreux lieux attachants et des quartiers aux atmosphères différentes. De la même manière, pour moi Macao n’avait rien d’intéressant en soi : sa réputation d’île dédiée aux casinos (interdits en Chine continentale) et de paradis fiscal n’attirent pas à première vue. Et pourtant, j’ai été agréablement surprise de constater que cette ville avait beaucoup de choses à offrir.

Gongbei : la frontière pour aller à Macao, vue du côté chinois

Mais alors Macao, c’est la Chine ou pas ? Oui : selon le gouvernement, il s’agit seulement d’une zone économique spéciale à l’administration quasi autonome. Cependant, dans les faits, la différence est marquée : on passe une frontière des deux côtés, notre passeport est tamponné avec une sortie de territoire, on change de monnaie (le yuan n’est plus utilisé, on passe au Pataka, ou MOP), les voitures et bus ne peuvent pas traverser sauf autorisation très spéciale, on roule à gauche, etc. Pour s’y rendre depuis chez nous, Thomas et moi sommes d’abord allés à vélo jusqu’à l’université, d’où nous avons pris un bus de la ville. Une bonne heure de trajet plus tard, nous sommes arrivés à Gongbei, le « port-frontière » avec Macao. Là-bas il faut faire la queue pour passer l’immigration chinoise (sortie de territoire). Il faut ensuite marcher jusqu’à l’entrée du territoire macanais, et attendre de nouveau à l’immigration pour avoir l’autorisation d’entrer. Il y a vraiment du monde à cette frontière, j’imagine que certaines personnes doivent y passer tous les jours.

Une fois de l’autre côté, sur le territoire de Macao, nous avions un objectif précis (vous le devinez) : un restaurant. Plus précisément, un restaurant italien, situé en bas de la péninsule principale. Nous avons donc trouvé un bus local que nous avons pu payer grâce aux MOP restants de Thomas (qui y était déjà allé il y a deux semaines pour faire passer un examen de français). Les quartiers changent : par la fenêtre du bus on contemple d’abord l’agitation frénétique d’un quartier populaire, où les passants et les marchands jouent des coudes dans des rues étroites. Le paysage urbain se transforme radicalement au bout d’une dizaine de minutes : nous voici dans le Macao moderne, au milieu des hôtels de luxe et des casinos clinquants, où des centaines de touristes se partagent tant bien que mal les trottoirs. Nous terminons dans un quartier aux avenues très larges et très ouvertes, avec des promenades bordées de verdure. C’est là que nous dégustons deux excellentes pizzas.

Après le repas, on se promène : nous nous dirigeons vers le Fortalezo do Monte, le Fort du Mont. J’en profite pour préciser que, puisque Macao est une ancienne colonie portugaise, deux langues sont omniprésentes dans l’île : le portugais et le cantonais. Ça repose nos yeux, fatigués du déchiffrage des caractères, et certaines sonorités latines similaires à l’espagnol nous replongent brièvement dans nos souvenirs équatoriens. Pour rejoindre le fort, nous passons d’abord par un square bondé de touristes : il s’agit de l’une des places les plus anciennes de Macao, mais restaurée à la chinoise (c’est-à-dire avec des couleurs criardes et une finition digne d’un bon plastique). On en profite pour traverser le parcours du Grand Prix, qui avait lieu ce jour-là à Macao. On passe sans regarder : les policiers sont là pour veiller à ce que personne ne s’attarde à observer illégalement la course.

Sur notre itinéraire, les rues parsemées de magasins laissent progressivement place à des ruelles escarpées, aux bâtiments plus anciens, plus abîmés mais plus authentiques. On dirait l’heure de la sieste : une atmosphère tranquille s’en dégage, les ombres des édifices offrent un abri bienveillant. Les panneaux bilingues et l’architecture de certains bâtiments nous rappellent le passé colonial de la ville, bien ancré dans ces quartiers plus anciens où règne un parfum d’authenticité. Une fois arrivé à la forteresse, bien conservée et restaurée, on peut observer toute la ville. Nous profitons de la vue, contemplant avec sérénité cet enchevêtrement de tours qui dissimulent des petits trésors. De l’autre côté du bras de mer, Zhuhai me fait de la peine avec ses tours grises et froides.

Nous rejoignons le temple de A-Ma que j’avais repéré sur la carte en passant par des avenues plus bruyantes, dans lesquelles il est possible de tomber sur un MacDo au beau milieu de pharmacies et de quincailleries. Finalement, une fois arrivés au bout de l’avenue, c’est la déconvenue : le temple est fermé. Tant pis, on y retournera le lendemain ! On profite de la proximité d’un terminal de bus pour monter à bord de celui qui nous fera traverser le pont pour nous emmener sur l’île où se situe notre hôtel : Taipa.

Le lendemain, nous visitons les « Taipa houses », des petites maisons coloniales situées à l’écart de l’agitation, dans un endroit bien préservé du temps où peu de touristes viennent mettre les pieds. Nous en profitons pour nous promener un peu dans les rues de cette île, à l’ambiance moins citadine mais au charme attachant. Thomas et moi reprenons ensuite le bus pour retourner sur la péninsule de Macao. Au terme d’un trajet vertigineux qui nous fait passer par des collines escarpées et par le pont que nous avons pris de nuit la veille, nous arrivons au temple A-Ma. Les touristes sont déjà nombreux, et pour cause : le lieu est magnifique, avec ses petits chemins creusés dans la roche, et ses effigies religieuses dispersées aux quatre coins, le tout ponctué d’inscriptions rouges qui ressortent sur les pierres vieillies par le temps. L’encens brûle, certains Chinois viennent prier leur divinité. Taoïstes ou bouddhistes, tout le monde est le bienvenu : un panneau indique où nous diriger selon nos préférences religieuses.

Après ce temple, nous décidons de faire une grande promenade pour atteindre un restaurant indien que j’ai repéré sur une appli chinoise. Nous choisissons l’itinéraire historique, en passant par des rues emblématiques de l’histoire coloniale. C’est un véritable plaisir de s’y balader, et c’est également un parcours bien documenté : des panneaux des l’UNESCO informent les voyageurs au cours de la balade au sujet de certains bâtiments et lieux emblématique de l’ancienne colonie portugaise. Après trois bons quarts d’heure de marche, nous débouchons sur une grande artère commerciale fréquentée, avant de passer ensuite dans un quartier résidentiel plus moderne. Le GPS m’indique que le restaurant est dans 50 mètres… Échec. Nous arrivons devant des travaux, sûrement les vestiges d’un ancien centre commercial où devait se situer notre restaurant. Tant pis ! Nous marchons encore un peu dans ce qui est devenu un quartier industriel et tombons sur un petit restaurant populaire, où nous dégustons un curry chinois en suivant les suggestions de la gentille serveuse.

Direction la frontière pour le retour ! Nous atteignons à pied la porte Macao-Zhuhai, et repassons les étapes de l’immigration en sens inverse. C’était bien chouette, ce petit séjour à Macao. Je suis vraiment heureuse de visiter des endroits comme ça, qui me stimulent et me permettent de découvrir plein de choses simplement en marchant. Jetez un œil au reste des photos !

Un commentaire sur “Macao 澳门

  1. Je me réjouis que ta cheville soit consolidée!
    Les cartes au début sont très utiles: merci de ce souci d’expliquer et situer ces lieux que je connais à peine de nom. Ta présentation est très intéressante.
    Tu nous emmènes dans tes endroits aux ambiances si différentes avec des photos magnifiques! Le panorama depuis le fort (?) est très réussi. Je partage ta joie de ces découvertes.

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